Identification

Poésie

Ecrits sur la poésie, Jean-Paul Michel

Ecrit par Patryck Froissart , le Jeudi, 04 Mai 2017. , dans Poésie, Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres, Flammarion

Ecrits sur la poésie, 312 pages, 20 € . Ecrivain(s): Jean-Paul Michel Edition: Flammarion

 

Voici un ouvrage qui devrait faire référence pour quiconque s’intéresse à la poésie en particulier et à la création en général. Jean-Paul Michel, poète, critique, s’interroge, est interrogé, et interroge dans une suite d’entretiens, de correspondances, de retours sur son œuvre, et de réflexions critiques, sociologiques, philosophiques sur l’art, les artistes, les œuvres artistiques.

L’ouvrage est divisé en huit périodes de la vie littéraire de l’auteur.

1/ Ecrits sur la poésie (1981-1992)

En préambule : qu’est-ce donc qu’un grand livre ? Citant quelques poètes, écrivains, philosophes, l’auteur prend pour exemple Hölderlin dont le nom revient mille et une fois dans le cours de ces Ecrits sur la poésie, et énonce un premier postulat : « Un grand livre se connaît à ceci, hélas : il fait mal ».

Mais pour en arriver à une lecture qui fasse mal, explique Jean-Paul Michel dans une lettre à Robert Bréchon, le travail de l’écriture devra avoir été, d’une évidente nécessité, toute de violence et de souffrance pour l’écrivain.

Ni bruit ni fureur, Lucien Suel

Ecrit par Philippe Leuckx , le Mercredi, 03 Mai 2017. , dans Poésie, Les Livres, Critiques, La Une Livres, La Table Ronde

Ni bruit ni fureur, mars 2017, 176 pages, 16 € . Ecrivain(s): Lucien Suel Edition: La Table Ronde

 

Pas de bruit ni de fureur mais beaucoup d’empathie pour les mondes enfouis, l’enfance, la Mer du nord, les filles du Nord, les jardins. Les disparus, à la pelle, reçoivent force hommages et mercis.

La langue de Suel offre une diversité stylistique qui donne à ses poèmes marque et personnalité. Ce sont tantôt de très longs poèmes debout, serrés ; ce sont des proses en « semailles » et « narcisses », des « tombeaux » à l’adresse de plusieurs Christophe (Tarkos, Wattel) comme des inventaires prévertiens ; ce sont des inventives litanies poétiques où il se définit « dans la cathédrale de mes os ». Cette langue, prompte à convier des mots rares, des images elliptiques, des descriptions entomologiques et botaniques, renoue avec l’enfance des sensations : « la brouette du maçon », « l’évier blanc émaillé », « la fille du jardinier (qui) récolte les haricots de l’été », les mots picards (muchelot muché), les noms du nord (Wittebecque), les os de Rachel et de tant d’autres.

Soleil patient, Gabrielle Althen

Ecrit par France Burghelle Rey , le Mardi, 02 Mai 2017. , dans Poésie, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Arfuyen

Soleil patient, 142 pages, 14 € . Ecrivain(s): Gabrielle Althen Edition: Arfuyen

 

Dès le texte liminaire, les choses s’inversent : « Le mot arrive / puis il nous dévisage » au moment où la poète, dans l’appartenance à un groupe, réfléchit à une marche collective sans savoir « où va le temps » lui-même.

Des textes apparemment sans lien entre eux ne semblent obéir ni à une structure propre ni à une structure commune et offrent au rythme sa variété. On distingue, à ce sujet, une certaine obéissance au mètre et parfois également à la rime ; des surprises, d’autre part, sont ménagées comme, par exemple, quand deux versets se font face.

L’écriture, contemporaine dans la mesure où elle refuse de se plier au commentaire, ne renonce cependant pas à la beauté sincère de la métaphore : « Des perles manquent au chapelet de la parole » ou aux allitérations et aux assonances : « la foret verte égrène ses vertèbres », « Le val est vert et la saison profonde ». Rythme oblige. Ainsi lit-on encore des chutes qui chantent notamment à l’occasion d’interrogations récurrentes, de questions sur l’être, le temps, l’ailleurs.

Exode, Daniel De Bruycker, Maximilien Dauber

Ecrit par Cathy Garcia , le Mercredi, 26 Avril 2017. , dans Poésie, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Carnets du dessert de lune

Exode, mars 2017, 80 pages, 16 € . Ecrivain(s): Daniel De Bruycker, Maximilien Dauber Edition: Carnets du dessert de lune

De magnifiques photos de Maximilien Dauber pour cet écrin de désert où la poésie de Daniel De Bruycker vient se fondre et se confondre avec les pierres, le ciel, le sable.

 

Tout ici était saisissant –

le sol, l’espace, les ombres

et, plus encore, d’être du nombre.

 

Dans le désert, nous sommes transportés, nuées, ombres, nous avançons dans la lecture comme on marche, lentement, avec cette sensation que l’espace s’ouvre tout autour et en nous et le sentiment de se dissoudre dans cette immensité. Nous nous sentons de plus en plus petits, insignifiants, à chercher des signes qui se font et se défont, désert que nul langage ne saurait contenir.

Variations du visage & de la rose, Béatrice Bonhomme

Ecrit par France Burghelle Rey , le Jeudi, 20 Avril 2017. , dans Poésie, Les Livres, Critiques, La Une Livres

Variations du visage & de la rose, L’Arrière-Pays, 2013 . Ecrivain(s): Béatrice Bonhomme

 

Dès le début du recueil, à la lecture des versets qui évoquent la nature, la chatte, puis la statue d’un visage, celui du peintre qui a vécu dans la maison, comme le dit l’exergue en italiques, le lecteur est sensible au thème sous-jacent du temps. De ce fait, à la 3° page, sonnent, à la façon des quatre notes de la 5° Symphonie, les quatre syllabes d’un « Tu te souviens ». Le choc est d’autant plus grand que Béatrice Bonhomme n’hésite pas à écrire « beau » et à choisir notamment la plus belle des fleurs, la rose, qu’elle soit réelle ou imaginaire pour laisser l’émotion envahir son texte. On y retrouve les accents que la poésie de Lydie Dattas, dont l’œuvre revendique la « beauté », a offert en son temps dans Le Livre des Anges-II : « Les roses respiraient le parfum de ton âme / ces roses mouraient en même temps que toi ». Sauf qu’ici, il y a une rose qui « brûle » encore.

C’est à propos de cette rose, de son cœur et de sang qu’au texte 4 le symbolisme des couleurs allié aux triples répétitions et au rythme des versets honore le souvenir du père disparu. S’y rencontre aussi, dès la décision du titre, un parti-pris de musique composée de variations et de leitmotivs qui définissent les litanies.