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La Une CED

Ekphrasis 12 - Saint Luc peint

Ecrit par Marie du Crest , le Samedi, 16 Mai 2015. , dans La Une CED, Les Chroniques, Chroniques régulières

 

Luc écrit, Luc est l’évangéliste, le troisième. Merveille : Luc est peintre, peintre de Marie, la Sainte mère.

Dans le grand et riche palais des ducs de Bourgogne en la ville de Dijon. Dans le musée des Beaux-Arts. Le tableau d’un peintre aujourd’hui méconnu, Saint Luc peignant la Vierge.

Pourquoi les saints ne peindraient-ils pas ? N’accomplissent-ils pas toutes sortes d’actions miraculeuses ? Faiseurs d’icônes. Luc devint le saint patron de la belle Corporation.

Ainsi j’imagine un jour, la rencontre poétique du peintre, lors d’une promenade champêtre, au temps de la reverdie, non loin de la rivière, l’Ouche, et de celle qui sera son modèle auréolé, venant jusqu’à sa belle maison flamande, escortée de son humble servante, coiffée de son joli voile de dentelle transparente et de deux angelots protecteurs, poser pour lui avec son enfant divin. Elle lui a promis d’être patiente, de ne pas bouger et de tenir le rejeton sauveur avec tendresse et adresse ; en contrepartie, elle recevra argent et monnaie. Le petit sera nu et aura peut-être un peu froid dans l’Atelier du maître. Ils se font promesse du tableau. Mais est-elle bien Myriam, ou Marie des villages ?

Petites proses plus ou moins brisées, Jacques Abeille

Ecrit par Didier Ayres , le Vendredi, 15 Mai 2015. , dans La Une CED, Les Chroniques, Chroniques régulières

Petites proses plus ou moins brisées, Jacques Abeille, Arfuyen, avril 2015, 128 pages, 12€

 

Peintures figurées

Au milieu de la lecture des Petites proses de Jacques Abeille, j’ai songé très vivement au tableau de Max Ernst, Deux enfants sont menacés par un rossignol, de 1924. Sans doute, le poète, qui est aussi plasticien, a dû rencontrer cette image un jour ou l’autre, même si je crois que le rapport est plus profond. Car cette peinture à construction de bois représente des figures surréalistes qui sont enclines à la violence et à l’esthétique, donc à la fois à l’art et au corps, au principe spirituel et à l’activité charnelle. Du reste, ce petit tableau me fait penser aussi au décor du rêve du film La maison du docteur Edwardes, d’Alfred Hitchcock. Cinéma et peinture liés ici dans des figures de crainte et d’enfance, en même temps que de rêve et de poésie.

Comme le peintre dans sa vision lointaine des événements de la vie, à plusieurs périodes de son existence, le poète lutte contre le temps. À la fois le corps, la sexualité (avec des textes sur la prostitution), et le langage, lequel permet de signifier le passage du temps. Car, c’est, dans ce travail de dépouillement, qui devient presque hivernal, le combat contre le corps physiologique.

Carnets d’un fou-XXVII, par Michel Host

Ecrit par Michel Host , le Mercredi, 13 Mai 2015. , dans La Une CED, Les Chroniques, Chroniques régulières

 

(Pour la dernière présentation de ces « Carnets », lire la première page des Carnets d’un fou-XXIV)

 

Un pâle soleil dore l’hôpital Cochin. Des enfants crient. Une auto passe au loin. Le printemps essaie de se glisser sous la porte.

Alexandre Vialatte, Chroniques de La Montagne, II, p.745 (1)

 

# Le lièvre de la fable. Il court, il court « l’animal léger ». La tortue est loin devant, partie avec le Carnet de mars. Il ne porte de maison, c’est vrai, mais il lui reste un reliquat à livrer, car il est lièvre scrupuleux. Le lièvre et les grenouilles, Le lièvre et la perdrix, du même fabuliste, encouragé par le grec Ésope, c’est très bien aussi. Le voici, ce reliquat.

Le 2/IV/2015

Trois sonnets des Oiseaux, par Clément G. Second

Ecrit par Clément G. Second , le Mercredi, 13 Mai 2015. , dans La Une CED, Ecriture, Création poétique

(Mélaniques, Journal diffracté, 1984-2015)

 

Part du départ


Insistant le cours

Du vent sous les portes

Les matinées tortes

Les guide le jour

 

L’oreille aux parcours

Que l’oiseau rapporte

Le silence escorte

Un secret discours

Quand la langue française s'algérianise ! par Amin Zaoui

Ecrit par Amin Zaoui , le Mardi, 12 Mai 2015. , dans La Une CED, Les Chroniques, Chroniques régulières

La littérature algérienne de langue française se porte bien. Elle est en bonne santé. La preuve est là : félicitations à l’écrivain et journaliste Kamel Daoud pour le prix Goncourt du premier roman qu’il vient de décrocher cette semaine. Cette distinction est une fierté pour l’Algérie littéraire et culturelle. Même si, en Algérie, les clowns insultent les meilleurs de nos enfants, ces derniers trouveront toujours le chemin de la gloire.

Si, avec grande tristesse, nous avions perdu ces derniers mois deux grands écrivains : Assia Djebar et Malek Alloula, la scène littéraire internationale nous confirme que la relève est assurée. Et la distinction de Kamel Daoud en est la preuve. Une nouvelle génération littéraire, doucement et avec aisance, s’installe dans l’imaginaire international. Dans la lecture universelle. Dans l’attente du lectorat. Si la première génération d’écrivains algériens de langue française, celle des années 1950, a été élevée dans la souffrance coloniale, dans l’humiliation, dans la pauvreté, dans la guerre de Libération, de son côté, la nouvelle génération, celle des années 1980, est née et forgée dans l’amertume nationale. Dans la déception. Dans la guerre des frères. Dans le sang. Dans la résistance au fanatisme islamique. Cette génération, il faut le signaler, n’a fait que le chemin de l’école algérienne. Elle est la victime des retombées d’une arabisation enrhumée et islamisée. Elle a grandi, elle s’est formée sous le règne d’un régime de plomb cimenté d’une culture Jdanovienne.