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Critiques

Coco perdu, Louis Guilloux (par Patryck Froissart)

Ecrit par Patryck Froissart , le Mardi, 08 Avril 2025. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Roman, Folio (Gallimard)

Coco perdu, Louis Guilloux, Folio, janvier 2025, 128 pages, 8 € . Ecrivain(s): Louis Guilloux Edition: Folio (Gallimard)

 

Louis Guilloux est connu, en France et ailleurs, à juste titre, principalement pour son roman Le Sang noir. Mais l’ensemble de sa volumineuse œuvre littéraire recèle, entre autres talentueux écrits, ce court et curieux roman, qui a été initialement publié chez Gallimard en 1978, soit deux ans avant la mort de l’écrivain, et que Gallimard vient de republier en format Poche.

Le personnage et le narrateur ne font qu’un : Coco, un vieil homme. L’action est minimale : Coco accompagne à la gare, un samedi, comme le ferait banalement un mari, sa femme Fafa qui, avant de prendre le train pour Paris, où elle est supposée effectuer un séjour dont la durée n’est pas prédéterminée, jette dans une boite postale une lettre dont elle a caché à son compagnon le destinataire. Toute la tension narrative repose sur cette lettre que Coco pense lui être destinée, et qu’il s’attend à recevoir le lundi des mains du facteur local, dont il n’apprécie guère les fanfaronnades.

La Petite dame, Valérie Rouzeau (par Gilles Cervera)

Ecrit par Gilles Cervera , le Mardi, 08 Avril 2025. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Poésie, La Table Ronde

La Petite dame, Valérie Rouzeau, éditions La Table Ronde, mars 2025, 95 pages, 15 € . Ecrivain(s): Valérie Rouzeau Edition: La Table Ronde

 

Grande dame en poésie/Grand ramdam aussi

Lire la poésie et pas qu’une saison par an ! Et vive le printemps quand même !

Lire un poème c’est honorer cette liberté des mots vifs, suspendus, des âpretés en strophes, des souffles longs ou au contraire des rythmes percutés, sauvages, sans costarcravat’. La poésie est à la littérature ce que le jazz est aux sons.

Ce que la misuk est à la musique !

Je lis La Petite dame de Valérie Rouzeau.

Je lis tout Valérie Rouzeau.

Apnée, Yann Moix (par Nicolas Grenier)

Ecrit par Nicolas Grenier , le Lundi, 07 Avril 2025. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Roman, Grasset

Apnée, Yann Moix, éditions Grasset, janvier 2025, 22 € . Ecrivain(s): Yann Moix Edition: Grasset

 

Le grand plongeon

L’épopée poétique de Yann Moix, Apnée, est un exercice de style qui décline l’histoire politique et culturelle depuis le XXe siècle en alexandrin à rimes plates. Cette expérience immersive s’inscrit dans la tradition des récits épiques. Il n’est pas rare que la poésie française fasse la part belle à l’histoire, de l’Abrégé de l’histoire de France, en vers, de Godard de Berigny, en 1679, à L’Alexandréide, ou La Grèce vengée, de Sylvain Phalantée, en 1829.

Cette divagation en vers qui happerait le nez de Raymond Queneau, comprend quarante-deux chapitres pour un total de six mille alexandrins libres, à peu près. Elle comporte des hymnes, des élégies, des odes. Cette apnée de Yann Moix apparaît comme la logorrhée d’un plongeur de perles. À bout de souffle, l’apnéiste ne manque pas de souffle lyrique. Dans cette eau amniotique, le vieux loup de mer devient un nouveau-né.

Un cœur pur, Sur les traces de Tintin au Népal, Maxime Dalle (par Patrick Abraham)

Ecrit par Patrick Abraham , le Vendredi, 04 Avril 2025. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Récits

Un cœur pur, Sur les traces de Tintin au Népal, Maxime Dalle, éditions Herodios, février 2025, 175 pages, 22 €

 

Un cœur pur, Sur les traces de Tintin au Népal, de Maxime Dalle, n’est pas un banal récit de voyage de plus, avec les conventions obligées du genre, mais bien davantage : l’histoire, de l’enfance à la trentaine, d’une construction de soi (amicale, intellectuelle et spirituelle). Aussi, lorsque la relation d’un trek de Katmandou à Gosainkunda commence, au chapitre XIII (p.97), on a compris que si les lieux évoqués se repèrent sur une carte, si on peut suivre les trois amis randonneurs (le narrateur et ses complices, Archibald et Shylock) d’étape en étape, leur périple, quoique physique, est tout autant intérieur et participe non de la prouesse sportive (la stupide injonction moderne à « se dépasser » !) mais de la quête. Car pourquoi aller si loin et se confronter à la dure épreuve qu’est une marche en très haute montagne si ce n’est pas pour se donner rendez-vous ?

D’étranges nuits d’été, Véronique Delamarre Bellégo (par François Baillon)

Ecrit par François Baillon , le Vendredi, 04 Avril 2025. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Roman

D’étranges nuits d’été, Véronique Delamarre Bellégo, Oskar Éditeur, 2014, 80 pages, 9,95 €

 

Adopter l’état d’esprit d’un narrateur très jeune (onze ans dans le livre qui nous intéresse) n’a rien d’une évidence en termes littéraires. Cependant, la justesse qui émane de ce court roman, à travers la voix et le ton de Matthieu, n’est pas son unique qualité. Comment ne pas penser, à certains moments, aux livres de ce talentueux écrivain qu’est Michel Cosem, dont une large partie de la bibliographie est tournée vers la jeunesse ? Des romans tels que L’Enfant et la légende ou Émilie et la Dordogne contiennent ce souffle propre au jeune héros, ou à la jeune héroïne, qui va à la fois au-devant de lui-même et de l’inconnu, où le ressenti de sa chair n’est plus vraiment le même à la fin du voyage, où l’ambiguïté permanente entre réel et imaginaire, si caractéristique de cet âge, est savamment ménagée pour faire de l’aventure entière un poème.

Tels sont les éléments contenus dans ces Étranges nuits d’été, au titre déjà poétique et énigmatique – à travers l’illustration de couverture, l’art de Julia Wauters a su délicieusement exprimer l’envoûtement et la délicatesse de ces nuits.