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Critiques

Intégrale H.P. Lovecraft, Tome 3, L’Affaire Charles Dexter Ward, Howard Philip Lovecraft (par Didier Smal)

Ecrit par Didier Smal , le Mardi, 04 Février 2025. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, USA, Roman, Fantastique, Folio (Gallimard)

Intégrale H.P. Lovecraft, Tome 3, L’Affaire Charles Dexter Ward, Howard Philip Lovecraft, Éditions Mnémos, mai 2022, trad. américain, David Camus, 168 pages, 19 € Edition: Folio (Gallimard)

 

Resté inédit du vivant de Lovecraft, qui trouvait imparfait ce récit, son plus long, L’Affaire Charles Dexter Ward, publié pour la première fois dans la revue Weird Tales en 1941, est depuis considéré comme l’un des textes majeurs d’un auteur surtout connu pour sa mythologie autour de Cthulhu, cycle de fantasy horrifique qui a même inspiré des disques de rock progressif. Pour citer le docteur Willett dans une lettre publiée en fin de volume, ce roman est l’histoire d’un jeune homme qui « n’a jamais été un monstre, ni même vraiment un fou, mais seulement un garçon avide de découvertes, studieux et curieux, dont l’amour pour le mystère et le passé a causé la perte. Charles est tombé sur des choses qu’aucun mortel ne devrait connaître, et a remonté le temps plus loin qu’il n’est recommandé d’aller, vers ces années d’où quelque chose a surgi pour l’engloutir ».

Du fil à retordre, Michelle Gallen (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Mardi, 04 Février 2025. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Iles britanniques, Roman, Joelle Losfeld

Du fil à retordre, Michelle Gallen, éditions Joëlle Losfeld, janvier 2025, trad. anglais (Irlande), Carine Chichereau, 352 pages, 25 € Edition: Joelle Losfeld

 

Une histoire irlandaise

Dans son nouveau roman, Du fil à retordre (Factory Girls), Michelle Gallen campe le portrait de Maeve, née en 1994 dans une petite ville de l’Irlande du Nord, qui s’exprime dans un idiome populaire anglo-irlandais, lequel forme une sorte de sociolecte qui permet de combattre l’anglais institutionnel. Le ton enlevé, revanchard mais spirituel est émaillé de propos non dénués d’humour (noir) permettant à la jeune fille de résister, de braver l’altérité, l’adversité (…) « ça lui foutait la gerbe de la voir fringuée comme ça, avec sa jupe droite beige et son chemisier en dentelle couleur crème. Putain, un chemisier ! Sûr que c’était sa mère qui l’avait habillée ». Brutalité rime avec précarité dans cet univers très dur. Le problème irlandais est évoqué sans ambages : « Et les frontières, ça a besoin de soldats. Plus y sont jeunes, plus y sont naïfs. C’est pour ça que les Rosbifs filent des armes à des gamins. L’IRA fait pareil. Parce que ça marche ».

Henry de Montherlant, moraliste des sens, Clarisse Couturier-Garcia (par Patrick Abraham)

Ecrit par Patrick Abraham , le Jeudi, 30 Janvier 2025. , dans Critiques, Les Livres, Essais, La Une Livres, Classiques Garnier

Henry de Montherlant, moraliste des sens, Clarisse Couturier-Garcia, Classiques-Garnier, novembre 2024, 425 pages, 39 € Edition: Classiques Garnier

 

Pour bien comprendre la visée et la démarche de Clarisse Couturier-Garcia, je conseillerais de commencer le livre par la conclusion (pp.391 à 400) où sont résumées les principales étapes de son parcours :

1/ Couturier-Garcia se penche d’abord (pp.35 à 178 : « L’écriture du désir et de la sensualité ») sur les recueils poétiques des années vingt et trente (Les Olympiques et Encore un instant de bonheur), dont le classement générique pose d’ailleurs problème, et sur les romans sinon autobiographiques, du moins « subjectifs » comme Le Songe (1922), Les Bestiaires (1926), la tétralogie des Jeunes filles (1936-1939) et Les Garçons (1969) où, par le biais de transpositions narratives, Montherlant a mis beaucoup de lui-même.

La Ballade du Café Triste (The Ballad of the Sad Cafe), Carson McCullers (par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Mercredi, 29 Janvier 2025. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, USA, Roman, Le Livre de Poche, En Vitrine, Cette semaine

La Ballade du Café Triste (The Ballad of the Sad Cafe), Carson McCullers, Livre de Poche, trad. américain, Jacques Tournier, 106 pages Edition: Le Livre de Poche

 

On sait la fascination qu’exercent sur Carson McCullers les marginaux, les réprouvés, les amoindris, les exclus du monde. Son roman le plus célèbre, Le Cœur est un chasseur solitaire, est une ode à cette humanité oubliée, méprisée. Le Café Triste se constitue en point focal de cette lie humaine, si humaine.

Au cœur d’une bourgade perdue du Sud, autour de l’improbable Amélia, va se tisser une sorte de communauté des âmes perdues, phare inespéré dans un océan de misère. Dans une préface peu inspirée, Jacques Tournier (dit Dominique Saint-Alban) s’aventure à énoncer l’extériorité de McCullers au regard de ses confrères écrivains sudistes, ne lui reconnaissant pas comme prédécesseurs et maîtres Faulkner, O’Connor, Caldwell. Erreur d’autant plus frappante que La Ballade du Café Triste est sûrement, avec Frankie Addams, le roman le plus profondément sudiste de McCullers. Les cadres, les maisons, les gens, la pauvreté, l’idiotie, la folie, tout suinte le Sud. Le début du roman est une évocation toute faulknérienne de la ville en août, on n’attend que Lena* avec son gros ventre…

Les Indignes, Agustina Bazterrica (par Patryck Froissart)

Ecrit par Patryck Froissart , le Mercredi, 29 Janvier 2025. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Amérique Latine, Roman, Flammarion

Les Indignes, Agustina Bazterrica, Flammarion, janvier 2025, trad. espagnol (Argentine), Margot Nguyen Béraud, 190 pages, 21,50 € Edition: Flammarion

 

Atmosphère, atmosphère… Voilà un roman qui a vraiment une gueule d’atmosphère… nauséeuse.

L’histoire se situe quelque part au milieu de nulle part, dans une ère indéterminée que le lecteur est toutefois à même d’à peu près dater, en interprétant quelques éléments narratifs indiciels pseudo-historiques disséminés parcimonieusement, comme postérieure à une catastrophe apocalyptique provoquée par une humanité rapace ayant réussi à détruire la quasi-totalité des espèces végétales et animales et à provoquer presque intégralement l’extinction de son propre genre. La narratrice est l’une des résidentes, arrivée là après une longue errance, dont elle relate par ailleurs, histoire dans l’histoire, le cheminement aventureux dans un environnement désertique à ce point dévasté que, symptomatiquement, le mot « forêt » est systématiquement barré dans le texte lorsqu’il apparaît « accidentellement » sous la plume de cette chroniqueuse clandestine.