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Le jour où Beatriz Yagoda s’assit dans un arbre, Idra Novey

Ecrit par Cathy Garcia , le Mercredi, 20 Décembre 2017. , dans USA, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Les Escales

Le jour où Beatriz Yagoda s’assit dans un arbre, octobre 2017, trad. anglais (USA) Caroline Bouet, 272 pages, 20,90 € . Ecrivain(s): Idra Novey Edition: Les Escales

 

Que l’auteur soit américaine et traductrice du Portugais, spécialiste de l’œuvre d’une romancière brésilienne, n’a sans doute pas rien à voir avec cette histoire de traductrice américaine qui vole au secours de son auteur brésilienne, Beatriz Yagoda, soudainement disparue.

Idra Novey nous fait entrer dans la peau de cette traductrice qui elle-même, au bout de toutes ces années à traduire sa romancière carioca, ne sait plus trop dans quelle peau elle vit. Rajoutons à cela les enfants de la romancière, un peu égarés eux aussi dans son sillage de mystère, dont le très beau Marcus qui a les mêmes yeux vert électrique que sa mère.

Laissant derrière elle chats, pavillon, future belle-mère et futur mari adepte de la course chronométrée, Emma prend le premier avion pour le Brésil où elle s’est déjà rendue de nombreuses fois dans le cadre de son travail. Sitôt débarquée, la traductrice montre tous les symptômes de cette douce maladie, que connaissent bien tous les amoureux du Brésil, ce virus brasiliensis dont on ne peut plus jamais se défaire.

Goat Mountain, David Vann

Ecrit par Philippe Leuckx , le Mardi, 19 Décembre 2017. , dans USA, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Gallmeister

Goat Mountain, octobre 2017, trad. américain Laura Derajinski, 224 pages, 8,40 € . Ecrivain(s): David Vann Edition: Gallmeister

 

Près de quarante ans après les faits, David Vann, né en 1966, relate dans ce roman des faits terrifiants. L’adolescent de onze ans, narrateur, raconte son entrée dans le monde des chasseurs, automne 1978, en Californie.

David Vann nous plonge dans une littérature de filiation et d’initiation : comment un grand-père et un père très sévères « éduquent » ce jeune de 11 ans et l’initient à la chasse et aux armes dans des montagnes désolées… Les enfants des années 50/60 ont eu des pères autoritaires mais à ce point, c’est à se flinguer ! Bien sûr, ils n’étaient pas Américains (et l’on sait ce que les armes…) ni Indiens cherokee… Le livre est dédié à « mon grand-père cherokee Roy Ivory Vann, 1904-1991, qui chassait chaque année dans Goat Mountain, et à tous ses ancêtres, dont les chefs David Vann, James Vann et Joseph Vann » (p.7).

Bon vivant !, Abbott Joseph Liebling

Ecrit par Gilles Banderier , le Jeudi, 14 Décembre 2017. , dans USA, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Biographie, Récits, La Table Ronde

Bon vivant !, octobre 2017, trad. anglais (USA) Jean-Christophe Napias, 248 pages, 17,40 € . Ecrivain(s): Abbott Joseph Liebling Edition: La Table Ronde

 

Les photographies d’Abbott Joseph Liebling disponibles sur le réseau Internet montrent un homme à la silhouette agréablement sphérique, obtenue, travaillée – on le devine – à grands coups de fourchette (car une silhouette de gourmand se travaille, comme une silhouette de culturiste, seul le résultat est différent). Ce journaliste du New Yorker, mort en 1963 (à l’âge de cinquante-neuf ans) est inconnu en France, pays qu’il aimait d’un amour quasi-religieux, comme l’aiment en général les Américains gourmands et cultivés (pas les idiots qui en période de froid diplomatique versent à l’égout le vin français qu’ils ont au préalable acheté). Liebling y séjourna souvent, entre les années 20 et le début de la décennie 1960, désireux – on le comprend assez bien – d’échapper à tout ce que son grand pays possédait d’horripilant. En 1926-1927, il avait obtenu de son père les subsides nécessaires pour une année d’études à la Sorbonne. Liebling ne se distingua point par sa fréquentation assidue de l’alma mater et passa beaucoup de temps dans les restaurants (savait-il seulement faire la cuisine ?).

Wilderness, Lance Weller (par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Mercredi, 13 Décembre 2017. , dans USA, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Gallmeister

Wilderness, trad. américain François Happe, 406 pages, 10,60 € . Ecrivain(s): Lance Weller Edition: Gallmeister

 

Ici, en suivant Abel et son chien, vous rencontrerez des paysages somptueux, des personnages déchirants, les terreurs de la Guerre Civile américaine et surtout un écrivain magnifique, Lance Weller, direct descendant de Thomas Wolfe, Jack London et Cormac McCarthy. Ce livre est un premier roman ; autant le dire tout de suite, Weller commence sa carrière d’écrivain par un chef-d’œuvre.

Abel Truman est un vétéran de la Grande Guerre Civile. Il erre au bord de l’Océan, au Nord-Ouest des USA. Seul – non, avec un chien trouvé un jour – perdu dans l’immensité, la pauvreté, une infinie tristesse. Une tristesse qui vient de loin, des coups terribles que la vie lui a portés. Deux drames épouvantables le hantent ; l’un, privé, la perte de sa fille et de sa femme, dans des conditions déchirantes ; l’autre, connu dans tous les livres d’Histoire américaine : la terrifiante Guerre civile qui déchira l’Amérique de 1861 à 1865.

Romans et nouvelles (1959-1977), Philip Roth en la Pléiade

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 07 Décembre 2017. , dans USA, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Nouvelles, La Pléiade Gallimard

. Ecrivain(s): Philip Roth Edition: La Pléiade Gallimard

 

Romans et nouvelles (1959-1977), Philip Roth, trad. de l'anglais (États-Unis) par Georges Magnane, Henri Robillot et Céline Zins et révisé par Brigitte Félix, Aurélie Guillain, Paule Lévy et Ada Savin. Édition de Brigitte Félix, Aurélie Guillain, Paule Lévy et Ada Savin. Préface de Philippe Jaworski, Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 2017, 1280 p.

 

(Encore) pas de Nobel pour notre patriarche de Newark, mais cette offrande tout de même : le début de la publication de son œuvre par la collection La Pléiade de Gallimard. Et quel début ! Les cinq premiers romans, les premières nouvelles, un Philip Roth sémillant, insolent, transgressif, en un mot réjouissant. On se rappelle les vagues que provoquèrent ses œuvres du début, en particulier dans la pudibonde Amérique, réactionnaire et antisémite. Car les écrits de Roth, publiés à cette époque, sont probablement dans son œuvre les plus libres et surtout les plus provocateurs. Qu’il s’agisse de sexe – ah, Portnoy ! – de judaïsme ou de conformisme américain, Philip Roth rompt les discours entendus, emporte les digues de la bien-pensance, bref, fait pleinement œuvre d’écrivain !