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Essais

Des vies à écrire, David Lodge

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 18 Décembre 2014. , dans Essais, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Iles britanniques, Rivages

Des vies à écrire (Lives in writing). Traduit de l’anglais par Martine Aubert. Octobre 2014. 245 p. 21 € . Ecrivain(s): David Lodge Edition: Rivages

 

On savait la passion de David Lodge pour l’art de la biographie. Dans ses dernières publications on compte deux énormes volumes sur Henry James (Author ! Author ! …) et sur H.G. Wells (Un homme de tempérament)*. C’est de cette passion, et de quelques écrivains (et un cinéaste !) qu’il est question dans ce recueil. Car il s’agit d’un recueil de relativement courts articles biographiques.

Biographiques ? Tout est toujours plus complexe avec Lodge : on est en abyme car la plupart de ces articles – biographiques – portent sur des personnes mais à travers le prisme d’une biographie écrite par quelqu’un d’autre que Lodge. Il parle d’écrivains en s’appuyant sur une bio connue de ces écrivains. Compliqué ? Point du tout. Le talent de David Lodge est de se glisser brillamment dans l’entre-deux et de faire valoir sa lumière, son regard, sur des personnages qu’il aime. Un des secrets de David Lodge, peut-être le plus éminent, l’empathie ou, plus encore, l’amour qu’il porte aux écrivains dont il parle. C’est là d’ailleurs un trait que l’on peut sans dommage pousser à la généralité : peut-on imaginer un biographe qui se pencherait sur une personne qu’il n’aime pas ?

Proust et le paysage, Keiichi Tsumori

Ecrit par Matthieu Gosztola , le Mercredi, 17 Décembre 2014. , dans Essais, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Editions Honoré Champion

Proust et le paysage, Des écrits de jeunesse à la « Recherche du temps perdu », Keiichi Tsumori, 464 pages, 80 € . Ecrivain(s): Keiichi Tsumori Edition: Editions Honoré Champion

 

Keiichi Tsumori s’est – ému par cette idée – attaché à « reconstruire l’histoire de la conscience du paysage » de Proust « en parallèle avec ses expériences de voyage ». L’objectif de Proust et le paysage est – sans surprise – « d’éclaircir ce qu’est le paysage dans les écrits de Marcel Proust ». Et ce en faisant preuve d’un esprit de synthèse admirable, le critique prolongeant et résumant les études proustiennes qui ont pris en compte la nature, l’espace ou la géographie, et dont les plus notables demeurent : Géographie de Marcel Proust (1939) d’André Ferré, la thèse Landscape in the Works of Marcel Proust (1948) de Frances Virginia Fardwell, L’Espace proustien (1963) de Georges Poulet, Proust et le monde sensible (1974) de Jean-Pierre Richard et Un chasseur dans l’image : Proust et le temps caché (1992) d’Eliane Boucquey ; sans oublier les articles suivants : « L’attrait et l’appel de la nature chez Proust » (1969) de H. Kopman, « Combray entre mythe et réalités » (2001) d’Annick Bouillaguet et « Aurores, clairs de lune et autres couchers de soleil : le paysage proustien entre persistance du cliché et déconstruction du panorama » (2004) d’Anne Simon.

La philosophie comme un roman, de Socrate à Arendt, Laurence Hansen-Löve

Ecrit par Arnaud Genon , le Lundi, 15 Décembre 2014. , dans Essais, Les Livres, Critiques, La Une Livres

La philosophie comme un roman, De Socrate à Arendt, avec Laure Becdelièvre et Fabien Lamouche, Presses de l’Université de Laval, septembre 2014, 306 pages, 24 € . Ecrivain(s): Laurence Hansen-Löve

Les ouvrages de vulgarisation philosophique ont envahi ces dernières années les rayons des librairies. Les œuvres des grands penseurs, considérées difficiles d’accès, ont laissé place à une multitude de commentaires, de synthèses, de condensés plus ou moins aboutis, plus ou moins nécessaires. Les commentateurs se commentent parfois eux-mêmes faisant presque oublier l’œuvre première, la vraie, l’unique…

Heureusement, dans cette multitude éditoriale souvent assez fade, certains ouvrages se distinguent par leur originalité, leur fraîcheur, leur audace et donc, leur réussite. La philosophie comme un roman est de ceux-là.

La philosophie, nous rappelle Laurence Hansen-Löve dans son « avant-propos », est une « discussion ininterrompue, une conversation permanente des hérauts de l’esprit en acte », elle est un dialogue accidenté, « un cheminement protéiforme mais “dialectique”, car orienté et unifié par la recherche du sens ». Partant de ce principe, l’auteure a décidé de réunir quinze des plus grands philosophes et de les interroger « comme s’ils étaient nos contemporains ». Sont ainsi convoqués, dans l’ordre chronologique, Socrate, Epicure, Epictète, Descartes, Spinoza, Hume, Rousseau, Kant, Marx, Nietzsche, Freud, Russell et Arendt.

L’Ecole et les Enfants de l’immigration, Abdelmalek Sayad

Ecrit par Nadia Agsous , le Jeudi, 11 Décembre 2014. , dans Essais, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Seuil

L’Ecole et les Enfants de l’immigration, septembre 2014, 240 pages, 19,50 e . Ecrivain(s): Abdelmalek Sayad Edition: Seuil

 

Seize années après le décès du sociologue Abdelmalek Sayad, les éditions du Seuil viennent de publier une série de textes inédits dans le champ de l’immigration qui traitent de l’école et des familles immigrées. A travers cet ouvrage dirigé par Smaïn Laacher, sociologue, et Benoît Falaise, historien de l’éducation, A. Sayad propose une réflexion critique sur la manière dont l’institution scolaire perçoit les enfants des familles immigrées apparus dans l’espace scolaire.

Ecrits entre 1977 et 1997, ces textes ont été trouvés sous forme manuscrite ou dactylographiée dans le « fonds Sayad », constitué à partir des archives du sociologue, confiées en 2006 à la Cité nationale de l’histoire de l’immigration (CNHI) et conservées à la médiathèque de cette institution qui porte le nom du sociologue. Les textes publiés sont au nombre de dix. Ils ont été écrits lorsque A. Sayad était sollicité par des associations et par des instances gouvernementales pour réfléchir sur la question de l’école et des enfants des familles immigrées.

Proust et la guerre, Brigitte Mahuzier

Ecrit par Matthieu Gosztola , le Vendredi, 05 Décembre 2014. , dans Essais, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Editions Honoré Champion

Proust et la guerre, collection Recherches Proustiennes, n°29, février 2014, 192 pages . Ecrivain(s): Brigitte Mahuzier Edition: Editions Honoré Champion

Proust n’est pas considéré comme l’un des écrivains de la Grande Guerre. De ce fait, le thème de la guerre est très peu présent dans la critique proustienne, tant française* qu’anglo-saxonne. Et pourtant…

A la recherche du temps perdu fut en grande partie écrit et réécrit pendant et juste après la première Guerre Mondiale. Si ce roman a pris les proportions qu’on lui connaît, c’est directement à cause de la Guerre, qui a suspendu la publication des deux volumes qui devaient suivre Du côté de chez Swann.

Si l’irruption de la Grande Guerre fit dévier le projet original de Proust, c’est, écrit Brigitte Mahuzier, « dans cette déviation qu’il faut voir dans la Recherche un texte dont la modernité est d’être précisément là où on ne l’attend pas, et une tentative de la part d’un Proust à la fois stratège et tacticien, de faire de son roman la Grande Œuvre de la Grande Guerre ». Stratège et tacticien, Proust ? Mahuzier développe, en son essai, cette séduisante hypothèse, arguant que la Recherche doit être considérée « comme champ de bataille », avançant que ce grand roman n’est pas une « arche » de Noé mais une arche militaire, l’écrivain n’étant pas, à ses yeux, un conservateur du passé (ce que l’on a dit avec une harassante récurrence de Proust) mais un « témoin de la modernité militaire, menant sa propre guerre, se posant les mêmes questions stratégiques et tactiques qu’un général sur un champ de bataille ».