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Roman

Les nuits de Vladivostok, Christian Garcin

Ecrit par Patryck Froissart , le Samedi, 08 Juin 2013. , dans Roman, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Stock

Les nuits de Vladivostok, janvier 2013, 360 pages, 20,50 € . Ecrivain(s): Christian Garcin Edition: Stock

 

Par quel hasard le Français Thomas Rawicz, sorte de rêveur poète aventurier, se retrouve-t-il, sans l’avoir voulu, à Vladivostok, alors qu’il croyait avoir pris un train pour rejoindre son épouse Marie à des milliers de kilomètres de là ?

Sur quel quiproquo les Chinois Zuo Luo et Chen Wanglin, justiciers volontaires, chasseurs de proxénètes, croisent-ils le chemin de Rawicz en une rencontre pour le moins violente ?

Quelle force occulte transforme-t-elle l’antagonisme initial entre les deux Chinois et le Français en un protagonisme qui les amène à ne plus se quitter sur la piste d’un mystérieux criminel nommé Thomas Krawczyk ?

Quel est l’obscur dessein du destinateur qui, de Moscou, fait aboutir le long et fou périple pédestre d’Oleg Svechnikov à Vladivostok, tout droit en les lieux que sillonnent les deux Chinois ?

Il n'y a qu'une façon d'aimer, Monique Barbey

Ecrit par Stéphane Bret , le Jeudi, 06 Juin 2013. , dans Roman, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Alma Editeur

Il n’y a qu’une façon d’aimer, 6 juin 2013, 432 pages, 22 € . Ecrivain(s): Monique Barbey Edition: Alma Editeur

Il existe toujours un danger élevé en littérature, c’est de décrire un amour impossible sans tomber insensiblement dans les pires clichés ou les caricatures les plus outrancières. Cet écueil, Monique Barbey l’évite, pour le plus grand bonheur des lecteurs de son récit intitulé Il n’y a qu’une façon d’aimer. Monique Bierens de Haan, née Barbey, est suisse ; elle a épousé un Hollandais dont elle aura cinq enfants. C’est une Genevoise, élevée dans les traditions, dans le culte de la culpabilité, du rigorisme du protestantisme calviniste qui a marqué de son empreinte la vie de cette cité. Cette femme est conquérante, souffre de la tutelle exercée par sa famille, à tel point que cette dernière lui impose d’épouser Barthold Bierens de Haan, son actuel époux. Le récit n’est pas un roman, c’est l’exposition d’un journal tenu par Monique Barbey entre 1943 et 1948, découvert par son fils et édité par les soins de ce dernier.

En 1942, Monique Bierens de Haan s’engage dans l’Armée néerlandaise en exil aux côtés de son époux. Elle rencontre à Londres le général Koenig, héros de la France Libre et vainqueur de la bataille de Bir-Hakeim. Elle en tombe amoureuse et expose cette situation dans les lignes datées du 20 juillet 1944 : « C’est la foudre qui m’a frappée. Je suis clouée sur ce banc et mon cœur s’arrête de battre. Je ne bouge plus et retiens mon souffle, craignant d’avoir compris. Personne ne m’avait jamais dit ainsi qu’il m’aimait ».

Je n'ai de goût qu'aux pleurs que tu me vois répandre, Sébastien Bonnemason-Richard

Ecrit par Frédéric Aribit , le Jeudi, 06 Juin 2013. , dans Roman, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Alma Editeur

Je n’ai de goût qu’aux pleurs que tu me vois répandre, janvier 2013, 99 pages, 14 € . Ecrivain(s): Sébastien Bonnemason-Richard Edition: Alma Editeur

 

Qui est-il ? On ne sait pas trop. Un homme amoureux, qui traverse le pays pour aller la rejoindre. Qui est-elle ? On le sait encore moins. Lycéenne encore. Plus jeune que lui. Il la veut. Il plaque tout pour elle, son boulot, sa ville, sa vie. Prend sa voiture et fonce la rejoindre. 2000 kilomètres à faire vers le Nord, rien que ça, jusqu’en Ecosse. Mais on est sans doute moins sérieux quand on a 17 ans. Ou alors, est-ce que le manque se vit différemment : « Je cherche chez les autres ce que j’ai aimé chez lui », dit-elle. Car lorsqu’il arrive, elle est au bras d’un autre. Lycéen comme elle. Ils s’embrassent. « On ne peut pas traiter les gens de cette manière. Et la jeunesse n’est pas une excuse », dit-il. Devant pareil spectacle, il ne sait pas réfléchir. Il fait ce qu’il n’aurait pas dû faire s’il avait su réfléchir.

Le premier roman de Sébastien Bonnemason-Richard n’est pas de ceux dont l’intérêt se limite à l’intrigue. L’amorce d’un résumé suffit sans doute à s’en rendre compte : la machine romanesque ne naît pas ici dans l’obsession du suspense à tout crin. Elle ne s’emballe pas ensuite davantage d’un excès étourdissant de péripéties, qui auraient lancé chez bien d’autres le personnage dans une course folle. On en serait presque étonné qu’il ait d’ailleurs une arme.

Les aventures extravagantes de Jean Jambecreuse, Harry Bellet

Ecrit par Catherine Dutigny/Elsa , le Mercredi, 05 Juin 2013. , dans Roman, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Actes Sud, Histoire

Les aventures extravagantes de Jean Jambecreuse, artiste et bourgeois de Bâle, Assez gros fabliau, mars 2013, 368 p. 22,80 € . Ecrivain(s): Harry Bellet Edition: Actes Sud

 

« On sait depuis des siècles combien cette fable du Christ a été profitable à nous et aux nôtres ». Les connaissances actuelles attestent que cette « célèbre » phrase du pape Léon X est une citation apocryphe, une invention de l’écrivain protestant anglais, John Bale (1495-1563). Pourtant Hariolus Bellatolus, alias Harry Bellet, pour les besoins de son fabliau, non seulement la lui prête, mais la lui fait écrire sur un parchemin apposé du sceau papal qu’un méchant courant d’air emporte hors des galeries du Vatican pour tomber dans « les cheveux merveilleusement bouclés d’un ange », un certain Salai, l’assistant favori de Léonard de Vinci. L’écrit sulfureux va susciter bien des convoitises et changer souvent de main.

Nous voici donc au début du XVIe siècle, dans une Europe qui bataille, commerce, diffuse des idées nouvelles grâce à l’imprimerie, se divise sur le plan religieux et explose dans tous les domaines artistiques. C’est dans ce contexte que le jeune Jean Jambecreuse (traduction littérale de Hans Holbein), « ymagier » de son état, quitte sa bonne ville d’Augsbourg pour rejoindre son frère Ambroise à Bâle, afin de parfaire son apprentissage.

La traversée, Murray Bail

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Mardi, 04 Juin 2013. , dans Roman, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Actes Sud, Océanie

La traversée, trad. De l’anglais (Australie) par Patrice Repusseau avril 2013, 196 p. 20 € . Ecrivain(s): Murray Bail Edition: Actes Sud

Ce livre porte en lui, par son rythme et sa prosopopée, son titre, la Traversée. Murray Bail, on le sait depuis au moins son somptueux « Eucalyptus » (Robert Laffont 1999), est d’abord un grand styliste. Ce livre en est une éclatante confirmation. Pas de chapitres, pas de paragraphes (ou presque pas) : une longue, sinueuse, fluide avancée narrative qui, peu à peu, nous imprègne, nous berce de son rythme, nous enivre et nous emporte enfin. On ne peut pas ne pas penser au flot proustien, à cette manière particulière de pétrir l’écriture avec le temps, dans un jeu permanent de va et vient entre les moments du présent, du passé, du futur. Le temps est la seule scansion véritable de ce roman. Car c’est un roman et comment ! Tout ici baigne dans un univers romanesque à la fois lyrique et moderne. Le chant proustien ? Qu’on l’écoute ici :

« L’économie de la comptable enceinte avait contraint Delage à repousser son départ, ce qui permit à Elisabeth de rejoindre le Romance au Pirée, bien qu’elle eût pu rattraper le navire plus loin, à Port-Saïd ou à Singapour, par exemple, Delage descendait la passerelle en tôle ondulée, pensant se promener dans Athènes, une ville qu’il avait si souvent vue en photo, ou au moins ses nobles ruines tenant bon contre le ciel bleu, un ciel toujours immaculé, le long des rues il observerait les nombreuses coutumes locales, il prendrait son temps – du haut de la passerelle il aperçut Elisabeth, la tête relevée, attendant que quelqu’un prenne ses trois valises. »