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La Une CED

Le Jardin de derrière (9) - Où il est question de travaux et de grille-pain

Ecrit par Ivanne Rialland , le Jeudi, 29 Janvier 2015. , dans La Une CED, Ecriture, Ecrits suivis

 

Le lendemain, en milieu de matinée, Georges et Pierre se rendirent au Bricorama de la ZAC. Louise avait préféré rester, de crainte de porter quoi que ce soit, et aussi à l’idée du temps à passer au rayon « Matériaux d’isolation » ou autres du même genre. Elle avait fait promettre à son père de lui envoyer une photo de la couleur choisie pour sa chambre sur son téléphone portable et d’attendre son feu vert. Pierre avait été chargé du choix du grille-pain.

Pierre, à l’apparition des premiers entrepôts, des premiers parkings en bordure de champs, se récria sur la laideur de ce paysage dont Georges commençait à aimer la banale absurdité. En guettant les panneaux aux ronds-points, il saisissait du coin de l’œil ces bleus francs, ces rouges et ces jaunes pétants qui se détachaient sur le bleu un peu pâle du ciel tandis que son fils réclamait une pizza pour le déjeuner, en arguant que chez Pizza Hutt, en ce moment c’était deux pour le prix d’une.

Néo-Koreish : Mohammed sera tué au nom de Mohammed

Ecrit par Kamel Daoud , le Mercredi, 28 Janvier 2015. , dans La Une CED, Les Chroniques, Chroniques régulières, Côté actualité

 

Ciel froid, boursouflé, chargé de pluies à venir. Gris comme une mauvaise humeur. Derrière la vitre, le monde, ses miniatures, ses routes, une voiture qui rampe le long de l’avant-bras de l’horizon. Les arbres sont tenaces et vieillis, leur verdure ressemble à un bagage oublié en cette saison.

Des habits d’autres temps, juchés sur les portemanteaux des branches mortes. Les oiseaux ne sont plus que des points noirs qui errent. Il n’y a presque plus de noms pour beaucoup de choses. Juste des traces, de la nudité gelée. La terre est un trait. Par-dessus le ciel, en trait ferme. Le Yi-king version météo. La création est un hexagramme géant.

La question est suspendue sur ma tête comme un lustre dans une mosquée vide : faut-il encore continuer à écrire ? La technique du petit garçon aux allumettes est peut-être une illusion quand le monde est une coupure d’électricité volontaire. Le monde va mal. Dévissé. Branlant comme une porte rouillée entre un Dieu silencieux et un homme qui prie dans la mauvaise direction. Entre deux époques.

Kennst du das Land wo die Kanonen blühn ? (traduction) Erich Kästner

Ecrit par Line Audin , le Mardi, 27 Janvier 2015. , dans La Une CED, Les Dossiers, Documents

 

 

 

Kennst Du das Land, wo die Kanonen blühn ?

Du kennst es nicht ? Du wirst es kennenlernen !

Dort stehn die Prokuristen stolz und kühn

in den Büros, als wären es Kasernen.

 

Dort wachsen unterm Schlips Gefreitenknöpfe.

Und unsichtbare Helme trägt man dort.

Gesichter hat man dort, doch keine Köpfe.

Und wer zu Bett geht, pflanzt sich auch schon fort !

Jusqu’à son vol d’oiseau b

Ecrit par Matthieu Gosztola , le Mardi, 27 Janvier 2015. , dans La Une CED, Ecriture, Création poétique

 

 

 

C’est un opéra (Lulu de Berg)*

Et pourtant le silence

À la fin de l’acte I

 

Et pourtant s’affirme

Dans l’absolu perturbé

Du silence

La douce et inquiète et débordée

Nudité du geste

Photos-impressions, Daniel Grojnowski, éd. Obsidiane

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 26 Janvier 2015. , dans La Une CED, Les Dossiers, Etudes

 

Photos-impressions, Daniel Grojnowski, éd. Obsidiane, col. Le legs prosodique, novembre 2014, 694 pages, 14 €

 

La réalité, le rêve, le poème

Puis-je donner sincèrement mon sentiment de hantise du livre de Daniel Grojnowski, sentiment que j’associe à la description de 102 rêves à quoi se livre le poète dans ce livre – description faite sous forme de dizains en vers libres et sans ponctuation, pour mieux rendre le caractère fluide des rêves en question – sincèrement donc, car c’est une impression personnelle et un peu intime. Je dis hantise car avec la lecture de cet ouvrage, j’ai repassé les images et certaines situations qui ont hanté mon travail d’analyse, il y a vingt ans. J’ai repris là mes rêves, mes labyrinthes, mes voitures et mes objets égarés, mes diplômes qu’il fallait repasser, des visions. Et si le projet du livre tenait simplement à cet effet, il serait déjà réussi.