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La Une CED

Ah ! ma gauche

Ecrit par Sylvain Gau-Gervais , le Mardi, 12 Mai 2015. , dans La Une CED, Ecriture, Création poétique

 

 

 

 

 

À ma gauche (je suis dans le sens de la marche),

Tolérance est prônée, Ouverture et Respect

(respect de qui, de quoi, je suis bien circonspect…),

grands discours à l’appui, etc. Mais l’arche

entre mots et pratique, entre parler et faire :

où donc ? Métissage – mais pour les autres, allons !

(prêt à mettre le prix pour s’agréger au loin)

A propos de "Tu pars, je vacille", Serge Ritman

Ecrit par Didier Ayres , le Jeudi, 07 Mai 2015. , dans La Une CED, Les Chroniques, Chroniques régulières

Tu pars, je vacille, Serge Ritman, éd. Tarabuste, 2014, 176 pages, 18 €

 

Serge Ritman ou Là où ça commence

C’est devant un livre innovant et bien fait que je me suis, comme lecteur, déplacé d’une page à l’autre, comme en une sorte de « roman-poème », dont je veux faire état dans ces lignes. Et il n’y a qu’un moyen de résumer mon sentiment : la nouveauté. Oui, quelque chose qui danse au milieu des strophes, souvent hantées par des sixains, poèmes sujets à des substitutions de soi jusqu’au vacillement, substitutions de la langue qui, avec des trous, ouvrent l’univers poétique de l’auteur. Donc, il faut lire les poèmes comme là où ça commence.

Est-ce inspiré d’Artaud ou de Joyce, ce qui serait à la fois écrasant et magnifique ? Nonobstant, ce livre est un livre qui cherche. Par exemple, avec le jeu de la graphie – des sixains, des phrases centrées, des parties en prose, des décalages de mots, des calligrammes… – ou encore avec la citation d’œuvres ou de grands noms de la littérature, de la musique ou de la peinture notamment. Comme l’indique l’auteur :

Je répète avec tous les trous de reprise

Le Jardin de derrière (22) Où ça tourne au vinaigre

Ecrit par Ivanne Rialland , le Jeudi, 07 Mai 2015. , dans La Une CED, Ecriture, Ecrits suivis

 

Sur un chemin de terre, dissimulé depuis la route par les arbres du verger, trois voitures à l’arrêt, bientôt rejointes par la camionnette de Louis, qui descend en personne du siège conducteur. Il est aussitôt entouré par une dizaine de jeunes rouges d’excitation. Parmi eux, Jeanne et une autre fille amenées par Kevin et Julien. Elles veulent venir. Elles resteront dans les voitures. Louis refuse tout net, lance un regard désapprobateur aux deux amis, qui, confus, se glissent au dernier rang du groupe. Les deux filles boudeuses s’éloignent de quelques pas, s’asseyent dans le champ. Louis commence son discours. Le ton est militaire, les yeux des jeunes brillent. Sur un geste de Louis, un des garçons ouvre les portes à l’arrière de la camionnette et en sort une caisse pleine de bombes lacrymogènes, que le groupe se répartit. Il y a aussi quelques coups de poing américains et deux pistolets. Julien exhibe soudain une carabine, une arme de chasse, assez légère, qui fait ricaner quelques-uns des garçons. Julien tâche de manier la gâchette d’un air menaçant. Louis caresse négligemment un fusil à canon scié, qu’il repose ensuite sur le sol de la camionnette. Tout le monde commence à s’exciter vraiment, on se dirige vers les voitures.

Hommage à la revue Europe

Ecrit par Matthieu Gosztola , le Mercredi, 06 Mai 2015. , dans La Une CED, Les Chroniques, Chroniques régulières

 

« Il faut saluer […] l’entreprise éditoriale d’Europe » qui, dans ses numéros, « allie tout à la fois création dans sa plus haute intensité et exégèses plus ou moins libres, c’est-à-dire plus ou moins affirmées dans une non-distanciation épousant la singularité et l’émotion – paraissant suivant les entrelacs du style – de leur auteur, exégèses créatrices qui ont pour vocation d’élucider notre rapport aux œuvres, souvent contemporaines, en l’approfondissant considérablement », écrivions-nous en juillet 2011 dans Terre à ciel, et cela reste, bien évidemment, vrai.

Alors qu’Europe a passé il y a peu le cap de son 1000e numéro, il nous paraît opportun de lui rendre ici hommage.

« [A]vant-garde de l’hospitalité », elle est promesse à chaque numéro d’éblouissements durables. Nous invitant à cheminer en son sein, dans l’ordre qui sied à notre rêverie, au hasard, à nos attentes. A cet égard, Europe s’affirme bien véritablement, mois après mois, année après année, comme une revue, dans le sens le plus abouti, le plus incandescent du terme. Comme l’écrit bellement Jean-Baptiste Para en ouverture du 1000e numéro, « une revue peut à certains égards se comparer à un bouquet – l’ikebana japonais ? –, lequel n’est pas une addition d’unités florales mais une composition. Il s’en dégage une forme et un esprit d’ensemble.

Entre ici D’Ormesson !

, le Jeudi, 30 Avril 2015. , dans La Une CED, Les Chroniques

 

Jean d’Ormesson entre dans la Pléiade ! Il la joue modeste comme il sait si bien le faire depuis quarante ans tandis que ses détracteurs (des jaloux ou des inconscients !) fulminent contre cet alerte nonagénaire qui écrit son dernier livre chaque année depuis quinze ans avec force citations grecques, latines, saint-augustinesques et même, quelquefois, des phrases qu’il invente tout seul.

Mais ce n’est que justice : selon un récent sondage il est le troisième écrivain préféré des Français, le premier se nommant Victor Hugo. C’est un peu dur pour tous les autres, les Balzac, Zola, Stendhal, Maupassant, j’en passe et des moins bons. Sans compter les Racine, Molière, Baudelaire, Musset, Rimbaud et consorts, car les auteurs dramatiques et les poètes sont aussi des écrivains. C’est dur pour ces immenses écrivains de se voir ainsi distancés par le prestigieux auteur d’Au plaisir de Dieu. Et je ne parle même pas des géants à la mode : Michel Houellebecq, Valérie Trierweiller ou Eric Zemmour.