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Roman

Une terre d’ombre, Ron Rash

Ecrit par Victoire NGuyen , le Mercredi, 08 Janvier 2014. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, Seuil

Une terre d’ombre, traduit de l’Anglais (USA) par Isabelle Reinharez, 2 janvier 2014, 243 pages, 20 € . Ecrivain(s): Ron Rash Edition: Seuil

Une ballade pour Laurel


Dans les années 60, un homme est mandaté de façon officielle pour se rendre dans une région isolée de la Caroline. Sa mission est de submerger la ville Mars Hill pour en faire un lac artificiel. L’hostilité des habitants et la découverte d’un cadavre dans un vieux puits ramènent à la surface une histoire tragique qui s’y était déroulée au moment de la Première Guerre Mondiale.

L’habileté du Prologue permet à l’auteur d’introduire son histoire et de braquer la lumière sur deux êtres à part. Il s’agit de Hank Shelton et surtout de Laurel, sa sœur. En effet, victime d’une marque de naissance et de la superstition des habitants, elle est rejetée par ce lieu qui la voit comme une sorcière et une damnée. Laurel est alors pourchassée, humiliée et voit son avenir compromis puisque les pressions de la communauté sont telles qu’elle a dû quitter l’école à regret. Sa vie se passe loin des regards dans une profonde solitude. De surcroît, sa demeure est une vieille maison nichée au creux d’un vallon maudit :

Dans la lumière, Barbara Kingsolver

Ecrit par Cathy Garcia , le Mercredi, 08 Janvier 2014. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, Rivages

Dans la lumière, Traduit (USA) par Martine Aubert août 2013, 560 pages, 24,50 € . Ecrivain(s): Barbara Kingsolver Edition: Rivages

 

Voici un étonnant roman, un pavé même, qui au début peut faire peur. En effet, on se demande un peu ce qu’on fait là, plongé brusquement dans le quotidien d’une famille américaine moyenne, éleveuse de moutons dans les Appalaches, un milieu rural et clos dont la vie est rythmée par les saisons et l’Église.

Tout démarre au moment où Dellarobia s’apprête à commettre l’irréparable. Dellarobia est la mère de deux jeunes enfants, Cordelia et Preston, et l’épouse presque accidentelle de Cub, suite à une grossesse à 17 ans, dont l’enfant mort-né a basculé dans le silence et un oubli imposé. Ce mariage précipité l’avait empêchée, elle qui était plus brillante que la moyenne locale, d’aller étudier à la fac, pour se retrouver à la place, jeune épouse installée dans la chambre d’enfant d’un jeune homme bon mais lourdaud, écrasé par son père mais surtout sa mère, Hester, une femme de poigne, rude et méprisante. Les parents de Dellarobia étaient morts, la belle-famille était propriétaire d’une exploitation, c’était donc à considérer comme une chance.

La Route, Cormac McCarthy

Ecrit par Matthieu Gosztola , le Mardi, 07 Janvier 2014. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, Points

La route, roman traduit de l’anglais (USA) par François Hirsch, 2009, 253 pages, 6,80 € . Ecrivain(s): Cormac McCarthy Edition: Points

 

C’est un livre comme on en voit peu, dans une vie


Morceaux choisis :

« Le petit était assis et vacillait. L’homme l’observait de peur qu’il ne bascule dans les flammes. Du pied il dégagea des emplacements dans le sable pour les hanches et les épaules du petit à l’endroit où il allait dormir et il s’assit en le tenant contre lui, ébouriffant ses cheveux pour les faire sécher près du feu. Tout cela comme une antique bénédiction. Ainsi soit-il. Évoque les formes. Quand tu n’as rien d’autre construis des cérémonies à partir de rien et anime-les de ton souffle ».

« Il retourna dans les bois et s’agenouilla à côté de son père. Il était enveloppé dans une couverture comme l’homme l’avait promis et le petit ne le découvrit pas mais il s’assit à côté de lui et se mit à pleurer sans pouvoir s’arrêter. Il pleura longtemps. Je te parlerai tous les jours, chuchotait-il. Et je n’oublierai pas. Quoi qu’il arrive. Puis il se releva et fit demi-tour et retourna sur la route ».

LSD 67, Alexandre Mathis

Ecrit par Stéphane Bret , le Mardi, 07 Janvier 2014. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Serge Safran éditeur

LSD 67, août 2013, 568 pages, 23,50 € . Ecrivain(s): Alexandre Mathis Edition: Serge Safran éditeur

 

Le titre du roman d’Alexandre Mathis fait référence à la drogue du même nom ; le sigle est aussi l’abrégé de trois prénoms de ce récit : Liliane, Sony, Dora.

Nous sommes au Quartier Latin, en 1967. Une bande de marginaux, adeptes de la défonce, de l’utilisation massive de stupéfiants et hallucinogènes de toute nature : amphétamines, LSD, cocaïne, morphine, acide, vit dans la marginalité la plus totale. On y trouve, outre les trois déjà cités : Chico, Cybèle, Gégé, JF, Doudou.

Leur but : « Affirmation du non péremptoire à toute choses établies, imposées. Façon d’être, prenant une importance démesurée, essentielle. Décalée ».

C’est le cinéma qui oriente ces jeunes marginaux vers cet état d’esprit : « Nous maintenant dans une idéologie de révolte permanente contre l’art établi ».

Nous avons aimé, Willy Uribe

Ecrit par Frédéric Aribit , le Vendredi, 20 Décembre 2013. , dans Roman, Les Livres, Critiques, Polars, La Une Livres, Espagne, Rivages/noir

Nous avons aimé, traduit de l’espagnol par Claude Bleton septembre 2013, 271 pages, 8,65 € . Ecrivain(s): Willy Uribe Edition: Rivages/noir

 

« Un Jim Thompson de Bilbao ». C’est ainsi que le présente Carlos Salém, dans la préface qu’il a signée pour son seul autre roman traduit en France, Le Prix de mon père, aussi chez Payot Rivages/Noir. Photographe, surfeur, reporter, voyageur, Willy Uribe verse son encre noire comme la bile dans des romans qui exhalent les dessous peu reluisants de l’Espagne.

Nous avons aimé ne fait pas exception. Narrateur interne de sa propre descente aux enfers, Sergio est un jeune surfeur basque, vaguement paumé entre sa vamp de mère, aussi allumeuse qu’allumée, et Eder, son brillant comparse qu’il entoure d’une amitié équivoque, et qu’il suit jusqu’au Maroc à la recherche des meilleurs spots. Du moins, le croit-il. Car de fumettes en fumettes, ballottés entre les seins d’Odette, la française qui les accompagne, les deux jeunes basculent dans une sale histoire de drogue, d’argent sale, de chantage et de règlement de certains comptes qui viennent sans doute de plus loin, depuis le saut dans le vide de Janire Pagoaga ou la mort de Bustintxu sous un train. Et là-bas, à Madrid, gronde le coup d’état contre Franco… Mais Madrid est si loin. Pas de vagues, à Madrid. Madrid ne sert à rien sans vagues.