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Roman

On est encore aujourd'hui, Véronique Janzyk

Ecrit par Gilles Brancati , le Mardi, 26 Mars 2013. , dans Roman, Les Livres, Recensions, La Une Livres

On est encore aujourd’hui, Onlit Books, Editeur numérique, Mars 2013, 146 pages, 3,99 € . Ecrivain(s): Véronique Janzyk

 

Ce livre est une ambiance. C’est à la fois sa force et sa faiblesse. C’est une histoire simple avec deux personnages « actifs ». D’autres sont présents mais ne participent pas à l’histoire. Les deux héros ont des vies de tout le monde, mais elles restent en toile de fond. C’est de ce couple dont l’auteure veut nous parler et de lui seul.

Un homme – Michel, addictologue et auteur – et une femme – la narratrice – se rencontrent à l’occasion d’une conférence où lui est accueilli par elle. Ils se promettent de reprendre contact et ils le font. Naît alors une amitié qu’ils cristallisent autour de leur passion commune, le cinéma.

Dès lors, on attend que cette rencontre, puis cette amitié se transforment en histoire d’amour et on se dit que ça risquerait bien d’être très ordinaire et pourquoi pas un peu poussif. La surprise vient au milieu du récit, inattendue, brutale. Un évènement survient qui ne remet rien en question et on comprend alors pourquoi elle s’adresse à lui sur le mode du « tu ». Elle les raconte tous deux dans un monologue qui pourrait être une longue lettre.

L'intensité secrète de la vie quotidienne, William Nicholson

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 21 Mars 2013. , dans Roman, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Iles britanniques, Editions de Fallois

L'intensité secrète de la vie quotidienne, Trad. anglais Anne Hervouët, Février 2013, 410 p. 22 . Ecrivain(s): William Nicholson Edition: Editions de Fallois

 

Avis aux futurs lecteurs de ce roman : risque fort d’addiction ! Certes il s’agit bien de vie quotidienne et donc, globalement, d’événements qui ne dépassent que rarement le possible, voire le probable de tout un chacun. Et pourtant, le talent de William Nicholson, qui manie la narration écrite comme il a su le faire en tant que scénariste dans des films qu’on a adorés (Gladiator par exemple), fait ici encore merveille. Jamais la polyphonie n’a eu tant de réalité que dans ce récit. Plus de dix personnages, tour à tour, au cœur d’une Angleterre rurale, racontent, se racontent, dans une tranche de vie.

Au centre de ce microcosme, Laura. Elle a une quarantaine d’années, un mari, deux enfants, des parents riches, tout va bien. Sauf que. Sauf que 20 ans après une rupture brutale et douloureuse, Nick ressurgit du passé et ébranle la vie de Laura.

L’art de Nicholson n’est pas dans l’écriture elle-même. Il écrit, on lit, on n’en demande ici guère plus. Les petites et grandes misères de tous les jours des personnages, leurs joies aussi, se croisent et se décroisent avec une énergie de chaque instant, un rythme soutenu, une sorte d’évidence. Pas un chapitre qui ne nous captive pas, on veut la suite, comme les soirs de diffusion de nos séries télévisées favorites. Et pourtant, aucun doute, il s’agit bien de faits de la vie quotidienne.

Deux chambres avec séjour, Ibrahim Aslân

Ecrit par Martine L. Petauton , le Mercredi, 20 Mars 2013. , dans Roman, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Pays arabes, Actes Sud

Deux chambres avec séjour, traduit de l’arabe (Egypte) Stéphanie Dujols, février 2013, 124 pages, 16,80 € . Ecrivain(s): Ibrahim Aslân Edition: Actes Sud

 

Petit livre aux dimensions du modeste appartement, dont il est question, ici. Petit, mais à la densité extrême de ce qui s’y passe : la vie…

L’histoire tient dans une paire de babouches – usées, familières, posées sur la palier.

Khalil est vieux, usé lui aussi, mais fier de tenir encore debout. Ihsan, est le versant féminin de l’attelage qu’on imagine avec tendresse rouler depuis un bon bout de temps. Ils ne sortent plus beaucoup, ressassent des miettes de souvenirs, se chamaillent pour des riens, conjuguent au passé. Un – doux et tendre – « au théâtre ce soir », sis au cœur du vieux Caire.

Ishan vient à mourir. Portes et fenêtres s’ouvrent sur la rue, les anciens copains, les voisins qu’on connaissait au fond bien peu… Le temps continue sa course au rythme de la pendule des « vieux » chers à Brel…

Impurs, David Vann

Ecrit par Yann Suty , le Mardi, 19 Mars 2013. , dans Roman, Les Livres, Recensions, La Une Livres, USA, Gallmeister

Impurs, traduit (USA) Laura Derajinski 2013, 284 p. 23,10 € . Ecrivain(s): David Vann Edition: Gallmeister

 

Le dernier roman de David Vann débute à la manière d’un film d’horreur à la Evil Dead. Un groupe va passer un week-end dans une cabane isolée dans les bois. Contrairement à nombre de films d’horreur, ce n’est pas un groupe de copains qui part en week-end, mais une famille. Une famille que ses membres n’hésitent pas à qualifier de « white trash ».

« Est-ce qu’on est des white trash ? demanda-t-il. Je n’irai jamais à l’université, aucun de nous n’a un emploi et on vit dans les bois. Avant même de m’en rendre compte, je risque de coucher avec ma cousine ».

Et comme dans un film d’horreur, la famille se retrouve bientôt confrontée à une menace. Sauf que la menace n’est pas à l’extérieur, mais à l’intérieur. La menace est dans la famille. La menace est la famille elle-même.

David Vann avait déjà abordé la thématique de l’explosion de la cellule familiale dans ses deux précédents romans, Sukkwann Island et Désolations. Et comme dans ces deux premiers opus, on retrouve sa même capacité à faire monter la tension crescendo, par petites touches.

La fresque, Eliane Serdan

Ecrit par Stéphane Bret , le Mardi, 19 Mars 2013. , dans Roman, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Serge Safran éditeur

La Fresque, mars 2013, 160 pages, 12,50 € . Ecrivain(s): Eliane Serdan Edition: Serge Safran éditeur

 

Qu’est-ce qui nous aide à vivre le mieux ? Cette question, que nous nous posons tous à un moment ou à un autre de nos vies, est le thème du roman d’Eliane Serdan, La Fresque. Le récit se déroule à Sienne, dans la dernière décennie du XVe siècle. Pandolfo Petrucci a pris le pouvoir dans cette ville, il y règne en tyran implacable. Il se heurte à l’opposition des grandes familles et mène une diplomatie délicate avec les villes-états de Florence et de Milan. Tous ces bouleversements politiques contraignent Gian Di Bruno à fuir la ville de Sienne et à se réfugier sur le Casentino dans la maison inhabitée de son ami Paolo. Les complots vont bon train, les Vénitiens soutiennent Pise et veulent étendre leur influence à Sienne…

Très vite, l’exil conduit Gian Di Bruno à des interrogations multiples : elles portent sur son enfance, sur l’impact de l’exil : « L’exil est avant tout la fin d’une harmonie. Quand je vivais à Sienne, je ne prenais jamais le temps de contempler les cyprès ou l’ocre d’un chemin mais je sais, maintenant que s’instaure entre le paysage et moi un désaccord de tous les instants, quelle était la force du lien qui nous unissait ».