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Roman

La musique des pierres, Nicolas Idier

Ecrit par Philippe Chauché , le Jeudi, 20 Février 2014. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Gallimard

La musique des pierres, janvier 2014, 336 pages, 21 € . Ecrivain(s): Nicolas Idier Edition: Gallimard

 

« Je marche tous les jours, par tous les temps, même les nuits pluvieuses. Les villes d’Asie ne dorment jamais à poings fermés. Moi non plus, depuis le jour-sans-nom ».

Les beaux livres ne dorment jamais, comme les vagues qui viennent de si loin que l’on se demande souvent si elles ne sont pas éternelles, nées du caprice d’un dieu. L’écrivain regarde les vagues de loin, s’avance, ses pieds se posent sur mille petites pierres roulées, le corps s’élance dans le mouvement permanent de l’eau, les bras, les jambes, la tête, ce n’est pas un nageur, c’est un ange. Les beaux livres offrent au lecteur attentif aux récifs, des nuits blanches et calmes, des nuits dessinées au pinceau avec grande attention, comme les pierres de Liu Dan qui s’élancent dans le mouvement du Temps chinois, le Temps éternel qui est à bien l’embrasser, la plus belle des révolutions. Les beaux livres ne dorment jamais les pages fermées, elles s’ouvrent comme des fleurs du désert, pierres de sables qui glissent entre les doigts, et ne retombent jamais en poussière.

L’assassinat d’Elsa, André Rollin

, le Mercredi, 19 Février 2014. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Le Cherche-Midi

L’assassinat d’Elsa, janvier 2014, 159 pages, 16 € . Ecrivain(s): André Rollin Edition: Le Cherche-Midi

 

Comme les poupées russes, L’assassinat d’Elsa est un roman dans le roman. Le libraire Patrice Quentin a été engagé, dans les années 70, par Louis Aragon pour signer un roman à sa place. Il devait y raconter l’assassinat de sa femme, Elsa, que le poète a étouffée avec un coussin. Rouge évidemment, quand on s’appelle Aragon.

L’inspecteur Michaloir, policier qui ambitionne d’écrire un polar, habite en face de la librairie de Quentin ; il enquête sur la mort d’Ernest Tation (de métro ?), éditeur qui a été étouffé par un manuscrit. Michaloir, pour concrétiser son rêve vient d’ailleurs chaque semaine acheter un roman policier à Quentin mais cela ne stimule guère son inspiration.

Dernier personnage, Salomé. Rien à voir avec l’excitée qui veut la tête de Jean-Baptiste. Fille de Michaloir, Salomé est une grande lectrice qui observe le fantasque libraire Quentin de la fenêtre de sa chambre à coucher et lui rend souvent visite pour lui acheter des romans qui n’existent pas. Salomé s’ennuie mais elle comprend la vie avant tout le monde. Privilège de la jeunesse, sans doute.

Derrière la colline, Xavier Hanotte

Ecrit par Stéphane Bret , le Mercredi, 19 Février 2014. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Belfond

Derrière la colline, janvier 2014, 430 pages, 20 € . Ecrivain(s): Xavier Hanotte Edition: Belfond

 

Derrière la colline est un roman de Xavier Hanotte, écrit en 2000, et réédité fort à propos par les éditions Belfond. Cette réédition s’inscrit dans l’ensemble des commémorations du centenaire de la première guerre mondiale.

Nigel Parsons et William Salter, les deux principaux personnages de ce roman, vont être engagés en cette année 1916 dans les opérations de la bataille de la Somme, événements des plus meurtriers de cette guerre. Pour Nigel Parsons, le rapport au père, et plus exactement le besoin de voir l’estime de ce dernier confirmée, le conduit à s’engager, tout autant que l’échec de sa relation avec Béatrice, femme à l’égard de laquelle ses sentiments se sont taris. Au cours de sa phase de préparation, pendant laquelle il rencontre William Salter, jardinier de son état, Nigel Parsons éprouve le besoin de lire les vers d’un poète Nicholas Parry, pour se délecter des descriptions de la nature contenues dans les vers de ce poète. Pourtant, c’est sur la nature des sentiments de ses frères d’armes que s’interroge Nigel Parsons : « Ils ont signé, ils ont choisi. Mais en fin de compte, le but leur importe peu. Même allongée d’alcool, ils ont la foi. Et surtout l’élan. Cela seul compte ».

Le Mystère Fulcanelli, Henri Lœvenbruck

Ecrit par Stéphane Chemin , le Mardi, 18 Février 2014. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Flammarion

Le Mystère Fulcanelli, octobre 2013, 450 pages, 21 € . Ecrivain(s): Henri Lœvenbruck Edition: Flammarion

Livre après livre, le romancier Henri Lœvenbruck sait comment tirer les fils d’une bonne histoire. Immédiatement, ceux qui savent et apprécient les délires d’intrigues du biker le plus cool de la littérature frenchie, pensent Rasoir d’Ockham, Les Cathédrales du vide, L’Apothicaire. Pas du roman de garage tout ça ! Pour les novices, prenez un bol d’Histoire, mettez-y une pincée d’humour, une bonne louche de gros œuvre, adjoignez-y une solide documentation, secouez le tout, saupoudrez d’imagination, décorez d’un zeste de mystère et servez sur tranches bien chaud…

Ce coup-ci, les marrons étaient chauds depuis plus d’un siècle ! Bon, pour les brêles en ésotérisme, Le Mystère Fulcanelli est aussi connu du bon peuple que la somme exacte des bâtonnets dans Rain Man. Ça n’empêche pas de s’intéresser, et même les billes en « fulcanellisme » avancé peuvent apprécier ce livre qu’Henri Lœvenbruck a mis plusieurs années à écrire. Fulcanelli, c’est l’arlésienne. Au 20e siècle, de nombreux chercheurs, des passionnés, des érudits, des exégètes se sont cassé et les dents et le cabochon à vouloir découvrir la véritable identité de ce mystérieux alchimiste du 19e siècle. La faute à un homme : son assistant, son apprenti, son « padawan », l’homme par qui le mystérieux monsieur F. prend corps (et plume) sur le papier : Eugène Canseliet.

Marcel Proust, Un amour de Swann, orné par Pierre Alechinsky

Ecrit par Matthieu Gosztola , le Lundi, 17 Février 2014. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Gallimard, Arts

Marcel Proust, Un amour de Swann, orné par Pierre Alechinsky, 208 p. octobre 2013, 39 € . Ecrivain(s): Pierre Alechinsky Edition: Gallimard

 

Alechinsky* aime à épouser le mouvement immobile, – immobilité déployée –, d’un livre, par ses traits – incisifs, débridés, et ouverts sur un silence que rien ne saurait venir briser : celui du recueillement, de la prière qu’est tout sommeil véritable (le sommeil étant un repli de l’être, soudain miniaturisé – sans qu’il soit utile, pour cela, que le corps change de forme –, dans le cocon d’invisible qu’il garde reclus dans lui).

Il a ainsi « illustré » – ajoutant souvent eaux fortes – de très nombreux livres et plaquettes pour les éditions Fata Morgana. L’on retiendra notamment Oiseau ailé de lacs et Invention de la pudeur de Salah Stétié, Trois poèmes d’Alvaro de Campos de Pessoa, Mon voyage en Amérique de Cendrars, Fleur de cendres de Lokenath Bhattacharya, Plénièrement de Gracq, Le poète assassiné d’Apollinaire, Celle qui vient à pas légers de Jacques Réda, Vacillations de Cioran, Les rougets d’André Pieyre de Mandiargues, et Le carnet du chat sauvage de Charles-Albert Cingria. Sans oublier les très beaux – car très nus – ouvrages de Gérard Macé, où paraît une pensée, dans ses muscles non forcés.