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Critiques

La Vie des abeilles, Maurice Maeterlinck (par François Baillon)

Ecrit par François Baillon , le Mardi, 09 Septembre 2025. , dans Critiques, Les Livres, Essais, La Une Livres, Poésie, Bartillat

La Vie des abeilles, Maurice Maeterlinck, Éditions Bartillat (Omnia Poche) – Septembre 2019 Préface : Michel Brix 256 pages – 12 € Edition: Bartillat

 

Le titre La Vie des abeilles nous laisse voir, a priori, ces insectes comme des personnages à part entière et nous laisse imaginer une véritable destinée. Le titre ne nous aura pas menti, mais une mise en garde est exprimée par son auteur dès les premières lignes : n’attendons pas de combler ici une hypothétique soif de romanesque, l’imagination n’est jamais requise. C’est une observation affûtée, patiente et méthodique, qui a permis à Maurice Maeterlinck – apiculteur chevronné – de donner naissance à ce livre. Il ne s’agit pas plus d’un précis pour devenir soi-même apiculteur. L’intention la plus claire est sans doute formulée en ces termes : « … voici longtemps que j’ai renoncé à chercher en ce monde une merveille plus intéressante et plus belle que la vérité ou du moins que l’effort de l’homme pour la connaître. Ne nous évertuons point à trouver la grandeur de la vie dans les choses incertaines. » (p. 22)

Bawab – Un héros de trop, François Momal (par Patryck Froissart)

Ecrit par Patryck Froissart , le Vendredi, 05 Septembre 2025. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Roman

Bawab – Un héros de trop, François Momal, Editeur Erick Bonnier 2025) 180 pages, 16 euros

Revoilà le bawab de qui on a partagé les petites misères, les bonheurs simples, les réflexions philosophiques de bon sens dans un précédent roman de François Momal intitulé  « Le banc de la victoire », paru en 2020 chez Maurice Nadeau, et recensé dans notre magazine en janvier 2021 avec cet exergue :

Ce plaisant roman de société qui fait irrésistiblement penser à celui d’Alaa El-Aswany, L’Immeuble Yacoubian, a pour décor, lui aussi, un immeuble de cette ville du Caire, vivante, grouillante, turbulente, où se côtoient luxe affiché et misère visible, où s’exprime l’exubérance du paraître et où se refoulent les frustrations du mal-être, où fonctionne à l’époque du récit un réseau occulte mais efficace d’espions à la solde du pouvoir. Le personnage central, Tarek, est un bawab, c’est-à-dire un de ces gardiens d’immeuble devant qui et par l’intermédiaire de qui on ne peut éviter de passer lorsqu’on rend visite à des relations dans les grandes villes d’Afrique du Nord.

La marchande d’oublies, Pierre Jourde (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Jeudi, 04 Septembre 2025. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Roman, Gallimard

La marchande d’oublies – Pierre Jourde – Gallimard – 25 euros – 656 p. - 2025

 

« La lune a fait son apparition entre les nuages, enveloppée de vapeurs changeantes, pleine et rouge, gonflée de sang, gibbeuse, soufflée de cicatrices comme un organe malade. Personne d’autre que moi ne levait les yeux vers elle. Enfant, la lune qui se levait m’attirait à la fenêtre, je savais qu’elle serait là, elle m’avait appelé silencieusement. »

Les voyages physiques et mentaux forment le roman, comme ils forment la jeunesse, et les oublies ces petits gaufres en forme de cornet forment et hantent ce roman, ces charmantes douceurs qui fondent dans la bouche : l’oublie fait plaisir et fait mourir, lit-on dans cet étourdissant roman ; ces oublies à l’image de la madeleine de La Recherche, mettent en lumière ce que l’on pourrait appeler le miracle de la fiction romanesque. La marchande d’oublies est une œuvre éblouissante, foisonnante, au verbe altier, qui s’appuie sur deux personnages, un frère et une sœur, Alastair et Thalia, d’une famille de clowns anglais, friande de spectacles macabres, une famille du cirque, avec ses jalousies, et ses rancœurs.

Aimez Gil, Shane Haddad (par Gilles Cervera)

Ecrit par Gilles Cervera , le Lundi, 01 Septembre 2025. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Roman, P.O.L

Aimez Gil, Shane Haddad, POL, 365 p, 21 € Edition: P.O.L

 

Lire sans modération

Des livres sont lus quand ils sortent. Avec une impatience incroyable. D’autres, mais pourquoi attend-on ? Ils sont là, dans le stock du libraire, on sait qu’ils sont à lire, seront lus, ou déjà achetés, ils trônent en table de nuit, mais on prend le temps, pourquoi prend-on ce temps ? Avec quels nerfs joue-t-on ? On peut aimer ce temps incroyable du suspens, le temps magique de la rencontre remise à plus tard.

Maintenant.

On vient d’être tellement bouleversé.

Shane Haddad et son Aimez Gil nous a conquis

Je me retournerai souvent – Jean-Paul Enthoven (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Vendredi, 29 Août 2025. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Biographie, Récits, Grasset

Je me retournerai souvent – Jean-Paul Enthoven – Grasset – 272 p. – 22 euros – 12/03/25 . Ecrivain(s): Jean-Paul Enthoven Edition: Grasset

 

« Proust me traversant l’esprit, j’ouvre au hasard une page de son grand roman comme je m’acquitterais d’une prière matinale. J’ai aussitôt l’impression qu’il me parle, m’instruit, plaisante, tient à me faire sourire ou réfléchir. Nous sommes toujours du même avis. Cet accord spontané avec un esprit aussi merveilleux fait partie des meilleurs plaisirs du matin. »

Je me retournerai souvent tient du journal, du souvenir vif et vivace, de l’hommage, de l’essai, des mémoires, de la confidence, ces genres littéraires sont invités à la table d’écriture de l’auteur, pour notre plus grand bonheur. Jean-Paul Enthoven qui fut journaliste, éditeur, qui fut et qui reste profondément romancier se souvient d’écrivains disparus, qu’il a rencontré, lu avec toute l’attention du monde, qui l’ont inspiré, qu’il a admiré, qu’il admire encore, qui l’ont parfois agacé, qui habitent sa librairie, cette garçonnière vibrant de souvenirs et de livres.