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Roman

Impurs, David Vann

Ecrit par Yann Suty , le Mardi, 19 Mars 2013. , dans Roman, Les Livres, Recensions, La Une Livres, USA, Gallmeister

Impurs, traduit (USA) Laura Derajinski 2013, 284 p. 23,10 € . Ecrivain(s): David Vann Edition: Gallmeister

 

Le dernier roman de David Vann débute à la manière d’un film d’horreur à la Evil Dead. Un groupe va passer un week-end dans une cabane isolée dans les bois. Contrairement à nombre de films d’horreur, ce n’est pas un groupe de copains qui part en week-end, mais une famille. Une famille que ses membres n’hésitent pas à qualifier de « white trash ».

« Est-ce qu’on est des white trash ? demanda-t-il. Je n’irai jamais à l’université, aucun de nous n’a un emploi et on vit dans les bois. Avant même de m’en rendre compte, je risque de coucher avec ma cousine ».

Et comme dans un film d’horreur, la famille se retrouve bientôt confrontée à une menace. Sauf que la menace n’est pas à l’extérieur, mais à l’intérieur. La menace est dans la famille. La menace est la famille elle-même.

David Vann avait déjà abordé la thématique de l’explosion de la cellule familiale dans ses deux précédents romans, Sukkwann Island et Désolations. Et comme dans ces deux premiers opus, on retrouve sa même capacité à faire monter la tension crescendo, par petites touches.

La fresque, Eliane Serdan

Ecrit par Stéphane Bret , le Mardi, 19 Mars 2013. , dans Roman, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Serge Safran éditeur

La Fresque, mars 2013, 160 pages, 12,50 € . Ecrivain(s): Eliane Serdan Edition: Serge Safran éditeur

 

Qu’est-ce qui nous aide à vivre le mieux ? Cette question, que nous nous posons tous à un moment ou à un autre de nos vies, est le thème du roman d’Eliane Serdan, La Fresque. Le récit se déroule à Sienne, dans la dernière décennie du XVe siècle. Pandolfo Petrucci a pris le pouvoir dans cette ville, il y règne en tyran implacable. Il se heurte à l’opposition des grandes familles et mène une diplomatie délicate avec les villes-états de Florence et de Milan. Tous ces bouleversements politiques contraignent Gian Di Bruno à fuir la ville de Sienne et à se réfugier sur le Casentino dans la maison inhabitée de son ami Paolo. Les complots vont bon train, les Vénitiens soutiennent Pise et veulent étendre leur influence à Sienne…

Très vite, l’exil conduit Gian Di Bruno à des interrogations multiples : elles portent sur son enfance, sur l’impact de l’exil : « L’exil est avant tout la fin d’une harmonie. Quand je vivais à Sienne, je ne prenais jamais le temps de contempler les cyprès ou l’ocre d’un chemin mais je sais, maintenant que s’instaure entre le paysage et moi un désaccord de tous les instants, quelle était la force du lien qui nous unissait ».

J'ai fait comme elle a dit, Pascal Thiriet

Ecrit par Catherine Dutigny/Elsa , le Lundi, 18 Mars 2013. , dans Roman, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Jigal

J’ai fait comme elle a dit, Editions Jigal, février 2013, 232 pages, 17,50 € . Ecrivain(s): Pascal Thiriet Edition: Jigal

 

Entre Sahaa, jolie asiatique à la voix « de fesses » et Pierre, mi-Corse mi-méditerranéen, adepte du sandwich au Tuc, occasionnel videur musclé d’appartements pour le compte d’une agence immobilière très particulière, le mot amour prend un « s ». Anciens amants, pas vraiment séparés, mais jamais tout à fait ensemble, leurs chemins vont à nouveau se croiser quand la belle déjantée plaque son Tom-Tom de dealer, emportant avec elle, ce qui n’est ni très élégant, ni très intelligent, sa came au passage.

Début des emmerdes… Pour corser l’affaire, Sahaa est devenue par la grâce d’un vieil amant co-inventeur d’un procédé révolutionnaire destiné à rendre à l’essence son statut de vulgaire liquide noir nauséabond et sans intérêt, une bio-clé vivante, capable d’ouvrir le coffre suisse où sont planqués les documents scientifiques secrets. Cerise sur le gâteau, une grosse assurance-vie a été contractée sur sa tête. CQFD, beaucoup de personnes s’intéressent au physique de la belle, mais pas forcément avec les meilleures intentions du monde. Heureusement pour elle, Pierre est prêt à tout, dévoué corps et âme, de préférence lorsque son Glock est à portée de main.

Les possédés de la pleine lune, Jean-Claude Fignolé

Ecrit par Cathy Garcia , le Vendredi, 15 Mars 2013. , dans Roman, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Vents d'ailleurs

Les possédés de la pleine lune, octobre 2012 (première édition en 1987 chez Seuil), 221 p. 19 € . Ecrivain(s): Jean-Claude Fignolé Edition: Vents d'ailleurs

 

Si l’on est de celles et ceux qui veulent tout comprendre et immédiatement, on prend le risque en lisant ce livre, d’un mal macaque, une gueule de bois, dans la langue haïtienne, car tout y est inextricablement emmêlé. Passé, présent, la nuit et le jour, la mort et l’amour, mythe et réalité, les histoires et les destinées, le rire et les larmes, espoir, désespoir, rêve et cauchemar. Tout est vivant, tout cherche à s’exprimer, même les morts. Tout a une âme, le ciel, la terre, l’eau, les animaux, tout est personnifié, même les objets, les maisons, tout est magie et même le malheur, omniprésent, est une force vitale dans ce village des Abricotiers, qui ne peut que se relever toujours et encore, entre deux désastres, qui ne manquent pas de le ravager.

Ouragans, sécheresses, inondations, deuils innombrables et la monstrueuse bête à sept têtes qui dévore régulièrement dans ce pays d’Haïti, chaque nouvelle pousse de liberté et de démocratie. Peu à peu, quelques personnages se dégagent du magma de cette langue incroyablement dense et riche, avec laquelle l’auteur nous dépeint ce petit village, coincé entre mornes et océan.

La cité des anges déchus, John Berendt

, le Vendredi, 15 Mars 2013. , dans Roman, Les Livres, Recensions, La Une Livres, USA

La cité des anges déchus, trad. (USA) Pierre Brévignon, Ed. L'Archipel, 390 p. 22 € . Ecrivain(s): John Berendt

 

« Attention, chute d’anges ». En exergue à son magnifique ouvrage, John Berendt prévient son lecteur en évoquant cet énigmatique panneau qu’il a vu à côté de l’église Santa Maria della Salute, avant sa restauration. Et justifie le titre de son livre.

Amoureux de la cité des doges où il est venu à plus d’une dizaine de reprises, John Berendt a débarqué à Venise au début du mois de février 1996, trois jours après l’incendie qui a ravagé l’opéra, La Fenice. Il y trouve là le prétexte pour nous faire pénétrer dans les mystères, les fastes, les ruelles et, pour finir, la déchéance de la Sérénissime.

Tandis qu’il suit les méandres de l’enquête consécutive à l’embrasement, il nous emmène au plus profond de la cité mythique et nous invite dans l’intimité de personnages pittoresques. Le poète Mario Stefani (378) qui écrit ses poèmes sur les palissades provisoires en bois et affirme que « si Venise n’avait pas de ponts, l’Europe serait une île ».