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La Une CED

Le Jardin de derrière (8) - Où les enfants arrivent à la maison

Ecrit par Ivanne Rialland , le Samedi, 24 Janvier 2015. , dans La Une CED, Ecriture, Ecrits suivis

 

À 10 heures, Georges prit la voiture pour aller chercher Pierre et Louise à la gare. Ils passaient tous deux par ce qu’avec leur mère Georges appelait une crise d’adolescence raisonnable. Louise, à 13 ans, ne se séparait pas depuis le mois d’avril de ses lunettes de soleil à gros verres de mouche qui, posées sur sa tête, retenaient en arrière ses cheveux châtains égayés d’une mèche bleue. Elle portait ce jour-là un débardeur gris laissant apparaître les bretelles de son soutien-gorge fluo. Son slim bleu foncé accentuait la rondeur de ses cuisses dont son frère adorait se moquer. Elle arborait des converses beiges signées au marqueur par ses copines, qui lui faisaient les pieds légèrement en canard. On l’entendait venir de loin grâce à la quincaillerie qu’elle portait au cou et aux poignets. Son frère, la mèche longue, devant l’œil, affectait le style rocker, tee-shirt déchiré, troué çà et là de façon suspecte, décoré à la bombe d’un grand A, jean usé flottant aux hanches, heureusement retenu par une ceinture de cuir. Il portait au doigt une grosse bague en argent terni, et aux pieds des converses noires flambant neuves qui accentuaient l’allongement démesuré de ses pieds.

Japonismes, Collectif sous la direction d’Olivier Gabert

Ecrit par Marc Michiels (Le Mot et la Chose) , le Vendredi, 23 Janvier 2015. , dans La Une CED, Les Chroniques, Chroniques régulières, Côté Arts

Japonismes, Collectif sous la direction d’Olivier Gabert, Flammarion, Décembre 2014, 240 pages, 55 €

« Le japonisme est en train de révolutionner l’optique des peuples occidentaux »,

Edmond et Jules de Goncourt. Journal. Mémoires de la vie littéraire, tome II (1866-1886), Paris, Robert Laffont, 1989

 

C’est au cœur de trois collections muséales françaises (le musée d’Orsay, le musée Guimet et le musée des Arts décoratifs) que l’ouvrage Japonismes et les éditions Flammarion ont puisé aux sources des différents courants d’art du Japon. Ainsi, le livre se déroule selon un fil chronologique. Non pas pour établir des classements thématiques, mais pour mettre en évidence le long continuum des expressions diverses, par des instants fragmentés, donnant une « photographie » d’ensemble de ce qu’a été l’assimilation par les différentes pratiques artistiques occidentales, pour en révéler les intentions majeures d’aspiration à la beauté, à la nouveauté, à la liberté : un éventail de tous les sens du japonisme qui se déploie sous nos yeux, comme un paravent de nos fantasmes, une soierie de nos désirs, flottant sur les corps de nos contradictions !

Exercice de littérodicée

Ecrit par Sylvain Gau-Gervais , le Jeudi, 22 Janvier 2015. , dans La Une CED, Ecriture, Création poétique

 

 

 

Littérodicée,

aporie surannée

qui a de l’avenir (dans le retournement :

Parousie des Vermillons Martyrs Flambloyants ?) :

toujours triompheront, multifides, les porcs…

las ! leur ordure est pour la plupart inodore !

– qui mènent en troupeau à la glandée leurs gens –

dont le Brelan cré de Terribles Blattes sort

du Cré Bide.

Legs de l’insuffisant

Ecrit par Clément G. Second , le Jeudi, 22 Janvier 2015. , dans La Une CED, Ecriture, Création poétique

 

 

 

 

 

Si mal se souvenir – c’est dire qu’on y pense

aux ancêtres enfouis nouveau-renés de soi

Il y a tant d’espace entre des bras ballants

tant de démolitions sans traces de parages

et de matins giflés d’un revers de lumière

tant de fois qu’à la longue un héritier les sent

remuer comme en lui qui les croyait de cendre

Etre (Charlie) ou ne pas (l’)être ?

Ecrit par Kamel Daoud , le Mercredi, 21 Janvier 2015. , dans La Une CED, Les Chroniques, Chroniques régulières, Côté actualité

Etre Charlie ou ne pas l’être. C’est la question. Elle fracture désormais Nord/sud, Algérie/France, Occident/Couchant, morts et vifs, compassion et banalisation. Topographie du cas algérien : l’être ou ne pas l’être ? C’est selon, quand on lit, écoute, voit ou discute. Etre Charlie s’appuie sur la compassion et le choc : on ne tue pas des dessinateurs au nom de Dieu ou de son Prophète. La vie est donnée par ce Dieu, elle ne peut être ôtée que par lui, selon les tablettes anciennes.

Etre Charlie c’est être avec la vie, la liberté, l’humanité et la raison. Tu dessineras, mais tu ne tueras point. On a déjà vécu cela chez nous, en nous, avec nous-mêmes. Il ne s’agit pas de Français ou d’autres mais de la vie qui n’a pas de nationalité, seulement un droit et une flamme et une couronne. Beaucoup d’Algériens l’ont vécu ainsi. Ils sont Charlie parce que Charlie est aussi la vie.

Et « je ne suis pas Charlie » ? A cause des malentendus, de la haine en soi, ou de l’aigreur ou de la colère ou du manque de conscience ou de l’abus de différences. Les deux premières raisons sont sales, on ne va pas en parler. Reste la troisième : des Algériens ont sorti par exemple des arguments légers : nous avions été seuls à l’époque de notre guerre. Faux : les journalistes du monde se sont solidarisés avec les journalistes algériens à cette époque. Il ne faut pas mentir, ni confondre Mitterrand avec les solidarités du monde.