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Essais

Observations sur la peinture, Pierre Bonnard

Ecrit par Philippe Chauché , le Samedi, 07 Mars 2015. , dans Essais, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Arts, L'Atelier Contemporain

Observations sur la peinture, janvier 2015, préface d’Alain Lévêque, introduction d’Antoine Terrasse, 72 pages, 15 € . Ecrivain(s): Pierre Bonnard Edition: L'Atelier Contemporain

« Violet dans les gris.

Vermillon dans les ombres orangées,

par un jour froid de beau temps ».

Pierre Bonnard devient un instant le peintre aux agendas, notations précises et brèves, à chaque fois un ou deux mots pour dire le temps qu’il fait et le temps qu’il voit – la main du peintre. Beau, pluvieux, beau nuageux, mais aussi vent froid, beau frais, beau froid, ou encore couvert, et ces notations inspirées, précises et pertinentes : au-dessus de tout plane le climat de l’œuvre, ou, il ne s’agit pas de peindre la vie, il s’agit de rendre vivante la peinture, et plus loin, que le sentiment intérieur de beauté se rencontre avec la nature, c’est là le point. Pierre Bonnard le peintre aux mille dessins de poche  rassemblés dans ces petits agendas, à chaque jour son observation, son mot, son trait, à chaque jour sa courbe : corps, natures endormies – que l’on continue à nommer natures mortes –, un coin de table, un saladier, un vase, une tête de cheval, la mer, une voile, un chat, rien de plus, rien de moins. Pierre Bonnard maître des observations marines : son œil est ce sextant qui ouvre la voie à la toile.

Le Cut-Up de William S. Burroughs. Histoire d’une révolution du langage, Clémentine Hougue

Ecrit par Marc Michiels (Le Mot et la Chose) , le Vendredi, 27 Février 2015. , dans Essais, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Arts

Le Cut-Up de William S. Burroughs. Histoire d’une révolution du langage, éd. Les presses du réel, Coll. L’écart absolu, octobre 2014, 416 pages, 26 € . Ecrivain(s): Clémentine Hougue

 

Clémentine Hougue propose dans son livre une généalogie du cut-up, en France, en Europe et aux Etats-Unis au 20e siècle, qui s’inscrit entre modernité, littérature, collage, peinture et radicalité. Le « cut-up » est inventé par William S. Burroughs (1914-1997) et Brion Gysin (1916-1986) à la fin des années 1950. Installé depuis 1954 à Tanger, où Burroughs rédige son opus magnum Le Festin nu, il est rejoint au printemps 1957 par Allen Ginsberg (1926-1997) et Jack Kerouac (1922-1969) qui l’aident à organiser les feuillets de son manuscrit.

Puis, il s’installe dans un petit hôtel, baptisé le « Beat Hotel » qui se trouve rue Git-le-Cœur, dans le 6e arrondissement de Paris, où transite la bohème américaine et où il crée alors un véritable laboratoire d’écriture. Il y retrouve le peintre et poète Brion Gysin qui travaille à l’époque sur des expérimentations de collages picturaux, y rencontre les poètes Henri Chopin (1922-2008), Bernard Heidsieck (1928-2014), Jean-Jacques Lebel (1936).

Ce que l’on voit en s’arrêtant, Haemin

Ecrit par Marie-Josée Desvignes , le Jeudi, 19 Février 2015. , dans Essais, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Asie, Decrescenzo Editeurs

Ce que l’on voit en s’arrêtant, décembre 2014, traduit du coréen par Lee Hyonhee et Julien Paolucci, 217 pages, 12 € . Ecrivain(s): Haemin Edition: Decrescenzo Editeurs

 

Haemin est un moine coréen, bouddhiste, diplômé des plus grandes universités américaines. Habitué à dialoguer pour dispenser enseignement et sagesse, il se prend un jour au jeu des réseaux sociaux, immense réservoir humain comme on sait, et va dialoguer avec plus de 850.000 correspondants.

« Haemin,

n’essaie pas de devenir un grand moine

mais essaie de devenir un moine humaniste », lui avait dit un de ses maitres, le moine Hyegwang.

Sans l’avoir réellement décidé mais pris par sa « passion » (dont il nous expliquera comment elle peut aussi être un piège si on n’apprend pas à la maîtriser), passion de transmettre, il va réaliser au fil de ces tweets remplis de sagesse et d’amour l’un des livres qui sera le plus lu en Corée et vendu à plus de 2,5 millions d’exemplaires.

L'ambition ou l'épopée de soi, Vincent Cespedes

Ecrit par Marjorie Rafécas-Poeydomenge , le Mardi, 17 Février 2015. , dans Essais, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Flammarion

L'ambition ou l'épopée de soi, octobre 2013, 312 pages, 19 € . Ecrivain(s): Vincent Cespedes Edition: Flammarion

 

En ces temps de crise et de défiance, L'ambition ou l'épopée de soi est une excellente thérapie livresque pour se remettre en selle. Une invitation à sortir de soi.

Avouons qu'en France, l'ambition est un mot tabou avec une connotation très paradoxale. Comme le souligne l'auteur, "Qualifier un individu d'ambitieux est une attaque sournoise mais le sans ambition est une insulte". Nous nous laissons bien trop souvent influencer par ceux qui voient "l'ambition comme une forme de névrose. Une infirmité qui consisterait à ne pas se satisfaire de celui que l'on est". Le monde a pourtant besoin d'ambitieux pour avancer et se remettre en question. D'ailleurs, la philosophie par ses questions dérangeantes n'est-elle pas une forme d'ambition ? "L'ambitieux nous désécurise sans le vouloir, nous fait ouvrir les yeux. Il déconfortabilise, relance le questionnement que trop de satiété tarit". Alors pourquoi se priver de cette énergie grisante ?

Silence, Giovanni Pozzi

Ecrit par Marc Michiels (Le Mot et la Chose) , le Mardi, 03 Février 2015. , dans Essais, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Italie, Payot

Silence, novembre 2014, traduit de l’italien et préface François Dupuigrenet-Desroussilles, 128 p. 14 € . Ecrivain(s): Giovanni Pozzi Edition: Payot

 

« L’homme est un solitaire qui n’est pas seul »

Giovanni Pozzi

 

« Il se tait », traduction littérale du titre Tacet donné par le frère Giovanni Pozzi, paru six mois avant sa mort, en 2002, est publié sous le titre Silence, aux éditions Payot. Proverbe italien ou extrait de la Bible, Ecclésiaste 3, 1, 7 « il y a un temps pour se taire et un temps pour parler », ont peut-être été à l’origine du choix de ce titre !

Le père capucin Giovanni Pozzi (1923-2002) était un religieux lettré, de ceux trop rares qui encombrent les gardiens de la doxa et dont la pensée humaniste huile les secs canaux mentaux des docteurs de la Loi. Après des études de théologie, il entre dans l’ordre des capucins. A partir de 1960, il occupe la chaire de littérature italienne et de philologie romane à l’université de Fribourg et, en 1988, il se retire dans le couvent de Lugano. Là, recueilli, il dit la messe chaque matin, avant l’aube, vit de prières… et de livres.