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La Une CED

Le Jardin de derrière (15) Où, comme les poissons morts, de vieilles affaires remontent à la surface

Ecrit par Ivanne Rialland , le Mardi, 10 Mars 2015. , dans La Une CED, Ecriture, Ecrits suivis

 

– Vous êtes sûre vous n’exagérez pas un peu ?

– Monsieur le maire !

Sylvie René était outrée. Le maire soupira, passa ses deux mains dans ses cheveux rares, remonta ses lunettes d’un froncement de nez embarrassé.

– Un fusil est un fusil, quand même.

Elle montrait l’objet posé sur le bureau du maire.

– … vous avez beau dire…

Le maire ne disait rien.

– … il est peut-être rouillé, mais c’est une arme que je sache. Jérémie m’a dit qu’il y en avait plein d’autres dans la cabane. Une cabane pleine d’armes, à deux pas du village…

– Possible que…

Un désir de quel genre ?

Ecrit par Marie-Pierre Fiorentino , le Vendredi, 06 Mars 2015. , dans La Une CED, Ecriture, Nouvelles

 

Jeudi, quatorze heures.

De cette place devenue mienne, mon regard pénétrant me déclare. Le sien répond invariablement, depuis quatre mois, d’une indifférence polie adressée équitablement à toute l’assistance.

Ces prunelles vibrantes d’intelligence sont-elles donc hermétiques au jeu de la séduction ? Ces paupières ne cèdent-elles jamais ? Mais à force de revenir m’asseoir à cette même place, me déclarer, peut-être…

Le secret de mon désir m’épargne, entre autres, les objections de bon sens qui ne manqueraient pas de venir à ma rescousse si je me confiais à quiconque. Mais je méprise tout aveu fait à d’autres qu’à l’objet de mes vœux.

« Je te désire » – et ce tutoiement serait ma première caresse – lui soufflerais-je dans une circonstance que mon imagination n’a pas encore forgée. Mes bras l’enserreraient, pour me blottir ou embrasser, qu’importe la distribution des rôles tant que ceux-ci n’acquièrent pas trop de réalisme.

Le Jardin de derrière (14) Où l’on visite la maison de Mme Chaussas et quelques autres lieux

Ecrit par Ivanne Rialland , le Jeudi, 05 Mars 2015. , dans La Une CED, Ecriture, Ecrits suivis

 

Des rez-de-chaussée qui se transforment en premier étage de l’autre côté de la maison, des jardins suspendus, des dénivelés brusques, des rues tortueuses qui montent pour descendre et descendent pour monter, un village à flanc de colline, qui déboule sur les champs, et s’arrête juste au moment de s’y précipiter. Un village silencieux, plein de coins et de recoins, au sol troué comme un gruyère.

Là, c’est le jardin de Mme Chaussas. Une jolie allée de gravier mène à la maison. Devant la porte, elle se divise, fait le tour, vagabonde un peu dans l’herbe. La pelouse est bien soignée, les bosquets joliment arrondis. Derrière l’un d’eux, un siège, de l’autre côté, le muret. On se penche : le muret devient un mur, en contrebas une cour bétonnée avec un pauvre arbre tout étiolé par le manque de soleil. La maison où il s’adosse est assez laide, la façade de béton gris assez morne avec ses fenêtres basses. Dans un coin de la cour, un autre cube de béton, plus loin une échelle, on grimpe : c’est le bief, un peu plus haut par rapport au jardin de Mme Chaussas, une autre échelle, on refranchit le mur, on parcourt à nouveau l’allée : on est sous la marquise, devant la porte de la vieille dame, on sonnerait presque, mais personne.

Carnets d’un fou - XXIV - 2015

Ecrit par Michel Host , le Mardi, 03 Mars 2015. , dans La Une CED, Les Chroniques, Chroniques régulières

 

Année 2015

« Je me sens très optimiste quant à l’avenir du pessimisme »

Jean Rostand

Rétrospectivité / Prospectivité / Objectivité / Subjectivité / Invectivité / Perspectivité / Salubrité

Ces Carnets d’un fou sont un tissu d’observations et de réflexions. Tissu déchiré parfois, car enfoui dans le sépulcre de l’impubliable : deux éditeurs, craintifs, ont fait marche arrière tant les timides et rares audaces qu’il enveloppe leur ont paru devoir contrarier leur bonne réputation, leur chiffre de vente et leur belle complicité avec la chronique littéraire parisienne. Seule une publication en revue est donc accessible à ces notations. La Cause littéraire, après La Vie littéraire, les accueille à son tour : qu’elles en soient remerciées. Ravaudages et reprises, donc ! Mis sur le métier en 1999, on y verra désormais défiler des « vues » du passé le plus récent, ce qui élimine la perspective mais ajoute la fraîcheur de ce qui n’a pas encore quitté notre mémoire au risque de possibles erreurs d’appréciation. Nous attendons monts et merveilles de ces travaux d’aiguille.

Couleurs : deux livres

Ecrit par Marjorie Rafécas-Poeydomenge , le Samedi, 28 Février 2015. , dans La Une CED, Les Chroniques

 

L’étonnant pouvoir des couleurs, Jean-Gabriel Causse, Ed. du Palio, mai 2014, 192 pages, 19,90 €

Le petit livre des couleurs, Michel Pastoureau et Dominique Simonnet, Ed. Points, mars 2014 (réédition des Editions du Panama de 2005), 121 pages, 6,50 €

 

L’étonnant pouvoir des Couleurs, dommage que le rose soit réservé aux filles !

Grande amatrice des couleurs (disons que je n’hésite pas à les utiliser aussi bien dans ma garde-robe que dans ma décoration d’intérieur, en total contre-pied de la tendance bobo très épurée et inodore), je ne pouvais qu’acquérir cet ouvrage si flatteur aux yeux, L’étonnant pouvoir des couleurs de Jean-Gabriel Causse sorti en 2014. Juste avant, j’ai également pris le temps de savourer Le petit livre des couleurs de Michel Pastoureau et Dominique Simonnet, un petit bijou historique très coloré qui ouvre l’esprit.