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Wilderness, Lance Weller (par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Mercredi, 13 Décembre 2017. , dans USA, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Gallmeister

Wilderness, trad. américain François Happe, 406 pages, 10,60 € . Ecrivain(s): Lance Weller Edition: Gallmeister

 

Ici, en suivant Abel et son chien, vous rencontrerez des paysages somptueux, des personnages déchirants, les terreurs de la Guerre Civile américaine et surtout un écrivain magnifique, Lance Weller, direct descendant de Thomas Wolfe, Jack London et Cormac McCarthy. Ce livre est un premier roman ; autant le dire tout de suite, Weller commence sa carrière d’écrivain par un chef-d’œuvre.

Abel Truman est un vétéran de la Grande Guerre Civile. Il erre au bord de l’Océan, au Nord-Ouest des USA. Seul – non, avec un chien trouvé un jour – perdu dans l’immensité, la pauvreté, une infinie tristesse. Une tristesse qui vient de loin, des coups terribles que la vie lui a portés. Deux drames épouvantables le hantent ; l’un, privé, la perte de sa fille et de sa femme, dans des conditions déchirantes ; l’autre, connu dans tous les livres d’Histoire américaine : la terrifiante Guerre civile qui déchira l’Amérique de 1861 à 1865.

Romans et nouvelles (1959-1977), Philip Roth en la Pléiade

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 07 Décembre 2017. , dans USA, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Nouvelles, La Pléiade Gallimard

. Ecrivain(s): Philip Roth Edition: La Pléiade Gallimard

 

Romans et nouvelles (1959-1977), Philip Roth, trad. de l'anglais (États-Unis) par Georges Magnane, Henri Robillot et Céline Zins et révisé par Brigitte Félix, Aurélie Guillain, Paule Lévy et Ada Savin. Édition de Brigitte Félix, Aurélie Guillain, Paule Lévy et Ada Savin. Préface de Philippe Jaworski, Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 2017, 1280 p.

 

(Encore) pas de Nobel pour notre patriarche de Newark, mais cette offrande tout de même : le début de la publication de son œuvre par la collection La Pléiade de Gallimard. Et quel début ! Les cinq premiers romans, les premières nouvelles, un Philip Roth sémillant, insolent, transgressif, en un mot réjouissant. On se rappelle les vagues que provoquèrent ses œuvres du début, en particulier dans la pudibonde Amérique, réactionnaire et antisémite. Car les écrits de Roth, publiés à cette époque, sont probablement dans son œuvre les plus libres et surtout les plus provocateurs. Qu’il s’agisse de sexe – ah, Portnoy ! – de judaïsme ou de conformisme américain, Philip Roth rompt les discours entendus, emporte les digues de la bien-pensance, bref, fait pleinement œuvre d’écrivain !

La conversion, James Baldwin

Ecrit par Grégoire Meschia , le Jeudi, 23 Novembre 2017. , dans USA, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Rivages

La conversion, octobre 2017, trad. anglais (USA) Michèle Albaret-Maatsch, 300 pages, 20 € . Ecrivain(s): James Baldwin Edition: Rivages

 

Premier roman publié par James Baldwin en 1952, La Conversion raconte l’examen de conscience de John, le jour de ses 14 ans, en attente d’une révélation mystique.

C’est à Harlem et dans la crasse que vit la famille Grimes. Même si Elizabeth s’acharne à tenir propre un taudis dont la poussière ne s’atténue jamais et que son fils, John, l’aide de bon cœur, la tâche s’avère impossible. La marque indélébile qui frappe ce foyer est celle du péché. Ses occupant·e·s sont Noires. Et, dans les Etats-Unis, même au Nord, dans les années 1950, être Noir est une faute qui interdit de vivre convenablement et sereinement. La société perçoit les personnes noires comme crasseuses. La couleur de peau souille les corps et les avilit. Le jeune John commence à prendre conscience de la société raciste dans laquelle il vit et de la place restreinte qui lui est réservée. C’est pour cela que sa décision le jour des ses 14 ans revêt une dimension si cruciale.

L’Obscure Clarté de l’air, David Vann

Ecrit par Anne Morin , le Mercredi, 22 Novembre 2017. , dans USA, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Gallmeister

L’Obscure Clarté de l’air, octobre 2017, trad. américain Laura Derajinski, 259 pages, 23 € . Ecrivain(s): David Vann Edition: Gallmeister

 

Médée, qui se rêve en roi et qui se venge en femme blessée, Médée qui se veut sorcière et qui n’est que magicienne, Médée sans ancêtres, éternellement sans descendance. Médée qui donne, ou croit donner, et qui reprend, ou croit reprendre. Médée qui se trompe elle-même, sur elle-même, du début à la fin.

Une écriture pressée, dense, saccadée, hachée, convoquée par l’urgence pour écrire un personnage en fuite, et qui regarde sans cesse derrière elle. Sans cesse en avant, devancée, et sans cesse retenue. Goule, louve, en quête de puissance et de liberté : « Si elle pouvait revenir en arrière, elle le ferait. Elle redonnerait à son frère sa forme entière, lui insufflerait la vie, et obéirait à son père. Mais elle sait que s’ils parviennent à s’échapper, ce regret s’effacera aussitôt » (p.80).

Dès le début, l’ambivalence de sa relation à Jason, pont entre la Colchide et la liberté, trait d’union entre deux mondes, elle-même ne sachant que faire de ses sentiments à son égard, tour à tour attirée et repoussée : « C’est bien plus que l’amour qui l’a poussée à quitter la Colchide, elle s’en rend compte. Elle bâtirait son propre royaume. Ce qu’elle prenait pour de l’amour, une forme de folie, c’était aussi le frisson de la liberté » (p.65).

Et au milieu coule une rivière, Norman MacLean

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 16 Novembre 2017. , dans USA, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Rivages

Et au milieu coule une rivière, novembre 2017, trad. américain Marie-Claire Pasquier, 174 pages, 19 € . Ecrivain(s): Norman MacLean Edition: Rivages

 

La rivière du sixième jour, l’étrange et beau titre original français de ce roman mythique, rend bien compte d’une dimension essentielle de l’œuvre, la dimension biblique. Elle traverse ce roman de part en part, dès l’incipit, inoubliable, qu’il faut citer en intégralité :

« Dans notre famille, nous ne faisions pas clairement la distinction entre la religion et la pêche à la mouche. Nous habitions dans l’ouest du Montana, au confluent des grandes rivières à truites, et notre père, qui était pasteur presbytérien, était aussi un pêcheur à la mouche qui montait lui-même ses mouches et apprenait aux autres à monter les leurs. Il nous avait expliqué à mon frère et moi, que les disciples de Jésus étaient tous des pêcheurs, nous laissant entendre – ce dont nous étions persuadés tous les deux – que les meilleurs pêcheurs du Lac de Tibériade étaient tous des pêcheurs à la mouche, et que Jean, le disciple préféré, pêchait à la mouche sèche ».