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La Une CED

Le Jardin de derrière (10) - Où l’obus apparaît, puis disparaît

Ecrit par Ivanne Rialland , le Jeudi, 05 Février 2015. , dans La Une CED, Ecriture, Ecrits suivis

 

Les deux pompiers volontaires discutaient au bord du bief avec Georges et le maire, accouru sur le champ. Kevin et Julien étaient restés sur la route du haut et tâchaient d’écouter, penchés aux portières de la camionnette. Ils attendaient tous la chef de brigade, qui devait venir d’un village voisin. Les nuages qui tamisaient brièvement les rayons du soleil leur permettaient d’apercevoir par moments une forme oblongue et noire au fond de l’eau que le nettoyage avait éclaircie. La chef de brigade arrivait enfin. Elle s’approcha prudemment du bord du bief, fit une moue dubitative.

– Ça peut être n’importe quoi. Une boîte à pain.

– Une boîte à pain ! protesta Georges.

– Qu’est-ce que vous voulez qu’un obus de la première guerre, ou même de la deuxième, fasse dans un bief ?

– On en trouve bien dans les étangs !

Le Jardin de derrière (9) - Où il est question de travaux et de grille-pain

Ecrit par Ivanne Rialland , le Jeudi, 29 Janvier 2015. , dans La Une CED, Ecriture, Ecrits suivis

 

Le lendemain, en milieu de matinée, Georges et Pierre se rendirent au Bricorama de la ZAC. Louise avait préféré rester, de crainte de porter quoi que ce soit, et aussi à l’idée du temps à passer au rayon « Matériaux d’isolation » ou autres du même genre. Elle avait fait promettre à son père de lui envoyer une photo de la couleur choisie pour sa chambre sur son téléphone portable et d’attendre son feu vert. Pierre avait été chargé du choix du grille-pain.

Pierre, à l’apparition des premiers entrepôts, des premiers parkings en bordure de champs, se récria sur la laideur de ce paysage dont Georges commençait à aimer la banale absurdité. En guettant les panneaux aux ronds-points, il saisissait du coin de l’œil ces bleus francs, ces rouges et ces jaunes pétants qui se détachaient sur le bleu un peu pâle du ciel tandis que son fils réclamait une pizza pour le déjeuner, en arguant que chez Pizza Hutt, en ce moment c’était deux pour le prix d’une.

Néo-Koreish : Mohammed sera tué au nom de Mohammed

Ecrit par Kamel Daoud , le Mercredi, 28 Janvier 2015. , dans La Une CED, Les Chroniques, Chroniques régulières, Côté actualité

 

Ciel froid, boursouflé, chargé de pluies à venir. Gris comme une mauvaise humeur. Derrière la vitre, le monde, ses miniatures, ses routes, une voiture qui rampe le long de l’avant-bras de l’horizon. Les arbres sont tenaces et vieillis, leur verdure ressemble à un bagage oublié en cette saison.

Des habits d’autres temps, juchés sur les portemanteaux des branches mortes. Les oiseaux ne sont plus que des points noirs qui errent. Il n’y a presque plus de noms pour beaucoup de choses. Juste des traces, de la nudité gelée. La terre est un trait. Par-dessus le ciel, en trait ferme. Le Yi-king version météo. La création est un hexagramme géant.

La question est suspendue sur ma tête comme un lustre dans une mosquée vide : faut-il encore continuer à écrire ? La technique du petit garçon aux allumettes est peut-être une illusion quand le monde est une coupure d’électricité volontaire. Le monde va mal. Dévissé. Branlant comme une porte rouillée entre un Dieu silencieux et un homme qui prie dans la mauvaise direction. Entre deux époques.

Kennst du das Land wo die Kanonen blühn ? (traduction) Erich Kästner

Ecrit par Line Audin , le Mardi, 27 Janvier 2015. , dans La Une CED, Les Dossiers, Documents

 

 

 

Kennst Du das Land, wo die Kanonen blühn ?

Du kennst es nicht ? Du wirst es kennenlernen !

Dort stehn die Prokuristen stolz und kühn

in den Büros, als wären es Kasernen.

 

Dort wachsen unterm Schlips Gefreitenknöpfe.

Und unsichtbare Helme trägt man dort.

Gesichter hat man dort, doch keine Köpfe.

Und wer zu Bett geht, pflanzt sich auch schon fort !

Jusqu’à son vol d’oiseau b

Ecrit par Matthieu Gosztola , le Mardi, 27 Janvier 2015. , dans La Une CED, Ecriture, Création poétique

 

 

 

C’est un opéra (Lulu de Berg)*

Et pourtant le silence

À la fin de l’acte I

 

Et pourtant s’affirme

Dans l’absolu perturbé

Du silence

La douce et inquiète et débordée

Nudité du geste