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Roman

Une mesure de trop, Alain Claude Sulzer

Ecrit par Stéphane Bret , le Mercredi, 15 Janvier 2014. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Editions Jacqueline Chambon

Une mesure de trop, septembre 2013, 267 pages, 22 € . Ecrivain(s): Alain Claude Sulzer Edition: Editions Jacqueline Chambon

Marek Olsberg est un pianiste de renom, consacré par les medias, estimé de son propre milieu. Il va donner à la Philharmonie de Berlin un récital de piano en solo. Exercice périlleux pour un musicien, même confirmé. Il doit jouer ce soir-là des œuvres de Scarlatti, de Barber et de Beethoven dont il prévoit d’exécuter la Sonate Hammerklavier N°29 opus 106.

Alors qu’il l’interprète devant les auditeurs attentifs de la Philharmonie parmi lesquels certains de ses amis, des artistes, des élus locaux, des personnalités du monde musical, il s’arrête en plein concert, ferme le piano et quitte l’estrade en énonçant : « C’est tout ».

L’habilité d’Alain Claude Sulzer consiste à décrire dans une première partie de ce roman les vies et interdépendances entre certains personnages qui ont pour point commun d’avoir approché Marek Olsberg, de travailler pour lui, telle Astrid Maurer, secrétaire remarquablement efficace et dévouée, témoignant pour son patron une disponibilité de tous les instants, le protégeant des importuns, de la presse, du monde extérieur. Il y a également un couple d’homosexuels, Claudius et Nico. On apprendra plus tard que Claudius a été l’amant de Marek. D’autres personnes sont impliquées dans ce panorama : Esther, qui va découvrir, en rentrant chez elle plus tôt que prévu, que son époux Thomas la trompe et se comporte comme un homme salace et lubrique.

Le cycle des destins, Aylin et Siam, Éric Simard

Ecrit par Cathy Garcia , le Mardi, 14 Janvier 2014. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Syros

Le cycle des destins, Aylin et Siam, octobre 2013, 298 p. 15,90 € . Ecrivain(s): Eric Simard Edition: Syros

 

 

Voici un bien beau roman futuriste. L’histoire prend place en 2132 dans un Paris d’après la Grande Catastrophe : un tremblement de terre a ravagé la France en 2123 et un tsunami a englouti Paris. N’en demeurent émergés que le haut des bâtiments les plus élevés ainsi que deux collines : Montmartre et le Mont Valérien qui sont devenus des îles. Les survivants se sont organisés depuis, en communautés séparées, sans grand contact entres elles, chacune devant se protéger des pillards qui viennent en bateaux de la périphérie. D’autres dangers rôdent aussi comme les grandes créatures ailées de la Tour Carnasse (ancienne Montparnasse), sans doute échappées de laboratoires où elles auraient été créées et les grands requins blancs qui sont venus peupler les eaux à certains endroits.

L’ami des femmes, Diego Marani

Ecrit par Patryck Froissart , le Lundi, 13 Janvier 2014. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Italie, Rivages

L’ami des femmes (L’amico delle done), traduit de l’italien par Anna Colao, 302 pages, 9,65 € . Ecrivain(s): Diego Marani Edition: Rivages

 

Ernesto !

Un sacré personnage !

On pense d’emblée, en abordant ce roman savoureux et triste, au film de Truffaut, de titre presque éponyme, L’homme qui aimait les femmes (1977) et au personnage magnifiquement interprété par Charles Denner.

Ernesto, professeur d’italien et de latin dans une école de Trieste, « avait toujours été l’ami des femmes ».

Comment être l’ami sans être l’amant ? Est-il possible d’être à la fois l’un et l’autre ? L’amour est-il viable à partir du moment où il est tellement installé dans le quotidien que disparaît toute crainte de perdre celle qu’on aime ?

Questions lancinantes pour Ernesto, angoissantes, récurrentes dans le carrousel de ses conquêtes.

Juste après la pluie, Thomas Vinau

Ecrit par Philippe Chauché , le Lundi, 13 Janvier 2014. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Poésie, Alma Editeur

Juste après la pluie, 30 janvier 2014, 280 pages, 17 € . Ecrivain(s): Thomas Vinau Edition: Alma Editeur

 

Quelle belle manière d’ouvrir la nouvelle année par ce roman-poésie au titre éclairant, aux éclats romanesques, judicieux et joyeux même parfois dans son insaisissable tremblement. Roman-poésie qui s’appuie sur cette lumineuse phrase de Pavese tiré de son métier de vivre : « Mais la grande, la terrible vérité, c’est celle-ci : souffrir ne sert à rien », en effet ! Cette vérité terrible ouvre ceux qui ne s’en doutaient pas à de nouvelles aventures de la liberté libre, ce qui n’est jamais de tout repos.

Vinau attentif à ce qu’il voit, c’est l’œil qui écrit, choisir ses mots avec la même attention que porte Matisse à choisir ses pigments. A ce qu’il sent, la peau toujours aux aguets. A ce qu’il pense, les mouvements du corps sont aussi des sauts dans l’espace de la pensée vive qui jamais n’oublie d’en sourire. A ce qu’il entend, l’oreille qui chante ; vigilance de l’écrivain aux éclairs du Temps, au vent, au soleil, aux comètes, aux fleurs et aux fruits, au ventre doux de la terre, comme finalement chez Francis Ponge,  son ancêtre en art du bref.

Love Hotel, Christine Montalbetti

Ecrit par Matthieu Gosztola , le Samedi, 11 Janvier 2014. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, P.O.L

Love Hotel, 2013, 171 pages, 15 € . Ecrivain(s): Christine Montalbetti Edition: P.O.L

 

Comment retranscrire le réel ?

Que peut le roman face à la richesse si débordante de souffle qui fait chaque parcelle de nos vies ?

Comment dire non pas le visible mais notre rapport à lui, sans jamais éluder ce qui en constitue la trame la plus secrète ?

Comment, par l’écriture, retranscrire la saveur même des choses, qui, la plupart du temps, ne se conjugue que sur le mode de l’éphémère le plus abouti, toute saveur ayant pour vocation de se transformer au fur et à mesure de son envol, de se muer en autre chose, et, enfin, en la perte d’elle-même…

Enfin, comment faire du muscle de l’écriture cela même qui serait disposé à soulever, voile à la maille dense posé sur le monde, notre indifférence aux choses, pour qu’enfin nous puissions goûter, mastiquer, les pousses de réel par quoi la vie se fait jour au-dedans de nous et nous jette dans le ballet du visible, au centre d’idiosyncrasies qui, toutes, ont leur prénom à nous apprendre. À nous souffler. Et, pour quelques-unes, à souffler dans le cœur de nos vies…