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Roman

La vie privée, Olivier Steiner

Ecrit par Arnaud Genon , le Mardi, 08 Avril 2014. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Gallimard, L'Arpenteur (Gallimard)

La vie privée, mars 2014, 160 pages, 13,90 € . Ecrivain(s): Olivier Steiner Edition: L'Arpenteur (Gallimard)

 

Le corps et l’esprit


Au début, il y a la mort, il y a un mort. Au premier étage d’une maison de bord de mer, gît Emile. Un vieil homme duquel le narrateur, Olivier, s’est occupé pendant 3 ou 4 ans. Il avait besoin d’un toit. Emile était malade, âgé, il tombait, il avait besoin qu’on le relève… L’un a sauvé l’autre qui n’est pas celui qu’on croit : « Le prodige est qu’en le relevant je me redressais », note le narrateur. Il y a donc un corps, ce corps sur lequel la mort opère son travail : il se refroidit, se raidit, au son d’une sonate de Schubert. Il n’y a que ce corps car Emile, la veille déjà, s’en était détaché : il « regardait le plafond, comme si tout ce qui avait un rapport avec son corps ne l’intéressait plus, ne le concernait plus ». Mais Olivier n’avertit personne. Il attend, au rez-de-chaussée. Un homme. Un autre.

Tout s’effondre, Chinua Achebe (2ème critique)

Ecrit par Victoire NGuyen , le Lundi, 07 Avril 2014. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Afrique, Actes Sud

Tout s’effondre, nouvelle traduction de l’Anglais (Nigeria) par Pierre Girard, octobre 2013, 225 pages, 21,80 € . Ecrivain(s): Chinua Achebe Edition: Actes Sud

De son immense œuvre, Tout s’effondre occupe une place à part. Publié en 1958, c’est le roman qui a fait connaître Chinua Achebe et l’a propulsé sur la scène littéraire internationale puisque l’œuvre a été traduite en une cinquantaine de langues et vendue à des dizaines de millions d’exemplaires.

De plus, son intrigue présente l’histoire de la colonisation de l’Afrique par les Européens en adoptant le point de vue africain. Chinua Achebe met en scène un personnage littéraire de première importance, Okonkwo,  car il porte l’histoire de l’Afrique de son apogée à sa chute au travers les vicissitudes de sa propre destinée.

En effet, dès l’ouverture du roman, Okonkwo dont le nom signifie « feu qui dévore tout » jouit d’une position sociale de prestige dans le village ibo d’Umuofia. Il est un riche fermier. Chef de son clan, il surveille ses trois épouses et règle les conduites de ses enfants selon les attentes du clan. Façonné par une société traditionnelle agraire, il respecte les rites des saisons, pratique les sacrifices pour honorer la mémoire de ses ancêtres et attirer la protection des dieux tutélaires du clan. Enfant du clan, il est aussi l’un des sages qui officient à l’établissement des règles pour maintenir le village dans l’observance des traditions.

Tendre comme les pierres, Philippe Georget

Ecrit par Catherine Dutigny/Elsa , le Mardi, 01 Avril 2014. , dans Roman, Les Livres, Critiques, Polars, La Une Livres, Jigal

Tendre comme les pierres, février 2014, 344 pages, 19 € . Ecrivain(s): Philippe Georget Edition: Jigal

 

 

La Jordanie, Pétra, le Wadi Rum, les Bédouins, la silhouette de Lawrence d’Arabie en arrière-plan…

Philippe Georget a choisi ces lieux et ces personnages avec soin et amour pour situer l’intrigue de son dernier roman Tendre comme les pierres.

Lionel Terras, ancien grand reporter de guerre, travaille désormais, la cinquantaine bien sonnée, pour une société de production audiovisuelle spécialisée dans le documentaire d’entreprise, ZêtaComTV. Un reportage est prévu sur un chantier de fouilles à Pétra, dirigé par un vieil archéologue français de 82 ans, le professeur Rodolphe Moreau. Un job alimentaire pour un Terras aux fins de mois difficiles, un travail sans surprises, qui ne devrait pas poser de problème particulier. Mais, lorsqu’il cherche à contacter l’archéologue, il découvre que celui-ci vient d’être jeté en prison, accusé de pédophilie.

Le lys de Brooklyn, Betty Smith

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 27 Mars 2014. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, Belfond

Le Lys de Brooklyn (A tree grows in Brooklyn) Traduction (USA) Maurice Beerbrock 1946. mars 2014. 709 p. 19 € . Ecrivain(s): Betty Smith Edition: Belfond

Les éditions Belfond continuent avec leur collection Vintage à nous dénicher des bijoux qui ont eu leur heure de gloire et – on ne sait pour quelle étrange raison – ont un peu disparu des mémoires de lecteurs. Ce fut il y a peu le superbe « Edisto » de Padgett Powell (lien). Voici « le lys de Brooklyn » de Betty Smith, non moins superbe !

Ce livre a vraiment connu son heure de gloire. Jugez-en. Publié en 1943,  il connut un succès immédiat et phénoménal, plus d’un million d’exemplaires vendus la première année. Mieux encore, Elia Kazan s’en saisit aussitôt pour réaliser le film éponyme de 1945 qui fut également un grand succès populaire. Traduit en français en 1946 par Maurice Beerblock et depuis, plus d’édition ! Voici donc un beau présent dans nos mains !

Elle s’appelle Francie. C’est la petite héroïne du roman. Francie, presque Frankie ; Il est impossible de ne pas penser à la « Frankie Addams » de la grande Carson McCullers tant ces deux très jeunes filles ont de traits communs : La vivacité, l’intelligence immédiate des situations et des personnes, la drôlerie, la droiture morale, la bonté. Les deux livres sont parfaitement contemporains, ce qui ajoute à la nécessité du rapprochement. Mais avec Betty Smith, la période de la narration est plus étendue, quelques années et la démarche initiatique plus évidente.

Prières nocturnes, Santiago Gamboa

Ecrit par Catherine Dutigny/Elsa , le Jeudi, 27 Mars 2014. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Amérique Latine, Métailié

Prières nocturnes, traduit de l’espagnol (Colombie) par François Gaudry, janvier 2014, 312 p. 20 € . Ecrivain(s): Santiago Gamboa Edition: Métailié

 

« Le temps, parfois, est un problème de lumière. Avec les années, certaines formes acquièrent une brillance ou, au contraire, se couvrent d’une étrange opacité. Ce sont les mêmes formes, mais elles apparaissent plus vivantes et parfois, parfois seulement, on parvient à les comprendre ».

Le temps a passé… et le Consul-écrivain se remémore dans une chambre de l’hôtel Oriental, à Bangkok, l’histoire de Manuel Manrique et de sa sœur aînée Juana, deux jeunes compatriotes colombiens qui ont définitivement marqué sa propre existence.

Deux jeunes gens, issus d’une famille de la classe moyenne « limite » de Bogotá, et dont les parents sont acquis, comme nombre de colombiens en 2002, aux idées du Président Álvaro Uribe. Deux jeunes gens écœurés par la médiocrité de leurs géniteurs, par la déliquescence de l’intelligentsia colombienne, par l’atmosphère étouffante d’une société scindée artificiellement entre patriotes et terroristes, par la corruption, par la violence et la répression sanglante des ennemis vrais ou inventés d’un pays lancé dans une politique de « sécurité démocratique », dans la guerre contre les FARC et le trafic de stupéfiants. En ces temps de « redressement patriotique », les familles se déchirent, les générations s’opposent, les amitiés se délitent, les libertés individuelles et l’espoir tendent à disparaître.