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Roman

Le Turquetto, Metin Arditi

Ecrit par Victoire NGuyen , le Jeudi, 14 Novembre 2013. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Babel (Actes Sud)

Le Turquetto, juin 2013, 285 pages, 8 € . Ecrivain(s): Metin Arditi Edition: Babel (Actes Sud)

 

Splendeur et misère d’un peintre


En 2001, à l’occasion de l’exposition Venise ou la couleur retrouvée organisée par la ville de Genève, le Louvre lui a prêté la toile L’homme au gant du maître vénitien, Le Titien. Ce prêt a permis à un historien de l’art d’expertiser la signature du peintre et de conclure qu’il s’agit là vraisemblablement d’une œuvre d’un de ses disciples : « Du fait de la chronologie (le T a selon toute logique été peint en premier, dans l’atelier de l’auteur), on peut émettre l’hypothèse que le tableau n’est pas de la main du Titien ».

Reprenant donc cette analyse, Metin Arditi brode, imagine et laisse son esprit ainsi que sa main vagabonder sur du papier blanc. Il en résulte une histoire, une intrigue qui enchante les yeux, l’esprit et l’imagination du lecteur. L’auteur partant de l’hypothèse d’un peintre mystérieux qui se cache derrière la toile Renaissante, donne trait à un personnage hors du commun et façonne son histoire qui ne peut qu’être extraordinaire : Elie Soriano.

Un parfum d’herbe coupée, Nicolas Delesalle

Ecrit par Laurent Bettoni , le Jeudi, 14 Novembre 2013. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres

Un parfum d’herbe coupée, StoryLab, avril 2013, 3,99 € . Ecrivain(s): Nicolas Delesalle

 

À travers huit moments précis de son existence a priori anodins qui rythment le récit en autant de chapitres, Kolia, un homme presque quarantenaire, dresse un premier bilan de sa vie et saisit l’alchimie du bonheur. En réalité, ces petits riens, ces petits souvenirs de jeunesse constituent les étapes qui marquent le passage de l’enfance à l’âge adulte. Nicolas Delesalle nous montre là des instantanés empreints de nostalgie, de tendresse, d’humour, bref de tout ce qui fait le sel d’une vie.

 

« Le jour où mon père a débarqué avec son sourire conquérant et la Renault GTS, j’ai fait la gueule. Mais j’ai ravalé ma grimace comme on cache à ses parents l’odeur de sa première clope. J’ai dit “ouais”, j’ai dit “super”, la mort dans l’âme, même si j’avais compris que la GTS pour la GTX, c’était déjà le cinquième grand renoncement, après la petite souris, les cloches de Pâques, le Père Noël, Mathilde, la plus jolie fille de la maternelle, et ma carrière de footballeur professionnel ».

Le chat Ponsard, André Fortin

Ecrit par Catherine Dutigny/Elsa , le Vendredi, 08 Novembre 2013. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Jigal

Le chat Ponsard, septembre 2013, 248 pages, 18 € . Ecrivain(s): André Fortin Edition: Jigal

 

André Fortin, avant de devenir écrivain, a été juge d’instruction, juge des enfants, président de correctionnelle. Une carrière professionnelle où il a eu le triste privilège d’être le témoin de vies brisées dès l’enfance par des abandons puis des placements dans des fondations où l’instruction et l’apprentissage de la vie passe aussi par la soumission sexuelle à certains pensionnaires. Il fut le témoin et l’observateur d’une société où les intérêts publics et privés se mélangent, dans une course obsessionnelle au pouvoir et à l’argent. Des observations sans complaisance d’un homme qui se définit comme : « Un témoin engagé, plutôt porté vers les plus faibles car, historiquement en tout cas, le droit est fait pour ça, n’en déplaise à certains : rompre, par l’avènement de la règle, avec la loi de la jungle, la loi du plus fort ».

L’intégrité, l’honnêteté sont-elles des valeurs destinées à disparaître sous les attaques d’un monde à genoux devant le matérialisme, et la justice humaine peut-elle encore aller au bout de sa mission en maniant équitablement la balance et le glaive ? Telles sont, derrière l’intrigue de ce roman policier, les questions que l’auteur aborde avec tact et humanité.

La chimie des larmes, Peter Carey

Ecrit par Anne Morin , le Jeudi, 07 Novembre 2013. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, Actes Sud

La chimie des larmes, traduit de l’anglais par Pierre Girard, septembre 2013, 326 pages, 22,80 € . Ecrivain(s): Peter Carey Edition: Actes Sud

 

Des rouages, des engrenages, un mécanisme, un dispositif, une animation, autant de mots concernant l’écriture d’une histoire comme la précision d’une horlogerie. Animer, n’est-ce pas créer un mouvement susceptible de se répéter (presque) sans intervention humaine ?

Le cygne n’est-il pas à la fois symbole masculin et féminin, et emblème de l’alchimie ?

Pour tenter de sauver la vie de son fils Percy, atteint d’une maladie incurable, Henry Brandling en désespoir de cause décide d’entreprendre un voyage en Allemagne – pays des plus fins horlogers – pour y faire construire un merveilleux automate en vue de divertir son enfant.

Deux siècles plus tard, ses carnets de voyage ainsi que les pièces et rouages d’un grand automate se voient confiés à une conservatrice londonienne, Catherine Gehrig, qui vient de perdre son amant, lui-même conservateur dans le même musée. Quoi de commun entre ces deux personnages ? La force d’un amour désespéré, et l’automate mystérieux.

Œuvres, tome II, Claude Simon en la Pléiade

Ecrit par Matthieu Gosztola , le Mardi, 05 Novembre 2013. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, La Pléiade Gallimard

Œuvres, tome II, édition de Bérénice Bonhomme, Alastair B. Duncan et David Zemmour, février 2013, 1712 pages, 66,50 € . Ecrivain(s): Claude Simon Edition: La Pléiade Gallimard

 

Il faut relire Claude Simon.

Il faut relire Claude Simon.

Il faut relire Claude Simon !

Non le relire distraitement mais se replonger dans chacun de ses textes. Ou du moins dans ses plus éblouissants livres : Les Corps conducteurs (titre impeccable, quant au mouvement et de l’œuvre et de la pensée l’ayant retirée au silence et à la nuit), Leçon de choses, Les Géorgiques, L’Acacia, Le Tramway, et les beaucoup plus méconnus Archipel et Nord (« berceaux de forêt » d’une éblouissante blancheur ; les pas dans la neige des petites bêtes qui cherchent, dans le noir, la mamelle ; senteurs ocres, la mousse des sous-bois, la douce mélopée du silence, l’ouverture sans ouverture du ciel, pour quel au-delà du cri…).