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Les Chroniques

Les coups de griffe d’Alain Faurieux

Ecrit par Alain Faurieux , le Mardi, 17 Octobre 2023. , dans Les Chroniques, Les Livres, La Une CED

 

Pauvre folle (Nanar primeur), Chloé Delaume, Le Seuil, août 2023, 240 pages, 19,50 €

Dans une veine bien française (cavalier noir…), un petit volume qui concentre tous les clichés du siècle : voyage vers Heidelberg (la littérature, l’occident, les valeurs, tout ça), quinquagénaire se retournant sur son passé, maladie mentale, choc de #metoo, matricide et sexualité fatiguée. Dès l’avatar de l’auteur le lecteur sait que la soupe sera tiède. Clotilde Mélisse, vraiment ? Petite définition-du Journaldesfemmes bien sûr : « La mélisse soulage les ballonnements, les douleurs liées au foie, et apaise en cas de nervosité, de dépression légère, d’hypertension. Elle possède bien des propriétés à mettre à profit dans les problèmes cutanées (sic), les mycoses et l’herpès labial ».

Anthologie des mythes et légendes de la Chine ancienne, traduit du chinois et indexés par Rémi Mathieu & Contes de la Montagne Sereine

Ecrit par Didier Smal , le Lundi, 16 Octobre 2023. , dans Les Chroniques, Les Livres, La Une CED, Asie, Contes

Anthologie des mythes et légendes de la Chine ancienne, traduit du chinois et indexés par Rémi Mathieu, mai 2023, 272 pages, 11 € & Contes de la Montagne Sereine, traduction du chinois par Jacques Dars, mai 2023, 558 pages, 15 €

 

Gallimard a la bonne idée de rééditer deux ouvrages importants pour qui veut s’intéresser à l’esprit de la Chine ancienne de façon directe, c’est-à-dire sans passer par le biais d’un glossateur ou d’un essayiste. Le premier, Anthologie des mythes et légendes de la Chine ancienne, propose ce qu’indique son titre : un aperçu de la mythologie chinoise telle qu’elle a traversé les siècles, de façon fragmentaire, sans un Hésiode, un Hérodote ou un Ovide pour mettre de l’ordre dans des histoires extraordinaires qui, comme tout mythe, expliquent voire justifient l’état du monde, aussi d’un point de vue politique. Comme l’écrit Rémi Mathieu dans une introduction éclairante, ces mythes « ont été longtemps le terreau d’un des plus impressionnants ensembles culturels ».

K, après toi, Jacques Allemand (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 16 Octobre 2023. , dans Les Chroniques, Les Livres, La Une CED, Poésie

K, après toi, Jacques Allemand, éditions Milagro, juin 2023, 50 pages, 11 €

 

Intrigue

K comme un frisson au bout des doigts,

il lui faut plusieurs histoires à la fois,

sa préférée, une montagne oubliée des cartes,

allez-y voir, des cairns vous montrent le chemin

K feint de disparaître derrière l’un d’eux,

il va falloir faire sans lui tout en sachant qu’il est là,

enfin plus ou moins,

comme sa montagne

Le Dernier Messie, Peter Wessel Zapffe (par Marc Wetzel)

Ecrit par Marc Wetzel , le Vendredi, 13 Octobre 2023. , dans Les Chroniques, Les Livres, La Une CED, Allia

Le Dernier Messie, Peter Wessel Zapffe, éditions Allia, août 2023, trad. Françoise Heide, 48 pages, 6,50 €

 

 

Quand on attend un Messie, c’est déjà que ça ne va pas bien fort ; mais quand on en appelle, comme ici, à un « dernier Messie » (un de la dernière chance), c’est qu’on joue le va-tout de sa propre demande de salut. Et puis, littéralement, le dernier Messie (le der de der) arrive par principe dans un monde où il ne pourra plus s’en former un autre, dans la fin, donc, de tout monde normal (imparfait, désespérant, déchiré). Mais un Messie, en pleine fin ou décomposition du monde, quel rôle y jouerait-il ? Et quelle espérance peut donc susciter quelqu’un venu pour donner le coup de sifflet final (sinon mobiliser quelques quolibets ou sourires navrés) ? À quoi bon, un « Messie pour la route », s’il n’y a plus de route ?

Automne allemand, Stig Dagerman (par Jacques Desrosiers)

Ecrit par Jacques Desrosiers , le Jeudi, 12 Octobre 2023. , dans Les Chroniques, Les Livres, La Une CED, Langue allemande, Babel (Actes Sud)

Automne allemand, Stig Dagerman, Actes Sud (1980), Coll. Babel, 2004, trad. suédois, Philippe Bouquet, 176 pages, 7,10 €


Il faut avoir l’estomac solide pour passer à travers cet Automne allemand de l’écrivain suédois, connu surtout pour Notre besoin de consolation est impossible à rassasier, court monologue très émouvant qu’il a écrit six ans plus tard. Dagerman y écartera, l’une après l’autre, toutes les consolations qui s’offrent à notre solitude et à notre difficulté de vivre, mais n’apportent qu’un réconfort passager quand elles sont authentiques (comme une âme sœur, une promenade, un animal bien vivant à côté de nous), ou conduisent au désespoir quand elles sont fausses (les plaisirs tous azimuts). À la fin, toutes nos croyances s’écroulent, mais le doute lui-même semble prétentieux car il est « lui aussi, entouré de ténèbres ». Reste le « silence vivant », le désir de vivre, de ne pas se laisser écraser par le nombre. Pas le genre enjoué vraiment, mais la personne parfaite pour aller faire un reportage, à l’âge de 23 ans, sur ce qui se passait chez les Allemands dans « cet automne triste, froid et humide » de 1946.