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Roman

La chasse au renne de Sibérie, Julia Latynina

Ecrit par Grégoire Meschia , le Mardi, 29 Janvier 2013. , dans Roman, Les Livres, Recensions, Polars, La Une Livres, Russie, Babel (Actes Sud)

La Chasse au renne de Sibérie, trad. du russe Yves Gauthier. 2008, 665 pages, 11,50 € . Ecrivain(s): Julia Latynina Edition: Babel (Actes Sud)

 

 

Moins connue pour sa production littéraire que pour son journalisme politique, Julia Latynina s’intéresse tout particulièrement aux relations (souvent compliquées) entre crime et politique, entre économie et mafia. Quoi de mieux, pour parler de ces thèmes, que la Russie, pays fascinant et troublant s’il en est ? A travers l’histoire d’un combinat métallurgique de Sibérie qui trouve des implications jusqu’à Moscou, Latynina nous propose une description de la situation sociale en Russie, pays inégalitaire qui met en opposition les nouveaux riches du secteur de la banque et les pauvres prolétaires.

L’enjeu de cette intrigue majoritairement financière n’est pas réductible à une dénonciation politique du gouvernement de Poutine (l’instance politique est le grand absent du roman). Dans ce roman noir, on observe plutôt un empire en désintégration. Mais plus qu’aux aspects politiques et économiques (affaires bien souvent de spécialistes et Julia Latynina en est une), intéressons-nous prioritairement à des considérations littéraires.

Richard W., Vincent Borel

Ecrit par Anne Morin , le Lundi, 28 Janvier 2013. , dans Roman, Les Livres, Recensions, La Une Livres, La rentrée littéraire, Sabine Wespieser

Richard W., 308 pages, 22 € . Ecrivain(s): Vincent Borel Edition: Sabine Wespieser

 

Richard W, et non R. Wagner… le « parti pris », l’allure du roman sont posés : c’est autour de l’homme, par le côté familier de son prénom, de son « petit nom », que tout tourne. C’est l’intimité, presque la familiarité du personnage qui va donner le ton à ce roman, la petite histoire, la petite musique qui interagit avec le nom, connu, re-connu, qui met l’accent sur le côté méconnu du personnage Wagner. Comme si le nom n’était qu’un avatar, comme si le prénom lui donnait toute sa force, l’éclairant, le déviant, le montrant sous un jour différent, souvent sans doute l’exagérant.

Bon nombre des anecdotes de la vie de Richard Wagner émaillant le livre sont sinon imaginées, du moins étirées à l’extrême, mais servent de révélateur, de soubassement à l’exploration de la naissance de l’œuvre. Nées de l’interprétation de l’auteur, mélomane, musicien, prompt à faire réagir comme une composition chimique vie et œuvre, l’œuvre comme prolongement de l’homme ou, plus exactement, projection : « ici l’espace et le temps se confondent », ainsi que le dit Gurnemanz à Parsifal. Tout attend, se condense pour mieux éclater, se résoudre dans une envolée.

Le thé des trois vieilles dames, Friedrich Glauser

Ecrit par Stéphane Bret , le Lundi, 28 Janvier 2013. , dans Roman, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Zoe

Le thé des trois vieilles dames, octobre 2012, 256 pages . Ecrivain(s): Friedrich Glauser Edition: Zoe

 

A Genève, dans les années vingt, un homme est retrouvé mort, Place du Molard, dans un parc public ; l’autopsie révèle qu’il a été empoisonné. A l’autre bout de la ville, le cadavre d’un pharmacien, trafiquant de drogue à ses heures perdues, est découvert. L’empoisonnement est diagnostiqué également. Un professeur, morphinomane, du nom de Louis Dominicé, les connaît tous les deux. Cet homme s’est occupé naguère de sciences occultes. Pour corser l’énigme il a été trouvé chez le pharmacien une description d’une recette de pommade de sorcières, ainsi qu’une médaille indiquant la présence à Genève d’une secte gnostique. L’un des personnages établit une liaison entre la secte et l’empoisonnement : « Les maladies mentales sont un empoisonnement doublé d’une possession. Telle est, vous le savez, la théorie du professeur. Eh bien, vous avez les poisons et vous avez la secte ».

On le voit, l’intrigue choisie par Friedrich Glauser emporte le lecteur vers des mondes divers : c’est l’occasion pour ce dernier, de décrire la Genève des années vingt, truffée d’espions de toutes nationalités. On y repère Natacha, jeune russe amoureuse de Wladimir Rosenstock, espion soviétique. Baranoff, membre de la troisième Internationale, est au service de la cause révolutionnaire bolchévique.

Amazones, Raphaëlle Riol

Ecrit par Catherine Dutigny/Elsa , le Vendredi, 25 Janvier 2013. , dans Roman, Les Livres, Recensions, La Une Livres, La Brune (Le Rouergue)

Amazones, janvier 2013, 205 pages, 18,80 € . Ecrivain(s): Raphaëlle Riol Edition: La Brune (Le Rouergue)

 

 

Si l’on en croit la légende, les Amazones, non seulement se coupaient un sein pour mieux chasser, mais tuaient toute descendance mâle et ne s’accouplaient qu’à des hommes estropiés et/ou diminués par des mutilations diverses qui les empêchaient d’être violents et d’exercer sur elles leur pouvoir. Un féminisme antique, radical et singulier.

Alice, 30 ans, et Joséphine, 89 ans, les deux héroïnes de ce second roman de Raphaëlle Riol, en seraient-elles les lointaines cousines ? L’auteure prend le parti de nous le laisser croire, tout en illustrant son propos de nombreuses métaphores cruelles, mais aussi irrésistiblement drôles et cocasses.

Au hasard d’une rencontre dans une maison de retraite, mouroir brossé avec un humour féroce, ces deux femmes qui n’avaient, a priori, aucune chance de mêler leurs destins, vont fuir ensemble et entreprendre l’« escape road » à la française qui les mènera du Havre, à Loupiac en Gironde, puis à Marseille, avant un retour à la case départ.

Confusion, Neil Jordan

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 24 Janvier 2013. , dans Roman, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Iles britanniques, Joelle Losfeld

Confusion (Mistaken). Trad. de l’anglais (Irlande) par Florence Lévy-Paoloni. 352 p. 22 € . Ecrivain(s): Neil Jordan Edition: Joelle Losfeld

 

 

Troublant. Jusqu’à l’extrême puisque le trouble porte sur l’identité même des (deux ?) personnages centraux du livre. Qui est qui dans le duo ? Le narrateur est-il le narrateur ou celui pour qui on ne cesse de le prendre tout au long de l’histoire. Kevin ou Harry ?

 

Dans une construction qui constitue une toile serrée de lieux, Neil Jordan nous emmène dans le dédale de ses obsessions. Les énigmes de l’amour, du sexe, de la filiation, des peurs de l’enfance. Avec, bien sûr, les figures inévitables de son univers, Bram Stoker, Dracula, les vampires, purement imaginaires ici. Bien sûr, il s’agit du premier roman du réalisateur de « Entretien avec un vampire ». Toute l’œuvre cinématographique de Jordan est hantée par les contes pour enfants sur leur versant noir, terrifiant. « La compagnie des loups » était déjà une version fantastique du « Petit Chaperon Rouge » qui croise le thème du Loup-Garou.