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Essais

Non, le masculin ne l’emporte pas sur le féminin ! Petite histoire des résistances de la langue française, Eliane Viennot

Ecrit par Marc Ossorguine , le Lundi, 04 Avril 2016. , dans Essais, Les Livres, Critiques, La Une Livres

Non, le masculin ne l’emporte pas sur le féminin ! Petite histoire des résistances de la langue française, Editions iXe, 2014, 128 pages . Ecrivain(s): Eliane Viennot

 

Le genre masculin ne sera plus regardé, même dans la grammaire, comme le genre le plus noble, attendu que tous les genres, tous les sexes et tous les êtres doivent être et sont également nobles (Requête des dames à l’Assemblée nationale, 1792)

 

Voilà un petit livre qu’il nous faut ouvrir ou rouvrir à l’heure où la question de l’orthographe française et de son éternelle réforme revient (discrètement mais avec insistance) sur le devant de la scène. Le titre en conteste déjà ce que l’on nous enseigne et ressasse jusqu’à l’écœurement ou la colère depuis des lustres à l’école, oubliant que c’est une réalité pour le moins discutable, non seulement idéologiquement, philosophiquement, mais aussi linguistiquement ou philologiquement parlant.

Le Défi Charlie Les Médias à l’épreuve des attentats, sous la direction de Pierre Lefébure et Claire Sécail

Ecrit par Ivanne Rialland , le Mercredi, 30 Mars 2016. , dans Essais, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Lemieux éditeur

Le Défi Charlie Les Médias à l’épreuve des attentats, janvier 2016, 381 pages, 16 € . Ecrivain(s): Pierre Lefébure et Claire Sécail Edition: Lemieux éditeur

 

Dans ce recueil d’articles, onze chercheurs en sciences sociales proposent une analyse du traitement médiatique des attentats de janvier 2015. Ils s’attachent ainsi à poser un regard critique sur des images, des messages, des discours fortement émotionnels pour nous aider à saisir leur signification et leur portée.

L’ouvrage est organisé en trois grandes parties qui correspondent à la temporalité médiatique des événements : « Le temps de l’attaque », « Le temps de la marche », « Le temps du débat ».

La première partie est composée de trois articles traitant respectivement des Unes internationales, de la réaction de certains humoristes aux attentats et de la communication de François Hollande. Ici, les chercheurs me paraissent confirmer la perception qu’un citoyen à peu près informé pouvait en avoir : uniformité relative des Unes – avec des singularités cependant relevées par la chercheuse Katharina Niemeyer – résistance par le rire des humoristes, stature présidentielle acquise par François Hollande, mais dont les bénéfices n’ont pas pu être transmis à d’autres dossiers.

Du bonheur aujourd’hui, Michel Serres

Ecrit par Sylvie Ferrando , le Vendredi, 25 Mars 2016. , dans Essais, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Le Pommier éditions

Du bonheur aujourd’hui, octobre 2015, 136 pages, 9 € . Ecrivain(s): Michel Serres Edition: Le Pommier éditions

 

Qu’est-ce que le bonheur ? Dans ce recueil de chroniques radiophoniques enregistrées entre juin 2006 et décembre 2014 le dimanche sur France Info, et retranscrites sous forme de dialogue entre Michel Polacco et l’auteur, Michel Serres livre ses clés de compréhension du monde qui nous entoure, sur les plans inter et intrapersonnels. Le professeur de philosophie des sciences à Stanford, adepte des technologies numériques, auteur de plus de cinquante ouvrages, se fait brillant vulgarisateur et humaniste hors pair. Des concepts comme l’art, la paix, la santé sont analysés dans une perspective résolument optimiste qui fait de ce court ouvrage un petit traité sur le bonheur.

Ainsi, « Le bonheur, c’est l’oubli… » des mauvaises expériences, et la courbe de satisfaction de la vie « croît de plus en plus à mesure que l’on vieillit, […] arrive à une sorte de palier entre quarante et cinquante ans, [puis] croît de nouveau jusqu’à soixante-cinq ans, sommet de la satisfaction de la vie » quand les contraintes et enjeux liés au travail et aux ambitions professionnelles se sont assagis. C’est là l’opinion d’un savant, professeur d’université, qui conçoit la vie comme linéaire et relativement régulière.

Publier son livre à l’ère numérique, Marie-Laure Cahier, Élizabeth Sutton

Ecrit par Laurent Bettoni , le Jeudi, 24 Mars 2016. , dans Essais, Les Livres, Critiques, La Une Livres

Publier son livre à l’ère numérique, Eyrolles, janvier 2016, 174 pages, 19 € (4,99 € livre numérique) . Ecrivain(s): Marie-Laure Cahier, Élizabeth Sutton

 

Après avoir été (ou)vertement critiquées, l’édition numérique et l’autoédition apparaissent aujourd’hui comme l’avenir possible de certains éditeurs « traditionnels » qui viennent faire leur marché dans le top 100 d’Amazon, afin d’y dénicher les auteurs et les titres best-sellers de l’année. Cela pourrait prêter à rire. Ou à réfléchir.

C’est cette seconde option qu’ont choisie les deux auteurs de ce livre remarquable, Publier son livre à l’ère du numérique.

Marie-Laure Cahier est auteur, traducteur, conseil éditorial, et a occupé durant quinze ans un poste de direction dans l’une des maisons du groupe Hachette.

Élizabeth Sutton travaille depuis quinze ans dans l’édition numérique. Elle est consultante en marketing du livre pour de grands groupes, enseigne à l’École des Gobelins et a co-fondé le site d’actualités sur le livre numérique IDBOOX.com.

Koltès, le sens du monde, Christophe Bident

Ecrit par Marie du Crest , le Jeudi, 17 Mars 2016. , dans Essais, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Théâtre, Les solitaires intempestifs

Koltès, le sens du monde, 110 pages 13,50 € . Ecrivain(s): Christophe Bident Edition: Les solitaires intempestifs

 

La grâce de Koltès

Comme Christophe Bident l’affirme dans l’avant-propos de son texte, l’œuvre de Koltès ne détermine pas un sens qu’il faudrait appliquer au monde comme une espèce d’idéologie. Il met en avant d’ailleurs le livre de JL Nancy qui porte ce titre et lui sert de référence. Le sens est plutôt affaire de « flair ». Avoir le sens des affaires ou celui du rythme expliciterait davantage les perspectives que C. Bident veut mettre en lumière avec l’expression « le sens du monde ». Koltès n’a-t-il pas lui-même récusé, mis à sac les ordres du monde investis par ses parents : du côté paternel celui de l’armée, et du côté maternel celui du catholicisme (cf. p.25) ? Koltès dans son œuvre théâtrale cherchera à articuler les restes de sens du monde. Il fait face « à des bouts du sens du monde, avec lesquels il va lui falloir jongler, jouer, chercher, composer » (cf. p.25). Ainsi l’entreprise suivie par C. Bident est-elle de repartir de l’un de ses textes antérieurs, Généalogies, qui traverse l’écriture de Koltès par le biais du temps, en direction cette fois-ci de l’espace. Il y est bien question de l’intériorité subjective du monde. Pour C. Bident, Koltès écrit le mystère, celui qui s’inscrit tout aussi bien entre les scènes, les répliques, les mots eux-mêmes. Rien ne se donne et c’est cela qui explique sans doute la faillite d’un certain nombre de mises en scène des pièces de Koltès.