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Essais

Tempéraments philosophiques, de Platon à Foucault, Peter Sloterdijk

Ecrit par Arnaud Genon , le Lundi, 14 Avril 2014. , dans Essais, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Langue allemande, Fayard

Tempéraments philosophiques, de Platon à Foucault, traduit de l’allemand par Olivier Mannoni, janvier 2014, 160 p. 7,50 € . Ecrivain(s): Peter Sloterdijk Edition: Fayard

 

Dis-moi quelle est ta philosophie, je te dirai qui tu es…

Ce petit livre est un recueil de préfaces que Peter Sloterdijk signa, en tant qu’éditeur, dans le cadre d’une collection dont le but était de présenter les auteurs et leur philosophie en leur donnant la parole, c’est-à-dire en offrant un choix de leurs textes annotés par « un certain nombre d’excellents érudits ». Réunis, alors que là n’était pas leur vocation, ces courtes présentations de sept pages en moyenne, dessinent, selon les propres mots du philosophe allemand, « non pas une histoire de la philosophie, mais tout de même une galerie d’études de caractères ». Son titre, quant à lui, renvoie à l’idée que les philosophies vers lesquelles nous nous portons constituent des indicateurs de qui nous sommes, des miroirs, en quelque sorte : « la philosophie que l’on choisit dépend de l’homme que l’on est ». Dix-neuf philosophes, majoritairement allemands, nous sont présentés, par ordre chronologique. L’occasion de constater « que l’éventail des tempéraments philosophiques […] a la même étendue que celle de l’âme éclairée par le logos » : il est illimité.

Critique de la raison nègre, Achille Mbembe

Ecrit par Pierrette Epsztein , le Samedi, 12 Avril 2014. , dans Essais, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Afrique, La Découverte

. Ecrivain(s): Achille Mbembe Edition: La Découverte

 

L’objectif du livre d’Achille Mbembe, Critique de la raison nègre, est de prouver que la figure du « nègre » est indispensable pour penser le monde contemporain. Aujourd’hui ne serions-nous pas en train de devenir tous des nègres au service du capitalisme financier ?

Cet essai se veut politique et poétique. Achille Mbembe connaît parfaitement la vibration des concepts dans l’inconscient collectif et la puissance des idées sur les mécanismes de la domination sociale.

Le titre de son ouvrage est inspiré du celui d’Emmanuel Kant, paru en 1781, Critique de la Raison Pure. Le philosophe allemand avait pour projet d’examiner les conditions dans lesquelles le sujet humain assume sa vie d’adulte au cœur de l’espace public, devient un sujet capable de se dire en liberté et en dialogue avec les autres, dans un geste dialectique d’affirmation d’une certaine singularité et en même temps de participation à quelque chose qui relève de la similarité, de « l’en-commun ». Pour cela, il s’appuyait sur la raison.

Shakespeare et les Boys band, Vincent Teixeira

Ecrit par Frédéric Aribit , le Vendredi, 11 Avril 2014. , dans Essais, Les Livres, Critiques, La Une Livres

Shakespeare et les Boys band, éditions Kimé, Collection Détours littéraires, 123 pages, 16 € . Ecrivain(s): Vincent Teixeira

 

« Tant d’hommes, tant de bourgs, tant de villes, tant de nations endurent quelquefois un tyran seul, qui n’a de puissance que celle qu’ils lui donnent ». Près de 500 ans ont passé depuis que La Boétie dénonçait, dans son célèbre discours, la servitude volontaire des peuples acceptant de se soumettre au joug des tyrannies de tous ordres. Hélas le constat n’a pas beaucoup varié. Se serait même aggravé, à en croire Vincent Teixeira, qui publie un nouvel essai accablant pour dénoncer les mollesses d’époque tristement fardées sous le pire cosmétique qui soit : la culture.

Le pire en effet, car le plus séduisant sans doute : on a les tyrans de son siècle.

De fait, Shakespeare et les Boys band résonne comme un virulent pamphlet qui épingle le navrant conformisme consumériste qu’on a de cesse de vendre en guise de culture, et qui, sous couvert d’« entertainment » généralisé, n’en finit pas de proliférer jusqu’à la nausée, bouchant désormais l’horizon qu’elle était supposée dégager au contraire.

L’identité malheureuse, Alain Finkielkraut

Ecrit par Pierrette Epsztein , le Vendredi, 04 Avril 2014. , dans Essais, Les Livres, Critiques, Livres décortiqués, La Une Livres, Stock

L’identité malheureuse, octobre 2013, 240 pages, 19,50 € . Ecrivain(s): Alain Finkielkraut Edition: Stock

 

Il faut lire le dernier ouvrage d’Alain Finkielkraut, L’identité malheureuse, paru aux éditions Stock en octobre 2013. Son parti pris est, que pour se faire une opinion personnelle, on a besoin d’être éclairé par d’autres et de prendre le temps de la réflexion pour problématiser le monde.

Alain Finkielkraut centre sa réflexion sur l’évolution du concept « d’identité » tel qu’il est envisagé en France aujourd’hui. Il apporte une vision toute personnelle en passant constamment de son histoire singulière où il dit « je » à une vision collective où il utilise le « nous » et le « on ».

Pour affermir sa démonstration, il cite des auteurs fondamentaux de la mémoire française, des auteurs étrangers, des auteurs d’origine juive, des auteurs de l’exil : Mandelstam, E. Badinter, Kant, Hegel, Lévi-Strauss, Goethe, Péguy, Levinas, Kundera, Valéry, Mandelstam, Proust, Diderot, Claudel, Pascal, Voltaire, Tocqueville, Hume, Molière, Montesquieu, Spinoza, Adorno, Arendt etc., qui se sont penchés sur ce thème avant lui. Arrive-t-il pour autant à nous convaincre ?

Koltès dramaturge, Anne-Françoise Benhamou

Ecrit par Marie du Crest , le Mardi, 25 Mars 2014. , dans Essais, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Théâtre, Les solitaires intempestifs

Koltès dramaturge, février 2014, 240 pages, 15 € . Ecrivain(s): Anne-Françoise Benhamou Edition: Les solitaires intempestifs

 

Retour à Koltès

Anne-Françoise Benhamou écrit, dans l’une de ses contributions réunies dans le volume Koltès dramaturge, que l’œuvre de ce dernier a connu une sorte de purgatoire après sa mort. Jean-Luc Lagarce, son cadet de dix ans, et la scène contemporaine d’une autre manière ont pour un temps oblitéré celui qui à partir de la fin des années soixante-dix et pendant les années quatre-vingt fut sans doute le plus important des dramaturges français, mis en scène par Patrice Chéreau, Peter Stein.

Il était donc temps de revenir à lui. La pièce Dans la solitude des champs de coton est-elle ainsi inscrite au programme d’admission du concours d’entrée à l’ENS, cette année. Diverses parutions viennent nourrir cette année éditoriale faste (Christophe Bident : Koltès, le sens du monde, ou François Bon : Pour Koltès, publiés aux Solitaires intempestifs). La disparition il y a quelques mois de Patrice Chéreau ajoute à la nécessité de comprendre le parcours de Koltès et de « son » metteur en scène, convoqué de manière émouvante dans le recueil d’Anne-Françoise Benhamou : elle reprend en effet un entretien qu’elle avait eu avec Chéreau et son assistant (de 1981 à 1988) Claude Stratz, mort en 2007, pendant les répétitions de Dans la solitude des champs de coton en 1995.