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Les Chroniques

Concerto pour marées et silence, revue n°18 – 2025 Dir. Colette Klein (par Murielle Compère-Demarcy)

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Mercredi, 03 Septembre 2025. , dans Les Chroniques, Les Livres, La Une CED, Revues

Concerto pour marées et silence, revue n°18 – 2025 Dir. Colette KLEIN Poésie [228 p.] – 15 €

 

Revue au contenu de substantielle qualité que cet ouvrage rassemblant un florilège d’auteurs (pas moins de 55) contribu(ant) aux accords d’un puissant Concerto dans l’édition de son numéro 18 paru en mai 2025 ! Dans sa mise en pages originale, c’est ici la dernière page, et non la première porteuse habituelle de l’exergue, qui nous propose une citation (de Michèle Gautard), nous invitant par sa partition à relancer en boucle via le mouvement de ses poèmes et articles/notes, l’interrogation qu’il porte comme une partition musicale agrémentée de signes de renvoi et de reprise :

Que faire de toutes ces cendres qui se

griment de souvenirs éteints ?

Griffes 22 (par Alain Faurieux)

Ecrit par Alain Faurieux , le Mardi, 02 Septembre 2025. , dans Les Chroniques, Les Livres, La Une CED

 

Mon Vrai Nom est Elizabeth. Adèle Yon. Editions du Sous-sol ,400 p. 22€

Un livre intéressant. Intéressant est le mot que l’on réserve à celle ou celui que l’on ne veut pas fâcher. Parce que, quand même, il y a là beaucoup d’efforts, de travail, de soi-même.  Mais il faut reconnaître que le produit fini est un peu…gentil ? à perfectionner ? bancal ? Pourtant on trouve dans ces pages du roman familial, de l’autofiction, une charge contre l’invisibilisation des femmes, et puis aussi un survol de la psychiatrie pour les nuls (la fameuse collection). Et puis des pages qui sentent le travail universitaire. Et puis des mails, des pages super-personnelles (avec le tiret), des dialogues/ interrogations particulièrement loupés. Et puis des résumés de grands classiques, des résumés de grands films, et une kinésiologue. Tout ça aurait pu faire un livre, mais la construction est insatisfaisante, pataude. Le style varie d’un type de texte à l’autre mais ne convainc jamais.

Soudain nous ne sommes pas seuls, Paul de Brancion (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 01 Septembre 2025. , dans Les Chroniques, Les Livres, La Une CED, Poésie

Soudain nous ne sommes pas seuls, Paul de Brancion, illustrations Liliane Klapisch, Florence Manlik, éd. de Corlevour, 80 p., 2025, 15 €

Face-à-face avec la mort

Quittons donc les œuvres de ténèbres, et revêtons-nous des armes de lumière.

Paul, Romains, XIII, 12

J’ai lu lentement ce recueil que publie Paul de Brancion, car le poème ici est une eau rare, et il faut savoir économiser sa peine, l’acte de lire, afin de ne pas gâcher la chance d’une prière bien faite prononcée dans le cœur sourd d’une voix intérieure. La lecture se développe dans une cambrure touchant à la fois au fond de l’être humain – sa mort et son existence devant cette mort – et ses espoirs. Oui, ce recueil organise un face-à-face avec la mort et, en définitive, le poète est plus fort qu’elle, il la transcende. Nous sommes tous, quoi que nous fassions, un être devant la mort, et cela pour comprendre la vie, et là, insistant sur un stoïcisme de la pensée. Être stoïque devant l’heure dernière : la plus grande mission de l’homme.

Un sol trop fertile, Cédric Le Penven (par Marc Wetzel)

Ecrit par Marc Wetzel , le Jeudi, 28 Août 2025. , dans Les Chroniques, Les Livres, La Une CED

Un sol trop fertile, Cédric Le Penven, Editions Unes, 2021, 80 pages, 17 €

"j'ai acheté des outils pour sculpter du bois flotté

mon fils à l'école, ma femme au travail

je passe de pièce en pièce, dans le jardin, dans le bureau

je touche les gouges du bout des doigts

ça lancine et ça brûle

tant de colère contre la tristesse

ce paquet de linge gorgé d'eau qui colle et pèse à l'arrière de la nuque"(p.41)

 

La "résilience" s'entend au sens faible (malgré les coups reçus, le goût - et même la capacité - de santé demeure), ou au sens fort (plus un sort fait tomber notre vie, mieux on le surmonte). C'est comme vouloir faire rire le malheur, en bichonnant en retour quelques pieds-de-nez vers lui.

Le Royaume sans murailles, suivi de : L’aurore intranquille, Catherine Andrieu (par Murielle Compère-Demarcy)

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Mardi, 26 Août 2025. , dans Les Chroniques, Les Livres, La Une CED, Poésie

Le Royaume sans murailles, suivi de : L’aurore intranquille, Catherine ANDRIEU, éd. Rafaël de Surtis [120 p.] – 17 €

Je suis née trouée, dit Catherine Andrieu, le laps fulgurant d’un souffle puisé dans une transfiguration chamanique du monde et l’alchimie d’un style, au cœur d’un Royaume sans murailles blotti tel une grotte au creux de la Terre, à l’écart du monde normatif, géode cosmique grandeur nature à même la paroi du vertige. « Je me suis levée avec la sève aux poignets », poursuit-elle, dressée à l’assaut du ciel sous l’arche végétale où le velours des fougères cervidées, entre autres -au milieu d’une faune sauvage qui n’a de sauvage qu’une liberté indomptable- peuple l’animale forêt de sa pensée. Par les interstices du feuillage, ceux de l’observation patiente, de la peur, du doute,  de la clairvoyance, elle s’y incarne par le sang de ses mots prenant racine « sur un sol (…) de sources invisibles » (arbre, clairière, « langue rauque des torrents », …), dans une osmose alchimique de sourcière, renversant la perspective, accouchant d’oiseaux en vol du Saint-Esprit sur les persiennes de sa chair, par le ventre de l’œil à l’écoute visionnaire (« des oiseaux carnivores sont nés dans mes cils »). Elle remue les globules de son encre dans le calice d’une immobilité figurative incorporant le total univers non domestiqué qui nous entoure.