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Les Chroniques

Le Ring du Poète, Ramiro Oviedo (par Murielle Compère-Demarcy)

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Jeudi, 23 Septembre 2021. , dans Les Chroniques, Les Livres, La Une CED, Poésie

Le Ring du Poète, Ramiro Oviedo, Éditions La Chouette Imprévue, Coll. Meteor, juin 2021, 92 pages, 12 €

 

Et si la vie du poète était un combat sur le ring avec ses gants de boxe s’armant aujourd’hui contre « la Bestia Covid » comme l’appelle le poète Ramiro Oviedo, et que son uppercut extrême ne serait pas celui « qu’on essaye d’esquiver » mais celui lancé direct par ses « mots comme des bras musclés », par ses poings chauffés par la main résistante de la poésie ? Le « boxeur-poète » met sans coup férir « son grain de rage / sur le ring et dans la vie » dans cet opus de combat pour la PoéVie publié aux éditions de La Chouette Imprévue, maison d’édition associative des forêts livresques de Picardie. Ça cogne, ça percute, ça « up-percute » ! « Approchez, approchez, ici ça va saigner ! », nous avertit d’entrée « l’annonceur du ring ». Rappelons que cet opus a été initialement l’objet d’une performance où l’annonceur du ring présentait le boxeur et où à chaque son de cloche il lui posait une question. « Les douze rounds intenses, aux coups inépuisables, contiennent les réponses ».

Poésie complète, 1980-2020, Jacques Guigou (par Marc Wetzel)

Ecrit par Marc Wetzel , le Mercredi, 22 Septembre 2021. , dans Les Chroniques, Les Livres, La Une CED, Poésie

Poésie complète, 1980-2020, Jacques Guigou, Editions L’Impliqué, septembre 2021, 712 pages, 25 €

 

« D’abord ces sables piétinés

puis la mer

la mer et sa constellation d’éclats

puis les oscillations

de ces coquilles qui se font

de ces fossiles qui se défont

puis l’ancien phare

désinvolte autant que serein

soudain sur le quai

le coup de patte de ce qui n’apparaît pas » (p.634)

Hommage à Roland Jaccard (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Mardi, 21 Septembre 2021. , dans Les Chroniques, La Une CED

 

Roland Jaccard a mis fin à ses jours le lundi 20 septembre 2021 au matin. Ses amis, ses lecteurs attentifs, ne seront pas surpris, même s’ils penseront, à raison, qu’il aurait pu attendre encore quelques années et quelques livres avant d’en finir avec ce monde.

Nous avions, j’avais, rendez-vous ces derniers temps, un fois par an, avec un nouveau livre, des livres toujours brillants, piquants, drôles, lumineux, dernier en date : « On ne se remet jamais d’une enfance heureuse » (Editions de l’Aire) et cette même année Serge Safran publia son Journal, celui du Monde d’avant (1983-1988), qui est et restera comme l’un des grands livres de cette année fatale.

Roland Jaccard fut donc chroniqueur dans un journal du soir, il y parlait psychanalyse  et littérature, éditeur de talent aux Presses Universitaires de France, où il y dirigea la collection Perspectives critique, il publia notamment des livres de Marcel Conche – Temps et destin, André Comte-Sponville – Petit traité des grandes vertus, Serge Doubrovsky – Autobiographiques : de Corneille à Sartre, Gilles Deleuze – Proust et les signes, Stéphan Zweig, Barry Paris – Louise Brooks, et ses propres petits livres – La tentation nihiliste, le catalogue de la collection quand il y œuvrait est étourdissant.

Pour Emma (troisième partie) Contre Homais, l’anti-Emma - Madame Bovary, Gustave Flaubert (par Didier Smal)

Ecrit par Didier Smal , le Mardi, 21 Septembre 2021. , dans Les Chroniques, Les Livres, La Une CED

Madame Bovary, Gustave Flaubert, Folio Gallimard, 2001, édition de Thierry Larget, 528 pages, 4,10 €

 

Cette chronique en trois parties est née d’un désir : celui de parler de Madame Bovary non comme d’une œuvre classique, universelle ou universitaire, mais d’évoquer ce que fait ressentir ce roman dans les tripes, par le texte seul, sans glose, surtout si l’on est soi-même Emma, peu importe qu’on soit femme ou homme, surtout si l’on déraisonne en amour, quitte à désespérer parfois de partager cette vibration existentielle qui semble, à qui ne la proclame qu’en discours sans la ressentir de façon absolue, juste le fruit d’un imaginaire littéraire. De cette façon, facile, moderne, de considérer la vibration amoureuse, il ressort aisément qu’elle n’est constituée que de mots, et donc illusoire. Qu’il soit permis de désirer vivre selon cette belle illusion, que les mots tentent de définir depuis des siècles. De toute façon, cette illusion, pour autant que c’en soit une, vaut mieux pour guider une existence que d’autres – celles dont se bercent tous les Homais du monde en particulier.

N’être que ça, Yves Namur (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 20 Septembre 2021. , dans Les Chroniques, Les Livres, La Une CED, Poésie

N’être que ça, Yves Namur, éditions Lettres Vives, juin 2021, 96 pages, 16 €

 

Être, silence, oiseau

Cette poésie très claire et très travaillée, qui côtoie l’essentiel, est satisfaisante en tout point. J’y ai deviné par exemple, un tempérament, et vu nettement le poète lui-même, retrouvant dans l’écume de la réalité poétique, le sens du vrai et de la quintessence, en gros, d’une présence, de la Présence. Donc, l’être. Donc le Dasein de l’être, de l’être en train d’être.

Le poète est au présent – même si ce recueil a été rédigé durant une décennie. Car son poème tire vers le contemplatif, à la japonaise peut-être, en tout cas comme décantation de l’observation, qui, en silence, veille pour l’être, parmi les oiseaux, créatures qui ne sèment ni ne récoltent. La récolte du poète, c’est son poème et sa timide apparition, sa façon de faire place, de rendre vacant ou d’éblouir.