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Poésie

Comme un bal de fantômes, Éric Poindron

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Mercredi, 13 Septembre 2017. , dans Poésie, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Le Castor Astral

Comme un bal de fantômes, juin 2017, 231 pages, 17 € . Ecrivain(s): Eric Poindron Edition: Le Castor Astral

 

La matière première de la poésie d’Éric Poindron n’est pas Éric Poindron. La chose est assez rare pour servir d’introduction à ce billet. Éric Poindron s’efface dans sa poésie, se met au second plan, ou en fond d’écran, pour laisser place à l’univers, aux univers, d’Éric Poindron, à leur liberté indomptable. Et ces univers sont peuplés des poètes, des ami(e)s, des référents, des maîtres, des lieux, des curiosités qui lui sont si chères. Il est d’usage (de mauvais usage ?) de faire des rapprochements avec d’autres poètes, des maîtres souvent, quand on parle d’un poète. Bien malin celui qui pourrait avec Poindron. D’ailleurs sa poésie est-elle seulement poésie ? Plus exactement la poétique omniprésente de cet ouvrage est-elle « poésie » ? Nul métrage, nulle contrainte rythmique ou rimique, nul carcan. Ces textes sont à l’image de Poindron, libres, inattendus, issus d’un esprit vagabond et d’une culture immense.

On croise ainsi Nerval (Ô combien Nerval, plus Nerval que jamais), et Dumas et Pouchkine et Rimbaud et Apollinaire et Nabokov et … personne et rien, tout le monde et tout. L’univers d’Éric Poindron est justement ça, l’univers, avec ses toutes petites choses et ses très grandes.

Zoartoïste et autres textes, Catherine Gil Alcala (2)

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Lundi, 11 Septembre 2017. , dans Poésie, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Théâtre

Zoartoïste et autres textes, La Maison Brûlée, 2016, 131 pages, 15 € . Ecrivain(s): Catherine Gil Alcala

 

Du Théâtre Poésie de Catherine Gil Alcala en général et de Zoartoïste en particulier

D’emblée, l’attrait de l’onomastique (la liste des personnages) commet chez le lecteur son travail d’Imagination, lorsqu’il plonge dans le monde de la poétesse-dramaturge Catherine Gil Alcala. C’est écrire qu’un univers à part entière, singulier, s’ouvre d’entrée dans ce qu’il faut bien appeler des Créations, dans un Théâtre Poésie qui tord et hallucine la Langue pour inventer son propre langage, entremêlant les éléments disparates d’une écriture archaïque et contemporaine.

Aussitôt, un Infini turbulent (Henri Michaux) s’avance au centre du théâtre où les personnages-acteurs investissent et traversent une mise en scène hors cadre par à-coups de marteau scandés pour faire résonner le corps dans un abîme de sons, à la recherche du perpétuel variable d’une incarnation intégralement à reconquérir, « (…) une incarnation qui, perpétuellement désirée par le corps, n’est pas de chair mais d’une matière qui ne soit pas vue par l’esprit ni perçue par la conscience et soit un être entier de peinture, de théâtre et d’harmonie » (Antonin Artaud).

Poésies non hallucinées, Alain Marc

Ecrit par Patryck Froissart , le Jeudi, 07 Septembre 2017. , dans Poésie, Les Livres, Critiques, La Une Livres

Poésies non hallucinées, Editions du Petit Véhicule, Coll. La Galerie de l’or du temps, mars 2017, 130 pages, 25 € . Ecrivain(s): Alain Marc

 

Le titre complet de ce bel ouvrage est à lui seul tout un poème : Poésies non hallucinées, et rescapées, éveillées, zen, Poésies et notes, Anonymes calcinés de Christian Jaccard.

Le poète réalise là une étrange alliance entre les toiles de peintres anonymes du XIXe siècle partiellement détruites par Christian Jaccard dans un processus volontaire de combustion lente, et ses propres textes dont les mots souventement épars sur la page semblent être eux-mêmes des bribes d’une composition plus vaste, qui seraient restées visibles sur des feuillets jetés au feu et imparfaitement consumés.

Le titre annonce les cinq parties du recueil.

Anthologie bilingue de la poésie créole haïtienne de 1986 à nos jours

Ecrit par Marc Ossorguine , le Vendredi, 01 Septembre 2017. , dans Poésie, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Actes Sud

Anthologie bilingue de la poésie créole haïtienne de 1986 à nos jours, édition établie par Chalmers, Chantal Kénol, Jean-Laurent Lhéris, 192 pages, 22 € Edition: Actes Sud

 

Haïti terre francophone ? Pour les élites peut-être. Sûrement même. Mais Haïti terre créole. D’abord, sans doute. La langue d’un pays ne saurait être seulement celle de son colonisateur, de quelque langue qu’il fût. Cette anthologie bilingue est donc double découverte pour nous, lecteurs francophones ignorants de la créativité créole : celle d’un langage et celle d’une langue.

Langage de la poésie qui résiste à toutes les catastrophes, à toutes les ignominies, qui sait gronder, rire, bercer, pleurer, aimer, admirer, accuser et plus encore. Sans doute pourrait-on dire cela de beaucoup de poésie, de beaucoup de poètes. Oui, sans doute, sauf qu’ici il semble que chacun soit poète en cette île étonnante. Le poète et romancier Makenzy Orcel nous le confirmait lors d’une rencontre, en Haïti, tout le monde peut écrire de la poésie, et la publier, généralement de qualité. Tout le monde ne fera pas carrière dans le monde des lettres, mais chacune, chacun peut s’y essayer. En créole ou en français.

Sortir, Benoît Conort

Ecrit par France Burghelle Rey , le Mercredi, 23 Août 2017. , dans Poésie, Les Livres, Critiques, La Une Livres

Sortir, Champ Vallon, mai 2017, 112 pages, 13,50 € . Ecrivain(s): Benoît Conort

 

Le prologue mis en place par Benoit Conort dans son dernier opus poétique a pour incipit l’infinitif « consentir » associé à un espace et à un langage qu’il faut à la fois apprivoiser et mieux connaître. La parole personnifiée, puisqu’elle est « nue », résiste et précipite le paradoxe entre deux thèmes signifiés par les adverbes-titres « Dedans » et « Dehors » qui encadreront le titre de la partie III, « Jardins ».

La partie I comprend trois volets dont le premier confirme par son titre « l’ombre et sa nuit » l’emploi du ton initial. Ses textes hésitent entre une brièveté qui arrive à louer le corps, une parole prolongée qui s’articule jusqu’au manque d’air : « il n’y a plus de vent » et une confidence douloureuse plus longue à travers le récit au rythme haché d’une guerre ou pire d’un génocide : « de la poussière s’élève / de la poussière danse / dans la lumière des machettes ».