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Essais

Liberté inconditionnelle, Francis Métivier

Ecrit par Marjorie Rafécas-Poeydomenge , le Samedi, 08 Octobre 2016. , dans Essais, Les Livres, Critiques, La Une Livres

Liberté inconditionnelle, Pygmalion, avril 2016, 254 pages, 18,90 € . Ecrivain(s): Francis Métivier

 

Francis Métivier, par son titre Liberté inconditionnelle qui détonne, fait un pied de nez à la tendance actuelle qui consiste à proposer des livres « mode d’emploi » pour accéder au bonheur ou à la joie. Point étonnant pour ce philosophe rock‘n’roll (auteur de Rock’n philo) de ne pas souscrire à toute cette mollesse monotone autour du bonheur. Il dénonce d’ailleurs cet éloge de la joie qui a tendance à déformer la théorie de Spinoza et le brandir comme le philosophe phare de la joie… Alors qu’en réalité, la joie spinoziste tend vers Dieu.

Aujourd’hui, tout est centré sur cette quête du bonheur. Même au travail, on crée des métiers exotiques de « chief happiness officer » pour valoriser le bien-être en entreprise. On mesure même le bonheur intérieur brut des pays… Mais on se préoccupe de moins en moins de notre degré de liberté. « Le bonheur est au fond un concept très contemporain. L’homme dans l’histoire de la pensée, s’est interrogé sur le soulagement, l’ataraxie, l’absence de douleur ». Or, de nos jours, la philosophie, pour se faire aimer, s’est transformée en marchande du bonheur. « Le bonheur est devenu une grande surface commerciale où poussent les rayons joie, bien-être, connaissance de soi ou beauté ».

La mosaïque de l’islam. Entretien sur le Coran et le djihadisme avec Perry Anderson, Suleiman Mourad

Ecrit par Zoe Tisset , le Lundi, 03 Octobre 2016. , dans Essais, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Fayard

La mosaïque de l’islam Entretien sur le Coran et le djihadisme avec Perry Anderson, août 2016, trad. anglais Matthieu Forlodou, 179 pages, 18 € . Ecrivain(s): Suleiman Mourad Edition: Fayard

 

Ce livre qui se présente sous forme de dialogue entre Suleiman Mourad, professeur de religions, et Perry Anderson, professeur d’histoire et de sociologie, est une mine pour mieux comprendre l’islam et tous les événements autour des musulmans. Comme le présente la préface « Ici, en effet – et cela est exceptionnel – la séparation entre des formes diverses (historique et actuelle, philologique et sociale) d’intelligence de l’islam du proche orient et de l’Afrique du Nord, entre des travaux traitant du passé et du présent s’efface en un seul ensemble cohérent de réflexions ». Suleiman Mourad commence par étudier la composition du Coran et ses liens avec les formes juive et chrétienne du monothéisme, ainsi remarque-t-il : « Sous cet angle, le Coran s’aligne sur la pensée chrétienne qui soutient que les juifs ont désobéi à Dieu tellement de fois que Dieu décida à la fin d’ouvrir l’Alliance à tous : le Coran rejoint là la théologie paulinienne ».

Jean-Jacques Schuhl, Du dandysme en littérature, Guillaume Basquin

Ecrit par Jean-Paul Gavard-Perret , le Lundi, 03 Octobre 2016. , dans Essais, Les Livres, Critiques, La Une Livres, La rentrée littéraire, Editions Honoré Champion

Jean-Jacques Schuhl, Du dandysme en littérature, septembre 2016, 200 pages, 30 € . Ecrivain(s): Guillaume Basquin Edition: Editions Honoré Champion


Le Dandysme est apparu en Angleterre au 18ème siècle. Ce fut un mouvement post-révolutionnaire qui concernait les membres de la classe moyenne aussi bien à Londres qu’à Paris et ce dès 1790. Initialement associé à la mode élégante et au langage raffiné, « le dandysme qui est une institution en marge de la loi possède un code des lois rigoureux auquel tous ses sujets sont strictement soumis, mais leurs caractères individuels peuvent être ardents et indépendants » (Baudelaire). Sa description de la dichotomie inhérente au dandysme entre dissidence et appropriation, excentricité et uniformité, peut s’appliquer aux mouvements punks et gothiques ainsi qu’aux travestis et aux mouvements de l’avant-garde : il s’agit d’expressions faites pour repenser l’ordinaire et le fétichisme et visant à illustrer une perception plus large de la réalité, opérant dans les cadres périphériques de la dissidence.

Un si fragile vernis d’humanité, Banalité du mal, banalité du bien, Michel Terestchenko

Ecrit par Marc Ossorguine , le Samedi, 01 Octobre 2016. , dans Essais, Les Livres, Critiques, La Une Livres, La Découverte

Un si fragile vernis d’humanité, Banalité du mal, banalité du bien, 308 pages, 12 € . Ecrivain(s): Michel Terestchenko Edition: La Découverte

 

C’est à la littérature, à la fiction, que l’on attribue en général la capacité de nous émouvoir, les essais, eux, étant le lieu de la rationalité, de la raison qui sait tenir à distance ce qui lui serait étranger. Il est pourtant, parfois, des essais qui nous émeuvent et nous marquent profondément parce qu’ils touchent autant notre raison que nos sentiments, nos émotions. Un si fragile vernis d’humanité est un de ceux-là, tout simplement. On ne peut dire pour autant que l’auteur y fasse « de la littérature », qu’il tire sur une corde qui serait forcément sensible (et « rentable »). C’est bien plus simplement et fortement par les récits qu’il reprend qu’il nous touche, par l’importance morale et éthique des questions qu’il aborde. Des questions qui touchent à des notions aussi simples et difficiles (car rien n’est sans doute aussi difficile que ce qui est simple, la complexité étant à la portée de chacun), aussi fondamentale que le bien et le mal.

Chemins ouvrant, Yves Bonnefoy, Gérard Titus-Carmel

Ecrit par Marie-Josée Desvignes , le Vendredi, 30 Septembre 2016. , dans Essais, Les Livres, Critiques, Livres décortiqués, La Une Livres, L'Atelier Contemporain

Chemins ouvrant, Yves Bonnefoy, Gérard Titus-Carmel, préface de Marik Froidefond, 152 pages, 20 € Edition: L'Atelier Contemporain

 

« Je ne peins pas l’arbre qui se trouve devant moi mais seulement l’espace qui me sépare de lui », Claude Monet

 

Ce très bel ouvrage propose un dialogue entre Gérard Titus-Carmel et Yves Bonnefoy, présenté en préface par Marik Froidefond. Il contient également quelques reproductions ; les textes qui se croisent témoignent de la grande et profonde amitié qui unissaient les deux hommes. Dès sa première visite en 2003, Yves Bonnefoy écrira de très belles pages sur l’œuvre de Titus-Carmel.

« Selon Bonnefoy, écrit Marik Froidefond dans une préface qui tient la moitié de l’ouvrage ici, l’œuvre de Titus-Carmel s’ancre dans l’expérience première d’un désarroi radical que l’artiste partage avec quelques grands esprits du siècle – Giacometti, Beckett, Bataille, Freud, Kafka et d’autres encore, comme lui témoins du “négatif”, grevés du “sentiment de n’être plus”, dans l’espace du langage, que les visiteurs désemparés d’une maison désertée […] dont les portes béantes donnent sur le vent et la nuit ».