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La Une CED

Le Jardin de derrière (6) - Où Georges passe un coup de fil

Ecrit par Ivanne Rialland , le Vendredi, 09 Janvier 2015. , dans La Une CED, Ecriture, Ecrits suivis

 

Une demi-heure plus tard, les mollets râpés par la pierre et le nez rouge vif, il se leva pour regagner l’intérieur, dont la fraîcheur soudaine, poignante, le saisit et le secoua d’un tremblement brutal. Le bas de son pantalon retomba sur ses chevilles. Il considéra la cuisine, un moment songeur, mit des bâches sur le sol et gratta la peinture avec application. Au milieu de l’après-midi, il passa au couloir, puis s’interrompit brusquement pour se lancer dans un grand ménage, traînant un sac poubelle à sa suite. Il ouvrit tous les meubles laissés par l’ancien propriétaire, inspecta les placards, fouilla les tiroirs du vaisselier et de l’armoire à glace, inspecta le vieux sofa. La récolte fut maigre : un magazine oublié par sa femme ou sa fille, un jeu de cartes, des enveloppes jaunies mais vierges, un sachet de lavande tombée en poussière. Dans le sofa, sous les coussins, enfoncé profondément entre l’accoudoir de gauche et le dossier, il trouva finalement un soldat de plomb. La découverte lui parut prometteuse. Il regarda la peinture écaillée de la figurine, les minuscules giclures autour des détails les plus fins. Le soldat avait été peint à la main, par un enfant probablement, un débutant en tout cas. Il le retourna en tous sens, cherchant une marque, une trace, il ne savait quoi.

Ekphrasis 11 - Echofenster ou Les filles aux longues tresses

Ecrit par Marie du Crest , le Mercredi, 07 Janvier 2015. , dans La Une CED, Les Chroniques, Chroniques régulières

 

Echofenster ou Les filles aux longues tresses, Œuvres sur papier de Cornelia Schleime (1988-2014)

 

Cornelia Schleime tresse les cheveux de jeunes filles graciles, de filles de papier, d’encre de Chine et d’aquarelle, qui se tournent avec indifférence, vers nous, au centre de la surface blanche, toujours désespérément seules. Les tresses sont parfois les tentacules d’une Méduse germanique, profane, surgissant de son crâne, que nous n’aurions pas peur de regarder en face. Echofenster moins terrifiante que la Gorgone du Caravaggio. Elles virevoltent dans l’air comme si un vent maléfique, inconnu des géographes, les soulevait et elles s’accrochent enfin à la masse incertaine d’un rocher qui, en quelque sorte, est un prolongement minéral de la jeune créature. Les nattes sont parfois tracées dans la souplesse du mouvement, dans le prolongement incertain qu’elles dessinent des bras.

Merci et Meilleurs voeux !

Ecrit par Kamel Daoud , le Lundi, 05 Janvier 2015. , dans La Une CED, Les Chroniques, Chroniques régulières

 

Des remerciements suffiront-ils jamais ? J’ai une dette très grande aujourd’hui. Envers ceux qui ont placé de l’espoir en moi, qui m’ont soutenu face à de détestables adversités, qui se sont rassemblés dans des villes algériennes, qui ont écrit, plaidé, expliqué, défendu, protesté et réclamé la justice. Non pas que ma personne soit importante ou que je sois symbole ou leader ou figure, mais parce qu’il ne s’agissait pas de moi. Mais de nous tous, des autres, de nos enfants à venir.

Quel pays voulons-nous ? Voulons-nous un pays ?

Quand un homme appelle à la mort d’un Algérien sous prétexte d’un dogme mal compris, d’une religion prise en otage ou de Dieu, et que cela soit suivi de silence, soit qualifié de « simple préjudice », ou banalisé comme un fait divers, c’est qu’il y a un choix dangereux. On choisit alors, sans le vouloir ou parce qu’on ne l’a pas défendu, un pays, une démocratie, une république ; ou bien un califat, un émirat.

D’une guerre l’autre par Michel Host

Ecrit par Michel Host , le Samedi, 20 Décembre 2014. , dans La Une CED, Les Chroniques, Chroniques régulières

 

 

Un jour de guerre vu des étoiles (récit), Ramón del Valle-Inclán, Gallimard Folio-Bilingue (n°186), février 2014, traduit de l’espagnol et annoté par François Géal et son atelier de traduction de l’É.N.S. (1), 216 pages (Illustr. couleur), 11,70 €

Les couleurs de la musique, D’une guerre à l’autre au temps du cinéma muet (récit) Anne Lauwers, L’Harmattan-Belgique (Illustr. de couverture Nell Boulet), avril 2014, 148 pages, 14 €

 

Un jour de guerre vu des étoiles, de Ramón del Valle-Inclán

 

« – Saleté de temps et saleté de guerre ! Quand donc cela finira-t-il ! – Ça n’en finira jamais ! », Ramón del Valle-Inclán

50 nuances de haine par Kamel Daoud

Ecrit par Kamel Daoud , le Jeudi, 18 Décembre 2014. , dans La Une CED, Les Chroniques, Chroniques régulières, Côté actualité

 

 

Notre ami Kamel DAOUD est visé par une Fatwa majeure, le menaçant de mort, par une mouvance salafiste algérienne. Nous exprimons ici notre indignation totale et nous demandons aux autorités algériennes de prendre toutes les mesures nécessaires pour assurer la sécurité de Kamel.

 

Question fascinante : d’où vient que certains se sentent menacés dans leur identité, dans leur conviction religieuse, dans leur conception de l’histoire et dans leur mémoire dès que quelqu’un pense autrement qu’eux ? La peur d’être dans l’erreur les poussant donc à imposer l’unanimité et combattre la différence ? De la fragilité des convictions intimes ? De la haine de soi qui passe par la haine de l’Autre ? De toute une histoire d’échecs, de frustrations, d’amour sans issue ? De la chute de Grenade ? De la colonisation ? Labyrinthe.