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Critiques

Oser le nu, Le nu représenté par les artistes femmes, Camille Morineau (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Mercredi, 30 Avril 2025. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Arts, Flammarion

Oser le nu, Le nu représenté par les artistes femmes, Camille Morineau, Flammarion, février 2025, 240 pages, 39 € Edition: Flammarion

L’art au féminin

L’ouvrage d’histoire de l’art, Oser le nu, de Camille Morineau, traite en profondeur d’un sujet tabou. La commissaire d’exposition, conservatrice du patrimoine et directrice artistique, formée à l’École Normale Supérieure de la rue d’Ulm, qui a mis en place l’exposition elles@centrepompidou en 2009 et 2014 et fondé l’Association AWARE, note que « la représentation du nu par les artistes femmes est tout simplement inédite ». L’autrice a choisi un répertoire d’œuvres établi chronologiquement, pour la plupart méconnues, partant du Moyen Âge jusqu’à la période contemporaine. « Des femmes signent des nus, la passion du Christ, les souffrances des martyrs et des saints ».

Les femmes, pourtant discriminées, ont suivi une formation et des apprentissages d’ateliers, à l’égal de leurs coreligionnaires masculins, preuve tangible qui leur a permis d’élaborer des œuvres d’envergure ; voyons à cet égard les toiles de Catharina van Hemessen (1528-1587) et celles de la célèbre Sofonisba Anguissola (1532-1625). Par contre, le fait que les femmes ne soient jamais citées dans les manuels d’art est révoltant, injuste, et finalement curieux…

Un adolescent amoureux, Robin Josserand (par Patrick Abraham)

Ecrit par Patrick Abraham , le Mercredi, 30 Avril 2025. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Roman, Mercure de France

Un adolescent amoureux, Robin Josserand, Mercure de France, mai 2024, 151 pages, 17 € Edition: Mercure de France

Robin Josserand a fait des débuts remarqués (et remarquables) en littérature avec la publication, en 2023, et déjà au Mercure de France, de son premier roman, Prélude à son absence, chroniqué ici-même. Son deuxième livre, Un adolescent amoureux, séduira les lecteurs qui avaient apprécié le précédent. Quant à ceux qui étaient restés un peu sur leur faim, ils seront, je l’espère, davantage conquis.

L’ouverture, bovaryenne, subvertit le schéma flaubertien. Je veux dire que le Narrateur raconte l’entrée dans sa classe (de terminale en l’occurrence) d’un nouvel élève : « Lors du premier cours, le garçon arrive en retard et s’installe au dernier rang en faisant crisser sa chaise sur le carrelage ». Mais pas de « Proviseur » devant qui chacun se lève dans ce récit dont l’action se situe, suppose-t-on, dans la première décennie du vingt et unième siècle. Pas d’« habit-veste de drap vert à boutons noirs » mais « une chemise à carreaux rouges déchirée au niveau du coude ». Et nulle gêne du jeune homme face à son professeur et ses camarades ni de fous rires à l’écoute de son nom (« Charbovari ! Charbovari ! ») puisqu’on apprend, une dizaine de lignes plus loin (nous sommes toujours dans le paragraphe introductif, p.13), qu’il « se roule une cigarette à la vue de tous ».

Pas de larmes, Caroline Tiné (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Mardi, 29 Avril 2025. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Roman, Albin Michel

Pas de larmes, Caroline Tiné, Albin Michel, mars 2025, 288 pages, 20,90 € Edition: Albin Michel

 

« Le dernier chant au Père, qui n’écoutait jamais de musique, serait cet hymne magnifique au martyre de Jésus. Victoire est songeuse, elle n’a jamais été initiée à l’art, la culture ou la musique par le Père. Comme si la guerre d’Algérie avait occulté tout autre centre d’intérêt. Mais elle avait pris l’habitude d’aller errer au Louvre pour s’imprégner d’une infinie beauté ».

Pas de larmes est le roman d’un père, le Père disparu et donc retrouvé, sa stature, son élégance, ses mots, son histoire tumultueuse, irriguent ce roman, qui est aussi celui d’une terre aimée, qu’il a fallu quitter : l’Algérie. Ce roman est aussi l’histoire de Victoire, la fille aînée et préférée du Père, qui sera chargée de ramener ses cendres sur cette terre, qu’il a tant aimée. Pas de larmes nous conduit ainsi sur les traces d’une famille, dont le destin s’est étiré, jusqu’à casser, une famille éloignée de la guerre, qui va submerger l’Algérie, et l’irriguer de nostalgie.

Textes retrouvés, Essais, portraits, articles, conférences, Jorge Luis Borges (par Gilles Banderier)

Ecrit par Gilles Banderier , le Lundi, 28 Avril 2025. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Amérique Latine, Gallimard, Anthologie

Textes retrouvés, Essais, portraits, articles, conférences, Jorge Luis Borges, Gallimard Du monde entier, décembre 2024, trad. espagnol (Argentine) Silvia Baron Supervielle, Gersende Camenen, 354 pages, 23,50 € Edition: Gallimard

 

Les nombreux et fervents amateurs de Borges savent tous que les deux volumes d’Œuvres complètes qui furent publiés à la Bibliothèque de la Pléiade ne méritaient pas leur titre. Ils furent le résultat d’une sélection opérée par Borges lui-même, trop heureux de « coudoyer » Montaigne dans la prestigieuse collection française.

Malgré sa cécité (ou à cause d’elle ?), Borges a beaucoup lu, conversé, écrit et dicté. Combien il est paradoxal que l’art si français de la conversation lettrée et familière ait connu cette reviviscence à l’autre bout du monde… Mais Borges déclarait que par une autre étrangeté, l’écrivain jugé comme le plus représentatif d’un pays – Shakespeare pour le Royaume-Uni, Dante pour l’Italie, Goethe pour l’Allemagne, … – était celui qui correspondait le moins à son caractère national.

Ariel dans l’orage, Pages inédites, André Suarès (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Jeudi, 10 Avril 2025. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Anthologie

Ariel dans l’orage, Pages inédites, André Suarès, éditions Le Condottiere, février 2025, 384 pages, 20 €

 

« Je trempais dans un prisme liquide, toutes les couleurs et toutes les nuances, depuis la pourpre jusqu’au reflet de la soie verte la plus pâle, quand elle est comme l’ambre ou comme la liqueur d’absinthe, à peine battue d’eau. L’œillet rouge du ciel s’éparpillait en pétales sans nombre. Une caresse de l’air me touchait tendrement au front et aux tempes » (Voyage du condottière, Vers Venise, Entrée à Venise, André Suarès, Granit, Collection de L’Aimant, 1984 (réédition).

« Suarès a écrit la Comédie humaine de la France et de l’Europe, à travers leurs plus grandes figures, de l’Antiquité à nos jours, et à travers leurs plus beaux paysages, de la Bretagne à la Sicile, de l’Ile de France à la Provence, avec des aperçus de la Norvège. Pour qui veut savoir qui fut Aristophane ou Saint-Simon, Caligula ou Napoléon, mais aussi bien Cervantès ou Rimbaud, il reste un sourcier de l’âme génial » (Le paradoxe d’Axolotl, Préface Stéphane Barsacq).