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Roman

Adieu le cirque !, Cheon Un-Yeong

Ecrit par Victoire NGuyen , le Samedi, 13 Juillet 2013. , dans Roman, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Asie, Serge Safran éditeur

Adieu le cirque !, traduit du coréen par Seon Yeong-a et Carine Devillon, avril 2013, 267 pages, 18,50 € . Ecrivain(s): Cheon Un-Yeong Edition: Serge Safran éditeur

 

Ballade des âmes errantes

 

Le roman s’ouvre sur un spectacle de cirque en Chine. Deux frères assistent aux acrobaties qui se déroulent sur scène. Le lecteur ne connaît que la pensée de l’un des frères, Yunho, qui contemple le spectacle.

« Je regardais la scène, les bras croisés, bien résolu à rester de glace, quelque dangereux que fût le numéro réalisé devant mes yeux. La virtuosité de cette troupe d’acrobates chinois, qui arrachait des exclamations au public par une contorsion ou un pliement grotesque du corps, ne m’inspirait que pitié. Le cirque implique une prise de risque. Le cirque, c’est l’affranchissement des limites physiques par un entraînement infernal. C’est donc de la pitié, et non de l’émotion, que l’on éprouve au cirque ».

Un balcon sur l'algérois, Nimrod

Ecrit par Theo Ananissoh , le Vendredi, 12 Juillet 2013. , dans Roman, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Afrique, Actes Sud

Un balcon sur l’Algérois, avril 2013, 174 pages, 18 € . Ecrivain(s): Nimrod Bena Djangrang (Nimrod) Edition: Actes Sud

 

 

Début des années quatre-vingt. Paris – c’est-à-dire, essentiellement Montparnasse, Saint-Germain-des-Prés et Montmartre. Nimrod, un jeune étudiant tchadien, arrive de son pays et s’inscrit à la Sorbonne. Les rapports avec sa directrice de mémoire, d’académiques, virent à la passion amoureuse et charnelle. Jeanne-Sophie est fille de colonel et issue de la grande bourgeoisie. Lui est boursier. Il est marié – Maureen, l’épouse, est au Tchad avec leur fille ; elles le rejoindront peut-être. Jeanne-Sophie a toujours eu ce qu’elle voulait et est habituée à posséder ce qu’elle désire. A côté de ces deux personnages, il y a quelques autres dont Bakary, éboueur malien de son état et père d’un garçon qu’il a eu avec Sylvie, une amie de Jeanne-Sophie. Sylvie, également prof à la Sorbonne, est une « fille d’aristos » ; son père est un banquier… Voici comment pense et parle Bakary – au grand dam de sa compagne ; enfin compagne est une façon de parler parce que Bakary a sa fierté d’éboueur. Il tient à son foyer de travailleurs d’Arcueil-Cachan et refuse d’emménager avec Sylvie dans son appartement du 16ème. Bakary donc – il s’adresse à Nimrod :

Shirker, Chad Taylor

Ecrit par Yann Suty , le Vendredi, 12 Juillet 2013. , dans Roman, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Christian Bourgois, Océanie

Shirker, traduit de l’anglais par Anouk Neuhoff, 2000, Christian Bourgois 2002 pour la traduction française, 359 pages, 23 € (repris en 10/18, 2005, 364 pages, 9 €) . Ecrivain(s): Chad Taylor Edition: Christian Bourgois

 

« – Qu’est-ce donc cet homme sur lequel tu enquêtes, Ellie ? Qu’est-ce que tu fabriques avec ce portefeuille ? A quoi rime tout ça ?

– Je n’en sais rien. Et c’est ce que je cherche à élucider ».

Cet échange décrit bien l’atmosphère de Shriker, le premier roman du néo-zélandais Chad Taylor. Il sera ainsi question d’un crime à élucider, mais aussi d’un enquêteur (qui n’est pas un enquêteur) qui cherche aussi à comprendre ce qui le motive à endosser un rôle qui n’est pas le sien.

Alors qu’il passe devant une scène de crime, Ellerslie Penrose, le narrateur, ramasse un portefeuille par terre. Celui de la victime ? Peut-être. Il tente de le remettre aux agents de police, mais ceux-ci le prennent pour un détective et l’invitent à aller voir de plus près le cadavre d’un homme qui vient d’être retrouvé dans un conteneur en verre. Les causes de sa mort : il s’est lentement vidé de son sang par le biais de multiples coupures.

Le bar du caïman noir, Denis Humbert

Ecrit par Patryck Froissart , le Mercredi, 10 Juillet 2013. , dans Roman, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Presses de la Cité

Le bar du caïman noir, juin 2013, 280 pages, 19 € . Ecrivain(s): Denis Humbert Edition: Presses de la Cité

 

« Regina », voilà un bien beau nom pour un hameau sordide, perdu au bord du fleuve, quelque part en Guyane.

« Une église, une mairie-école et quelques cases créoles… », et l’épicerie Gomès devant laquelle des hommes venus des alentours se retrouvent chaque matin, boivent et échangent les nouvelles.

Plus loin, à l’écart de tout, le bar du Caïman noir, autre nœud de rencontres, louche, interlope celui-là, lieu de plaisirs tristes, où, le soir surtout, ça danse, ça se soûle, ça se bat parfois, où quelques amérindiennes en voie d’acculturation viennent monnayer leurs charmes, où se croisent orpailleurs clandestins, fonctionnaires métropolitains impatients d’être affectés ailleurs, aventuriers au passé trouble, épaves au passé occulte qui ont choisi d’échouer dans ce trou vaseux pour se faire oublier.

Voilà pour le décor, baignant dans la moiteur, la pluie, la boue et le mal être.

Le tueur se meurt, James Sallis

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Mardi, 09 Juillet 2013. , dans Roman, Les Livres, Recensions, Polars, La Une Livres, USA, Rivages/Thriller

Le tueur se meurt (The killer is dying), traduit de l'anglais (USA) par Christophe Mercier et Jeanne Guyon avril 2013, 264 p. 20 € . Ecrivain(s): James Sallis Edition: Rivages/Thriller

 

Rembrandt, triste hôpital tout rempli de murmures,
Et d'un grand crucifix décoré seulement,
Où la prière en pleurs s'exhale des ordures,
Et d'un rayon d'hiver traversé brusquement

Charles Baudelaire. Les Phares

 

Baudelaire ici parce que dans ce quatrain est concentré l’univers de ce chef-d’oeuvre noir de James Sallis. Univers de la chute, de l’impiété, du meurtre et du châtiment. The killer is dying dit le titre original. La syntaxe anglaise est plus explicite que la française. Progressive form. C’est bien là le génie de Sallis qui va distiller, instiller, son récit au goutte-à-goutte comme les liquides jaunâtres qui coulent des poches suspendues au-dessus des patients, cassés, blessés, mourants des hôpitaux qui parsèment le chemin de Chrétien. Chrétien, c’est le nom du héros tueur !