« La lune a fait son apparition entre les nuages, enveloppée de vapeurs changeantes, pleine et rouge, gonflée de sang, gibbeuse, soufflée de cicatrices comme un organe malade. Personne d’autre que moi ne levait les yeux vers elle. Enfant, la lune qui se levait m’attirait à la fenêtre, je savais qu’elle serait là, elle m’avait appelé silencieusement. »
Les voyages physiques et mentaux forment le roman, comme ils forment la jeunesse, et les oublies ces petits gaufres en forme de cornet forment et hantent ce roman, ces charmantes douceurs qui fondent dans la bouche : l’oublie fait plaisir et fait mourir, lit-on dans cet étourdissant roman ; ces oublies à l’image de la madeleine de La Recherche, mettent en lumière ce que l’on pourrait appeler le miracle de la fiction romanesque. La marchande d’oublies est une œuvre éblouissante, foisonnante, au verbe altier, qui s’appuie sur deux personnages, un frère et une sœur, Alastair et Thalia, d’une famille de clowns anglais, friande de spectacles macabres, une famille du cirque, avec ses jalousies, et ses rancœurs.