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Les Chroniques

Pour Emma (troisième partie) Contre Homais, l’anti-Emma - Madame Bovary, Gustave Flaubert (par Didier Smal)

Ecrit par Didier Smal , le Mardi, 21 Septembre 2021. , dans Les Chroniques, Les Livres, La Une CED

Madame Bovary, Gustave Flaubert, Folio Gallimard, 2001, édition de Thierry Larget, 528 pages, 4,10 €

 

Cette chronique en trois parties est née d’un désir : celui de parler de Madame Bovary non comme d’une œuvre classique, universelle ou universitaire, mais d’évoquer ce que fait ressentir ce roman dans les tripes, par le texte seul, sans glose, surtout si l’on est soi-même Emma, peu importe qu’on soit femme ou homme, surtout si l’on déraisonne en amour, quitte à désespérer parfois de partager cette vibration existentielle qui semble, à qui ne la proclame qu’en discours sans la ressentir de façon absolue, juste le fruit d’un imaginaire littéraire. De cette façon, facile, moderne, de considérer la vibration amoureuse, il ressort aisément qu’elle n’est constituée que de mots, et donc illusoire. Qu’il soit permis de désirer vivre selon cette belle illusion, que les mots tentent de définir depuis des siècles. De toute façon, cette illusion, pour autant que c’en soit une, vaut mieux pour guider une existence que d’autres – celles dont se bercent tous les Homais du monde en particulier.

N’être que ça, Yves Namur (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 20 Septembre 2021. , dans Les Chroniques, Les Livres, La Une CED, Poésie

N’être que ça, Yves Namur, éditions Lettres Vives, juin 2021, 96 pages, 16 €

 

Être, silence, oiseau

Cette poésie très claire et très travaillée, qui côtoie l’essentiel, est satisfaisante en tout point. J’y ai deviné par exemple, un tempérament, et vu nettement le poète lui-même, retrouvant dans l’écume de la réalité poétique, le sens du vrai et de la quintessence, en gros, d’une présence, de la Présence. Donc, l’être. Donc le Dasein de l’être, de l’être en train d’être.

Le poète est au présent – même si ce recueil a été rédigé durant une décennie. Car son poème tire vers le contemplatif, à la japonaise peut-être, en tout cas comme décantation de l’observation, qui, en silence, veille pour l’être, parmi les oiseaux, créatures qui ne sèment ni ne récoltent. La récolte du poète, c’est son poème et sa timide apparition, sa façon de faire place, de rendre vacant ou d’éblouir.

Face aux maisons, Philippe Fumery (par Murielle Compère-Demarcy)

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Jeudi, 16 Septembre 2021. , dans Les Chroniques, Les Livres, La Une CED, Poésie

Face aux maisons, Philippe Fumery, éditions Henry, Coll. Les Ecrits du Nord, avril 2021, 89 pages, 12 €


Le titre de ce nouvel opus poétique de Philippe Fumery, édité chez Henry dans la collection dirigée par Jean Le Boël, Les Écrits du Nord, se trouve explicité à la dernière page. Nous n’en révèlerons pas bien sûr le contenu ici mais indiquons qu’il s’agit d’une citation du poète Pierre Dhainaut, ce qui n’est pas anodin, et qu’elle reste valable non seulement en toutes circonstances mais plus particulièrement au vu du travail du poète. Ainsi ce que le poète nous donne à voir dans le détail des contingences simples, des aléas soulevés par le regard dès que celui-ci se révèle curieux, constitue une mise en abyme de son activité, ce qui revient à dire qu’écrire le poème de chaque jour le respire en ses pores, en mange les instants de tristesse et la joie, en visualise les odeurs, en écoute les humeurs – dans une synesthésie fabuleuse qui nous fait palpitation intégrante d’un cosmos aussi vivant que l’inconnu sidéral est fascinant.

Nos voix persistent dans le noir, Sylvie Fabre G. (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Mercredi, 15 Septembre 2021. , dans Les Chroniques, Les Livres, La Une CED, Poésie

Nos voix persistent dans le noir, Sylvie Fabre G., éditions L’Herbe qui tremble, juin 2021, ill. Jean-Gilles Badaire, 100 pages, 15 €

 

Habitation

On rencontre dans ce livre, si l’on essaye de discerner une tendance appuyée dans la trame générale de ce recueil, des concepts universaux et transversaux. Car il y a dans ce recueil, vie et mort, désir et crainte, soi-même et autrui qui se balancent, s’opposent et se scindent harmonieusement. De cet état de chose, je puis déterminer dans cet ouvrage de dizains, une sorte d’alternance entre le noir et le blanc, la force et la faiblesse, peut-être tout bonnement le yin et le yang chinois, inspirés du taoïsme. En tout cas, une préoccupation spirituelle malgré tout. Donc lumière et obscurité alternent, et le lecteur est obligé de trouver par les « huis » du poème le dessin de la « maison » céleste. Oui, car amour et haine, joie et angoisse cohabitent tellement dans notre monde matériel que le poème ne peut que s’aliéner à sa tâche de représentation de l’esprit.

Pour Emma (deuxième partie) Contre Lheureux, Léon Dupuis et Rodolphe Boulanger (par Didier Smal)

Ecrit par Didier Smal , le Mardi, 14 Septembre 2021. , dans Les Chroniques, Les Livres, La Une CED

 

Madame Bovary, Gustave Flaubert, Folio Gallimard, 2001, édition de Thierry Larget, 528 pages, 4,10 €

 

Dans la première partie de cette chronique relative à Madame Bovary, une seconde partie a été annoncée, relative à Léon, Rodolphe, Lheureux et Homais – cette seconde partie a éclaté sous la pression du personnage Homais, l’exact pendant d’Emma Bovary, qui, dans son orgueilleuse et imbécile arrogance d’apothicaire à la sublime médiocrité, a réclamé que lui soit consacrée une page entière sur le site de La Cause Littéraire. Dont acte – il ne sera question dans cette seconde partie que de Léon Dupuis, Rodolphe Boulanger et l’in-prénommé Lheureux. À eux trois, ils représentent suffisamment la vilenie et l’hypocrisie pour qu’on épargne au lecteur de subir en sus le cas Homais.