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La Une CED

Balance, par Joelle Petillot

Ecrit par Joelle Petillot , le Mardi, 01 Mars 2016. , dans La Une CED, Ecriture, Création poétique

 

 

 

Bleues nos peines, bleues les morsures, bleues les larmes.

La tristesse balance et porte, dans le tangage vient la paix.

Le passé valse lente, l’avenir blanc d’écume.

Balance.

Les souvenirs se fondent. Vienne le moment où ils ne blessent plus.

Mer-horloge, vagues qui gomment.

Balance.

Henry James chez Rivages Poche

Ecrit par Didier Smal , le Vendredi, 19 Février 2016. , dans La Une CED, Les Chroniques

 

Le Siège de Londres, et Autres Nouvelles, Henry James, Rivages, janvier 2016, trad. anglais (USA) Jean Pavans, 480 pages, 9,20 € ; La Tour d’Ivoire, trad. anglais (USA) Jean Pavans, 326 pages, 9,20 € ; Mémoires d’un Jeune Garçon, trad. anglais (USA) Christine Bouvart, 384 pages, 9 € ; janvier 2016, Rivages.

 

Le 28 février 1916, à l’âge de soixante-treize ans, l’auteur américain Henry James rendait l’âme et la plume à son Créateur, après l’avoir plus que dignement servi par une grande quantité d’écrits, surtout des nouvelles et des romans, dont la plupart conservent aujourd’hui une pertinence rare. Il n’est que de voir la récente (2012) adaptation et transposition à l’époque contemporaine du roman Ce que Savait Maisie (1897) pour se rendre compte du génie d’observation d’Henry James et de la modernité absolue de son regard : qui aurait pensé à écrire un divorce, phénomène que l’auteur observe autour de lui en pleine expansion, et toutes ses dérives, du point de vue de l’enfant ? Un fin observateur de l’espèce humaine dans sa variante protestante nord-américaine et européenne, ni plus, ni moins.

Un coup de vent - Journal de lecture du Don Quichotte en la Pléiade (6)

Ecrit par Marc Ossorguine , le Jeudi, 18 Février 2016. , dans La Une CED, Les Chroniques, Chroniques régulières

 

Nous voilà arrivés au plus célébrissime tableau des prouesses de notre chevalier : son combat contre les moulins à vent. Un épisode si exemplaire qu’il en est devenu proverbial. Au delà de la farce évidente, la question peut être soulevée de ce qui fait que cette déroute-là est devenue emblématique de l’œuvre. Fuyant tous les commentaires existant, le lecteur essaye de faire le ménage dans les images, réminiscences, allusions, références partielles et partiales qui peuvent malgré lui revenir concernant cette histoire de combat contre des moulins pris pour des géants. Tenter d’arriver le plus vierge et disponible possible au texte et à l’histoire. Non pas s’imaginer ou essayer de se prendre pour le lecteur d’il y a quatre siècles, mais simplement essayer d’être un lecteur détaché de tout ce qui peut faire commentaire et qui précéderait à l’œuvre elle-même, la transformant en une espèce de commentaire sur le commentaire de l’œuvre et sur l’œuvre elle-même. Puisse le vent qui fait tourner les moulins faire un peu le vide et permettre une lecture qui ne puisse surtout pas dire « oui, oui, je sais » et qui ne se rassure pas dans la confirmation de ses connaissances et de son opinion. Que le vent souffle et qu’il nous transporte au côté des personnages, poussant au loin notre voix importune, effaçant la rumeur bruissante des exégèses, des interprétations et des possibles trahisons.

Volupté amarescente…, par Nadia Agsous

Ecrit par Nadia Agsous , le Mardi, 16 Février 2016. , dans La Une CED, Ecriture, Nouvelles

 

Lorsqu’elle mourut, par une nuit d’automne, Yumma Yaya, cette femme dont le visage anonyme déambule dans mon esprit brûlant d’amour, fut élevée au rang de sainte par ses adorateurs qui étaient des membres puissants et riches de la noblesse benjoyienne. Quelques jours à peine après son décès, pour rendre hommage à celle qui fut leur oracle, ils érigèrent, sur le sommet de la Montagne Sacrée, un mausolée qu’ils baptisèrent Akham Lehna Negh – la Maison de Notre Bonheur –, où son corps, jamais décomposé, fut enseveli dans une pièce étroite, minuscule, toute rikiki qui ne se désemplissait jamais.

Jamais ?

Jamais ! Car cette femme, amour de mon espoir désespéré, avait la réputation de posséder des pouvoirs extra-ordinaires qui produisaient des miracles et faisaient envier les oracles du monde entier : des pouvoirs aux vertus réparatrices, des dons guérisseurs, des rêves hallucinatoires, des visions extrasensorielles, une ouïe surdéveloppée, le pouvoir de repousser les forces du mal et de les engloutir dans les eaux impures de l’abjection produisait des miracles.

Une pause dans le feuilleton Russell

Ecrit par Marie-Pierre Fiorentino , le Samedi, 13 Février 2016. , dans La Une CED, Les Chroniques, Chroniques régulières

 

Sils-Maria

Ici j’étais assis, à attendre,

Attendre, mais à n’attendre rien,

Par-delà bien et mal, à savourer tantôt

La lumière, tantôt l’ombre,

N’étant moi-même tout entier que jeu,

Que lac, que midi, que temps sans but.

 

Lorsque soudain, amie ! un se fit deux

– Et Zarathoustra passa auprès de moi.

 

Nietzsche, Le Gai savoir