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Absolutely Golden, D. Foy (par Fawaz Hussain)

Ecrit par Fawaz Hussain , le Mercredi, 12 Septembre 2018. , dans USA, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Le Serpent à plumes, La rentrée littéraire

Absolutely Golden, août 2018, trad. anglais (USA) Sébastien Doubinsky, 215 pages, 20 € . Ecrivain(s): D. Foy Edition: Le Serpent à plumes

 

Rachel, une enfant de soleil

Rachel Hill est une Américaine originaire d’Oakland, ville de la côte ouest des États-Unis située dans la baie de San Francisco, dans l’Etat de Californie. Veuve de son « pauvre Clarence », elle se sent terriblement seule et vieille à l’âge de 37 ans. Elle recourt alors aux services d’une vieille gitane qui lui concocte un philtre d’amour à base de vers de terre, de pervenches, de cantharide, de sang menstruel et de poireaux, et ça marche ! Le miracle se produit car trois jours à peine, un dénommé Jack Gammler, un hippie, franchit le seuil de sa porte et s’incruste. Il faut dire que ce Jack n’est pas un homme lambda, un hippie quelconque. La nature l’a doté du « plus grand pénis », « peut-être le plus grand que le monde entier ait jamais vu, plus de trente centimètres dans son état naturel, comme on dit ». A propos de cet « incroyable appendice », Jack le fera tourner au camp de Freedom Lake avec une telle force giratoire qu’on le prendra pour une hélice.

La femme à part, Vivian Gornick (par Sylvie Ferrando)

Ecrit par Sylvie Ferrando , le Jeudi, 06 Septembre 2018. , dans USA, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, La rentrée littéraire, Rivages

La femme à part, septembre 2018, trad. anglais (USA) Laetitia Devaux, 160 pages, 17,80 € . Ecrivain(s): Vivian Gornick

 

Gens de New York, tel aurait pu être le titre de ce nouvel ouvrage de Vivian Gornick, sur le modèle des Gente di Roma/Gens de Rome d’Ettore Scola (film sorti en 2003). A l’image du documentaire italien, proche de la comédie, Vivian Gornick nous fait partager ses réflexions, ses rencontres et ses errances dans les rues de New York, à Manhattan, l’île rêvée, puis habitée, et dans le Bronx, quartier où l’auteure a grandi, ainsi que son fidèle ami Leonard, intellectuel gay.

« Lorsqu’il est seul, l’homme est sincère, écrivait Ralph Waldo Emerson. Mais dès qu’il y a une seconde personne, c’est le début de l’hypocrisie […]. Ainsi, par nature, un ami constitue un paradoxe ». Il y a deux sortes d’amitié, selon Gornick, et d’après son expérience : celle où l’on se remonte mutuellement le moral et où les occasions de se voir sont provoquées, et celle où il faut avoir le moral pour voir l’autre et où on cherche des moments de libres dans son agenda. La place de l’amitié dans l’une ou l’autre de ces catégories dépend de la place du curseur entre « l’emprisonnement de la mélancolie » et « la promesse de l’espoir ». D’un point de vue plus optimiste et plus actif, l’amitié, c’est être « deux voyageurs » qui arpentent les contrées de leur vie et qui se rejoignent « de temps à autre à ses confins pour un rapport sur l’état de la frontière ».

Made in Trenton, Tadzio Koelb

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 30 Août 2018. , dans USA, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, La rentrée littéraire, Buchet-Chastel

Made in Trenton, août 2018, 254 pages, 19 € . Ecrivain(s): Tadzio Koelb Edition: Buchet-Chastel

 

Dans l’après-guerre immédiat dans le New Jersey, Abe Kunstler est ouvrier dans les aciéries. Il sort à peine des affres de la guerre qu’il a faite en Europe et dont dit-il il garde une phrase qu’il répète à l’envi : « J’ai été mutilé pendant la guerre ». L’homme est petit, plutôt malingre, mais on ne sait pas en quoi consiste la « mutilation » dont il parle. Aucun de ses compagnons d’usine ne semble remarquer la moindre anomalie : Abe est costaud, bon buveur, bon danseur les soirs de sortie, et bon raconteur d’histoires drôles. Il est tendre avec les filles, en particulier avec les filles paumées, à qui il donne un coup de main chaque fois que l’occasion se présente. Abe est loin du comportement machiste et vulgaire de ses compagnons.

C’est donc autour de cette énigmatique « mutilation » que Tadzio Koelb construit le début de son intrigue et nous propose un formidable voyage dans la classe ouvrière de la Côte Est à la fin des années quarante. La pauvreté est endémique, les rapports entre les hommes rudes, parfois violents, les dancings de la fin de semaine restent la seule distraction – on paye un ticket pour avoir droit à une danse avec une femme. Danse n’est pas le mot exact, disons plutôt contact rapproché avec le corps d’une femme.

L’Eveil, Kate Chopin

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Vendredi, 13 Juillet 2018. , dans USA, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Editions Liana Levi

L’Eveil (The Awakening, 1899), trad. américain Michelle Herpe-Voslinsky, 210 pages, 9,50 € . Ecrivain(s): Kate Chopin Edition: Editions Liana Levi

 

Ce court roman de Kate Chopin brille comme un joyau français au sein de la littérature du Sud des Etats-Unis. L’auteure d’ailleurs, parfaite francophone comme l’aristocratie créole en comptait un grand nombre alors, aurait pu l’écrire en français. Elle y a même pensé un temps, imprégnée qu’elle était de la lecture de Maupassant et de Flaubert. L’influence de ces deux écrivains est d’ailleurs omniprésente dans ce livre, le premier pour le style narratif, le second pour l’ombre portée d’Emma Bovary sur Edna, l’héroïne de L’Eveil. Comme pour Flaubert justement, Kate Chopin dut subir l’hostilité du public à la parution de son livre. Edna fait scandale, comme Emma.

Comme Emma aussi, c’est une provinciale du Sud, grande bourgeoise mariée à un homme d’affaires, vivant dans une superbe maison à colonnades de style sudiste, avec deux enfants intelligents et en parfaite santé. Le bonheur ? Presque, car Edna connaît beaucoup d’ami(e)s, passe les vacances avec eux et sa famille en bord de mer, reçoit beaucoup dans sa demeure, aime la musique et les fins repas. Contrairement à Emma Bovary, elle ne s’ennuie pas et semble filer un parfait bonheur. Mais. Kate Chopin tisse son roman sur le « mais », bien sûr.

Le Caméléon, David Grann

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 05 Juillet 2018. , dans USA, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Récits, Allia

Le Caméléon (The Chameleon), trad. américain Claire Debru, 87 pages, 3 € . Ecrivain(s): David Grann Edition: Allia

 

Encore un de ces petits livres magiques édités par Allia sous la signature de l’excellent David Grann. Et, bien sûr, Grann reste fidèle à son projet littéraire : écrire des histoires réelles, sans le moindre ajout fictionnel, dans leurs détails les plus exacts, et choisies parmi les affaires contemporaines les plus incroyables.

Il s’agit cette fois de l’affaire Bourdin dit « le caméléon », affaire qui se déroula dans les années 90 et au début des années 2000.

Frédéric Bourdin est né en 1974, d’une liaison entre sa mère Ghislaine Bourdin et Kaci, un ouvrier immigré algérien qui s’avèrera déjà marié et plusieurs fois père. Sa mère va l’élever (mal) seule. A l’âge de 18 ans, Frédéric Bourdin commence à se livrer à des dizaines d’impostures pendant lesquelles, avec une habileté hors du commun, il se fait passer pour divers personnages. Parmi ses métamorphoses les plus mémorables, David Grann en choisit deux, dont on se demande encore comment elles ont pu avoir lieu, tant les situations semblent les rendre impossibles.