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Roman

Toute la Terre qui nous possède, Rick Bass

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 18 Septembre 2014. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, Christian Bourgois, La rentrée littéraire

Toute la Terre qui nous possède (All the Land to hold us). Traduction de l’américain Aurélie Tronchet. août 2014, 441 p. 22 € . Ecrivain(s): Rick Bass Edition: Christian Bourgois


Toute la puissance de Rick Bass est concentrée en cette grande œuvre. Et il ne s’agit pas seulement de style – ou de l’écriture particulière du grand Rick. Il s’agit de la puissance qui coule au long des pages de ce roman et dont la source est la littérature américaine même, à laquelle Rick Bass se nourrit, se baigne, s’immerge tout entier. Des premiers écrits, ceux de la littérature coloniale du XVIIIème siècle déjà, les américains sont happés par l’espace, les espaces, ceux de la conquête jamais achevée, ceux des premiers colons, ceux des grandes plaines, des chaînes montagneuses, des fleuves immenses, des gorges vertigineuses. Happés par la Terre qui sera le ferment premier d’une littérature prodigieuse de force, de poésie, d’aventures.

Happés par la Terre renvoie au titre de ce roman, dont la version originale est « All the Land to hold us ». Aurélie Tronchet – l’excellente traductrice de ce livre – et probablement l’éditeur, ont choisi la traduction qui dit cela clairement : Toute la terre qui nous possède (nous tient, nous happe, nous capte). Une autre piste était possible et la lecture du roman la rend aussi séduisante : Toute la terre qui nous tient debout (droit, sur nos jambes).

Les Ongles, Mikhaïl Elizarov

Ecrit par Patryck Froissart , le Mercredi, 17 Septembre 2014. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Russie, La rentrée littéraire, Serge Safran éditeur

Les Ongles (Nogti), août 2014, traduit du russe par Stéphane A. Dudoignon, 170 pages, 16,50 € . Ecrivain(s): Mikhaïl Elizarov Edition: Serge Safran éditeur

 

Dans un orphelinat de l’Ukraine post-soviétique en plein délitement politique et social, où sont entassés des enfants nés difformes et atteints de troubles mentaux, grandissent vaille que vaille un bossu, de père et mère inconnus, à qui les nurses ont donné comme état civil le nom de Gloucester, et son étrange ami Bakatov, dont l’essentielle raison de vivre est de se laisser pousser les ongles des mains et des pieds jusqu’à ce qu’ils atteignent la taille suffisante pour être rongés à l’occasion d’un cérémonial occulte très précis qui pourvoit pendant toute sa durée leur propriétaire de puissants et dangereux pouvoirs.

Le narrateur est Gloucester lui-même, la narration se faisant à la première personne, ce qui permet à Elizarov de décrire le monde tel que le voit le bossu, avec sa subjectivité d’innocent, à la manière des personnages de Faulkner.

Parle-moi du sous-sol, Clotilde Coquet

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Mercredi, 17 Septembre 2014. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Fayard, La rentrée littéraire

Parle-moi du sous-sol, août 2014, 216 pages, 17 € . Ecrivain(s): Clotilde Coquet Edition: Fayard

 

Avec citation d’un extrait de Cycle de Mickaël Bonneau, parution in La Cause Littéraire, Août 2014 création poétique.

(…)

à l’épicerie le pain est sec les fruits sont blets le tiroir-

caisse est vide

derrière le comptoir l’employé soutient

la classification des fonctions

l’harmonisation des statuts

en cas de problème contactez le service des primes

(…)

Mickaël Bonneau, Cycle

Dialogue d’été, Anne Serre

Ecrit par Anne Morin , le Lundi, 15 Septembre 2014. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Mercure de France, La rentrée littéraire

Dialogue d’été, septembre 2014, 151 pages, 15 € . Ecrivain(s): Anne Serre Edition: Mercure de France

 

Jeux de miroirs, dialogue avec soi-même, passage du seuil entre présent et passé, réalité et imaginaire…, ce n’est pas tant l’imaginaire de l’écrivain que sa remise en place sur les lieux du passé, ses petites scènes de crime intimes, confidentielles et révélées, à l’image de ces bains révélateurs, où décante le souvenir :

« – N’as-tu jamais honte de raconter tant de secrets ?

– Si, d’une certaine manière. Mais dès que c’est passé de l’autre côté, dès que c’est dans le livre, ceci ne me concerne plus, n’a plus à voir que de très loin avec ma vie. Je raconte quelque chose qui passe en moi et n’est jamais fixé » (p.23).

Dialogue d’été, c’est avant tout la quête de la mère, mais aussi du personnage qu’elle aurait dû incarner pour l’auteur, sa fille, et dont elle a démissionné par sa mort prématurée, lorsque l’enfant avait dix ans.

La chute des princes, Robert Goolrick

Ecrit par Victoire NGuyen , le Samedi, 13 Septembre 2014. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, La rentrée littéraire, Anne Carrière

La chute des princes, Robert Goolrick, Ed. Anne Carrière, traduit de l’anglais (USA) par Marie de Prémonville, août 2014, 231 p. 20 € . Ecrivain(s): Robert Goolrick Edition: Anne Carrière

 

Splendeurs et misères des courtisans modernes

Lorsque le roman commence, la chute est déjà consommée. Les premières lignes qui ouvrent le roman sont sans appel :

« Quand vous craquez une allumette, la première nanoseconde elle s’enflamme avec une puissance qu’elle ne retrouvera jamais. Un éclat instantané, fulgurant. L’incandescence originelle ».

Et puis, c’est fini. La flamme devient forte et vivace. Elle monte dans l’air et illumine les espaces sombres. Mais elle a déjà perdu de sa splendeur. Insérée dès le début du texte, voici une métaphore qui en dit long sur le parcours de notre personnage. Elle sonne comme le glas.

En effet, le narrateur, revenu de ses années folles, se pose pour nous conter son histoire. Il a tout perdu et il est ruiné. Son récit, rédigé à la première personne, est sans pathos. Il ne cherche pas à s’amender : « Je ne le dis pas avec fierté. Je ne présente pas d’excuses. Je décris des faits irréfutables ».