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Essais

Puissance de la douceur, Anne Dufourmantelle

Ecrit par Pierrette Epsztein , le Jeudi, 17 Octobre 2013. , dans Essais, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Payot

Puissance de la douceur, Editions Manuels Payot, août 2013, 160 pages, 15 € . Ecrivain(s): Anne Dufourmantelle Edition: Payot

 

En France aujourd’hui, nous ne sommes heureusement pas en période de guerre armée. Mais une guerre sourde est à l’œuvre qui provoque des effets sournois sur les mentalités, sur la population et sur la société toute entière. Nous sommes en butte à une idéologie de la compétition à outrance, à une compétitivité sans fin, à une envie effrénée de possession, à une rentabilité obligée, à un chômage inquiétant, à un écart de plus en plus grand entre les revenus, à un repli sur soi de mauvais aloi, à une technologie dévorante qui délite le lien social, à une communication automatisée où la machine remplace de plus en plus l’échange de paroles, à une manipulation du discours médiatique qui nous oblige à penser en rond avec des mots édulcorés et standardisés.

Dans une époque de violence pulsionnelle où l’argent et la science sont devenus des signifiants maîtres, le livre d’Anne Dufourmantelle qui s’intitule Puissance de la douceur ne peut qu’étonner, nous paraître étrange et même faire scandale pour certains. Aujourd’hui, que peut encore signifier ce mot de « douceur » et comment peut-on lui associer le mot « puissance » ? En effet, l’union de ces deux mots peut apparaître de prime abord comme un oxymore. Tout l’essai va être une démonstration de la pertinence de ce titre.

La formation du système soviétique, Moshe Lewin

Ecrit par Victoire NGuyen , le Jeudi, 03 Octobre 2013. , dans Essais, Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, Gallimard

La formation du système politique, traduit de l’anglais par Pierre-Emmanuel Dauzat, avril 2013, 524 p. 17,50 € . Ecrivain(s): Moshe Lewin

Comprendre le stalinisme


Il n’est pas aisé pour un lecteur de lire cet ouvrage d’un trait comme s’il lisait un roman. Il faut prendre du temps pour comprendre la complexité et les ramifications de la pensée de Moshe Lewin. Il est nécessaire pour cela de lire sans précipitation et entre les lignes pour apprivoiser les mots et les arguments en faveur d’une nouvelle école critique de la pensée politique russe.

En effet, dès l’introduction le ton est donné : « (…) l’étude de la société russe de ce siècle est encore un domaine sous-développé, voire à peine développé – fait qu’ignorent ou se refusent parfois à admettre certains spécialistes d’autres aspects des études russes (…). J’insiste sur ce point, parce qu’il est évident que l’on se trompe du tout au tout en affectant de croire qu’il n’y a rien à attendre de ce type d’étude. Le système social soviétique et son régime politique sont loin d’être assez bien connus et compris. Il ne manque pas de jugements à la légère, mais les erreurs fourmillent, et beaucoup trop d’appréciations demeurent artificielles, au regard des exigences scientifiques certes, mais aussi pour les besoins de la vie politique et le bien-être de notre petite planète ».

Pour en finir avec l'espèce humaine, et les Français en particulier, Pierre Drachline

Ecrit par Sophie Galabru , le Mercredi, 02 Octobre 2013. , dans Essais, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Le Cherche-Midi, La rentrée littéraire

Pour en finir avec l'espèce humaine, et les Français en particulier, septembre 2013. 177 p. 15 € . Ecrivain(s): Pierre Drachline Edition: Le Cherche-Midi

 

Dans ce livre de Pierre Drachline nous découvrons comme un nouveau Discours de la servitude volontaire, mais depuis le monstre froid de l'Etat a bien grandi et c'est un mal tentaculaire et omnipotent qui nous enserre dans le renoncement de nous-mêmes. Comme La Boétie, Pierre Drachline constate ahuri la force d'inertie des hommes, l'auto-conformation à l'ordre, ce vice de la servilité. Mais point de généalogie de la lâcheté, de simples coups de pinceaux pour tirer le portrait de la médiocrité humaine. La voix tonitruante, l'auteur se déchaîne contre ces abonnés absents du monde, incapables de passions et de désordre, ces nouveaux morts-vivants entre lesquels il passe avec aversion et refus. Il fait partie de ces rares qui conservent le souvenir de leurs droits naturels et sont indomptables. Il y a alors étalé le plus crument possible le dégoût des autres, sauf de quelques rares amis. Mais le misanthrope est son premier poison, tant il est plus aisé de se fondre dans la masse que de la fuir, "il faudrait pouvoir se perdre de vue. Un rêve d'aveugle." Pourtant, nulle envie de plaire, plutôt celle de déplaire comme il le prétend dans ce livre.

Hannah Arendt et Martin Heidegger, histoire d'un amour, Antonia Grunenberg

Ecrit par Sophie Galabru , le Mardi, 02 Juillet 2013. , dans Essais, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Langue allemande, Récits, Payot Rivages

Hannah Arendt et Martin Heidegger, histoire d'un amour. trad de l'allemand par Cédric Cohen Skalli. 491 p. 28 € . Ecrivain(s): Antonia Grunenberg Edition: Payot Rivages

 

 

Précieux par la richesse de ses sources et la diversité des témoignages recueillis, le livre d'Antonia Grunenberg offre une appréciation juste et sans faux pas de cette relation si complexe qui débuta vers 1924 entre Hannah Arendt et Martin Heidegger. Il ne faudrait pas s'attendre à découvrir un roman historique ou une série de correspondances, c'est au contraire une étude précise qui tente de reconstituer les circonstances qui entourèrent la rencontre de deux éminents penseurs du XX siècle. Car comprendre une telle relation, c'est comprendre d'où ils viennent, d'où ils pensent, avec qui ils pensent, et contre qui. L'idée qui gouverne l'écriture de ce livre est en effet que l'amour de ces deux intellectuels ne peut s'édifier que sur fond de compréhension du monde intellectuel et historique dans lequel ils firent leur entrée; l'auteur fait donc le choix de présenter l'atmosphère culturelle et politique du début du XX siècle en Allemagne avant et après guerre, mais aussi celle des Etats-Unis ou émigre Hannah Arendt.

La lutte pour la reconnaissance, Axel Honneth

Ecrit par Victoire NGuyen , le Mardi, 25 Juin 2013. , dans Essais, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Langue allemande, Folio (Gallimard)

La lutte pour la reconnaissance, traduit de l’Allemand par Pierre Rusch, Folio, Essai n°576, février 2013, 352 pages, 9,10 € . Ecrivain(s): Axel Honneth Edition: Folio (Gallimard)

 

 

Redécouvrir Hegel

 

Il est indéniable que La lutte pour la reconnaissance est un ouvrage majeur pour qui désire renouer avec les cours de philosophie politique. En effet, il s’agit ici du résultat d’une thèse d’habilitation pour une chaire universitaire de philosophie. Axel Honneth se rattache à l’école de pensée qu’on appelle l’école de Francfort. Il suit une lignée directe qui remonte à Hegel, l’un de ses membres les plus prolifiques et les plus prestigieux en terme de production et de réactualisation d’un mode de pensée philosophique hérité des maîtres antiques et de la Renaissance.