Le recueil de Françoise Ascal, Des voix dans l’obscur, accroche la lecture dès l’incipit par le neutre liminaire, un « ça » à la Giono, mimant « l’afflux des mots », mise en abyme du travail de l’auteur.
Le texte à proprement parler commence par un hommage à la morte (la mère ?) dont la musique provient des répétitions de mots-outils et d’infinitifs. Ecriture au lyrisme discret qui entraîne à poursuivre la découverte poétique.
Alors, dans la confusion des pronoms, se forme l’idée d’un dédoublement comme souvent en provoque l’acte d’écrire (1). De ce fait, de ses bras à « elle », quand « j’écris pour me libérer de leurs songes / rejoindre les vivants », naît le « tu » prisé par la poétique contemporaine et qui accentue ici le mystère de l’énonciation.
De brèves strophes aux mètres libres allant jusqu’à prendre la forme de versets se multiplient de deux à six dans la page. Des vers courts y côtoient de longs paragraphes qui se lisent dans un seul souffle. La respiration se retient comme celle des morts qui rôdent : « est-ce que le morts parlent » ; il y a enfin la peur qui devient ombre quand se perd le nom.