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La Une CED

Le Voltaire algérien est né !

Ecrit par Amin Zaoui , le Mardi, 20 Janvier 2015. , dans La Une CED, Les Chroniques, Chroniques régulières

 

Même un  peu tard, je vous souhaite : une bonne nouvelle année 2015. Elle ne sera  que ce que nous ferons d’elle, ce que vous ferez d’elle !

À mon avis, tout ce que les intellectuels  de ce pays ont pu réaliser durant cette année 2014, en 365 jours, en 365 nuits, c’est la création de ce Club d’intellectuels appelé « Carrefour des lumières » (Moultaqa al Anouar) initié et dirigé par le chercheur Saïd Djabelkhir.  Un cercle des lumières dans un espace d’obscurité intellectuelle.

Quand, dans un pays musulman, dans un pays africain, un club des lumières voit le jour, ceci dit que nous sommes en bonne santé intellectuelle. Et le Voltaire algérien est né !

Dans ce Maghreb intellectuellement affaibli par la politisation de la religion, par l’instrumentalisation de la religion, on a besoin d’un Voltaire, d’un Rousseau, d’un Ibn Ruchd, d’un El Maâri … on a besoin  d’une tête pensante et courageuse capable de délibérer et de bousculer notre société intellectuelle devenue  trop bavarde, trop hivernale, trop hypocrite.

La Donation du monde, Christian Doumet

Ecrit par Didier Ayres , le Mardi, 20 Janvier 2015. , dans La Une CED, Les Chroniques

 

La Donation du monde, Christian Doumet, éd. Obsidiane, mai 2014, 64 pages, 14 €

 

Le récit d’un fruit à graines

Déjà, avec le premier « tiens » du livre, on se sent convié, concerné et pris, pris pratiquement dans une espèce d’ontologie de la grenade, le fruit à graines, en une sorte de voyage, de récit narcissique et personnel. Ce qui veut tout de suite dire que l’on suit le destin de la grenade depuis son rouge naturel vers le noir, qualité propre à ce fruit, qui conserve bien armée une quantité de petits grains, à la fois solide et en contact avec l’amertume de la peau – qu’elle soit rouge ou noire. Ce qui veut dire encore une fois que le lecteur que je fus se faisait le témoin d’une aventure de langage, parcours presque charnel que m’a fait fréquenter le poème. Lors si Bei – personnage principal – est pour cela présente derrière la grenade en question, si Bei donc se déplace, elle fait glisser à elle Shanghai jusqu’en la rue Mouffetard. Bei incarne désormais une sorte de route vers un principe poétique.

Notes de chevet, Sei Shōnagon

Ecrit par Marc Michiels (Le Mot et la Chose) , le Samedi, 17 Janvier 2015. , dans La Une CED, Les Chroniques, Côté Arts

Notes de chevet, Sei Shōnagon, illustrées par Hokusai, éd. Citadelles & Mazenod, coll. Littérature illustrée, 300 ill. couleur, reliure japonaise, sous coffret, octobre 2014, 352 pages, 179 €

« Un bateau dont la voile est hissée.

L’âge des gens.

Le printemps, l’été, l’automne et l’hiver ».

Note 132 : Choses qui ne font que passer, in. Notes de chevet, de Sei Shōnagon

Nées en 1936, les éditions Mazenod ont développé pendant une vingtaine d’années une exceptionnelle collection monographique, « La Galerie des hommes célèbres », dirigée par des hommes comme Raymond Queneau, Maurice Merleau-Ponty. En 1984, François de Waresquiel fait suite à Lucien Mazenod à la tête des éditions, rebaptisées quelques années plus tard Citadelles & Mazenod. La maison compte aujourd’hui une douzaine de collections, parmi lesquelles Les Phares, Livres exceptionnels, L’art et les grandes civilisations, Art et Nature… Il faut rendre hommage à la vision du monde et des arts des éditions Citadelles & Mazenod, qui témoigne d’un souci continu de qualité et d’exigence. A ce titre, voici encore un magnifique titre, paru dans la collection « Littérature illustrée », les Notes de chevet, relié à la japonaise, appelé aussi Ito Kagari Toji au Japon.

Retour à Venise, Angelica Liddell, Théâtre de l’Odéon Paris

Ecrit par Marie du Crest , le Samedi, 17 Janvier 2015. , dans La Une CED, Les Chroniques

 

You are my destiny (Lo stupro di Lucrezia), texte et mise en scène d’Angelica Liddell

 

Je n’avais pas lu délibérément le texte d’A. Liddell, paru dans sa traduction française tout récemment aux Solitaires Intempestifs. Je voulais voir et entendre simplement, totalement le théâtre d’autant que la coproduction du spectacle proposait une version sous-titrée en espagnol et italien. Lire faisait partie de la scénographie : les deux écrans digitaux redoubleraient la parole de l’auteure /Lucrèce.

Angelica Liddell (en charge des costumes et de la scénographie) aime par dessus tout la peinture : elle se souviendrait des tableaux de la Renaissance italienne et du décor vénitien de la place St-Marc avec la façade factice du palais des doges. Etrange expérience de cet immense plateau, devenant lieu de la rage dionysiaque de Liddell. Ecraser les grappes de raisin serait l’acte cérémoniel par excellence. Posés au sol tout d’abord et ensuite vers la fin du spectacle, piétinés presque au ralenti, les raisins diront l’antique fondation du théâtre.

Le Jardin de derrière (7) - Où l’Association prend de l’importance. Les tunnels aussi

Ecrit par Ivanne Rialland , le Mercredi, 14 Janvier 2015. , dans La Une CED, Ecriture, Ecrits suivis

 

Le mercredi matin, Georges fit un saut chez le notaire à L’Isle-sur-Serein. L’ancien propriétaire l’avait déjà appelé, visiblement inquiété par son coup de fil. Le notaire était assez jeune et ne savait rien de cette histoire de buses. Il se demandait mollement si cela pouvait être considéré comme un vice caché, mais Georges le rassura : les buses, la salle de bain, tout lui allait très bien. Il ne demandait rien, n’attendait rien. Il avait juste trouvé cela curieux.

– En tout cas, maintenant, ce sont vos buses, avait conclu le notaire en le raccompagnant à la porte. Georges en éprouva une étrange allégresse.

Kevin et Julien arrivèrent avec la camionnette à 14 heures très précises, une fille avec eux, un peu plus jeune, l’air timide. Georges les envoya au grenier où il avait trié la veille ce qu’il voulait jeter et ce qui pouvait encore resservir. Les jeunes, en passant, lançaient des regards curieux sur le séjour, la cuisine, les travaux en cours. Refusant l’aide de Georges, ils gravissaient puis dévalaient d’un pas léger l’escalier de devant et l’échelle menant au grenier, chargés de vieux cartons, d’une chaise cassée, portant à deux une malle au fond rongé par la rouille.