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Poésie

La dernière œuvre de Phidias, Marilyne Bertoncini

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Jeudi, 08 Décembre 2016. , dans Poésie, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Encres vives

La dernière œuvre de Phidias, avril 2016, 16 pages, 6,10 € . Ecrivain(s): Marilyne Bertoncini Edition: Encres vives

 

 

La dernière œuvre de Phidias de Marilyne Bertoncini scande et chante le Poème d’une présence à faire renaître et revenir de son exil : la présence de Phidias, ce sculpteur du premier classicisme grec dont les œuvres – les frises du Parthénon, la monumentale Athéna Parthénos, le Zeus chryséléphantin d’Olympie considéré comme la 3e des 7 merveilles du monde, entre autres – s’adressaient aux dieux. Les sculptures de Phidias constituaient parfois des offrandes de la cité à ses dieux (ainsi la cité d’Athènes offrant son Athéna Parthénos à sa déesse tutélaire), révélant parfois leur image aux hommes par l’art médiateur du génie artistique. C’est pourquoi la présence d’un tel interprète, sollicité certes, était-elle en elle-même et en même temps inquiétante. L’accusation d’impiété qui tomba sur le destin du sculpteur menaçait souvent « les plus grands », esprits éveilleurs d’une réalité que l’on voulait parfois laissée hors de portée des regards.

Double séparation, Patrice Maltaverne

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Vendredi, 02 Décembre 2016. , dans Poésie, Les Livres, Critiques, La Une Livres

Double séparation, Le Contentieux, septembre 2016, Ill. couverture et frontispice, Pascal Ulrich, 35 pages, 5 € . Ecrivain(s): Patrice Maltaverne

 

Corps anonymes, vitesse, trompe-l’œil – ce trio est en jeu pour fouler en 20 longueurs de poèmes ce véritable chant de course, rythmé par le regard, dans une suite de perceptions tronquées en guise de miroirs des villes.

Les miroirs ne sont que de passage – « des bouts d’humain » défilent dans le flux de la ville « semblable à celui d’une rivière / À deux voies », « On dirait un défilé de mode en pointillés ». Ne captant que des « médaillons d’un regard » qui change de visages et de sexes comme on change de point de vue.

Les filles, nostalgiques ou « furibardes », traversent « en pure perte » les territoires de tous ces corps citadins, exhibant leur ego ou leur cul dans les rues, les vitrines, participant (« Rêvent-elles d’être suivies / Ou pas ? ») au grand jeu des apparences pipées et des miroirs mensongers. Leur maquillage qui déborde en dit long sur leurs histoires, tatouées dans leur cœur caché comme un sot-l’y-laisse, en même temps exhibées comme un cul en ligne de mire en dépit de ce qu’elles disent

Désordre du jour, Henri Droguet

Ecrit par Jean-Paul Gavard-Perret , le Mercredi, 30 Novembre 2016. , dans Poésie, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Gallimard

Désordre du jour, novembre 2016, 168 pages, 17,50 € . Ecrivain(s): Henri Droguet Edition: Gallimard

 

 

Henri Droguet poursuit sa route en franc-tireur. Dans la poésie francophone du temps, il reste solitaire car inclassable (et vice versa). Plus son œuvre avance, plus elle devient profonde et vivace. Poète « classique » – c’est-à-dire travaillant de l’intérieur de l’histoire de la poésie – il crée dans une tension permanente entre tradition et révolution, et se dresse contre la vulgarité contemporaine de la fabrication et de l’usage des mots. Pour lui, la vie véritable n’est pas dans un ailleurs. Elle est dans notre banalité ordinaire, un peu dérisoire, un peu magique également, comme le sont les beaux moments de lumière sur la mer. Et ce, même si comme le rappelle le liminaire du livre emprunté à Karl Kraus, « plus on regarde de près les mots, plus ils vous regardent de loin » (Karl Kraus). Reste cependant à tirer des bords. Qu’importe si « canardent » un vent désordonné ou le fracas des mouvements urbains.

Petits riens pour jours absolus, Guy Goffette

Ecrit par Philippe Leuckx , le Lundi, 28 Novembre 2016. , dans Poésie, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Gallimard

Petits riens pour jours absolus, juin 2016, 120 pages, 14 € . Ecrivain(s): Guy Goffette Edition: Gallimard

 

 

La vie, pour le poète, file comme le cycliste sur la pente. Nombre d’images de vélo ou de course signent ce constat mélancolique. Elle grappille et sauve des « riens », « l’œuf bleu de toutes les promesses » pour l’enfant, « la main pour traverser la nuit ». En hommage à Rimbaud, à Max Jacob « ce pauvre sous l’escalier », à Follain, à ce célèbre Guillaume, les poèmes sont éloges, récritures, blasons.

De brefs poèmes incisent le réel comme l’eau « si bleue dans les poèmes », restituent « le chemin des maraudes ». Il faut se gorger de soleil car les larmes proches risquent toujours de venir border le visage.

Le poète, lui, prend le temps de « rebrousser le chemin de tes larmes ».

L’attente, la lucidité laissent trace, et un air funèbre de cimetières « aux tombes abandonnées, défoncées » parsème les textes.

Quatre saisons plus une, Alain Hoareau

Ecrit par Pierrette Epsztein , le Lundi, 28 Novembre 2016. , dans Poésie, Les Livres, Critiques, La Une Livres, L'Harmattan

Quatre saisons plus une, septembre 2016, 108 pages, 13 € . Ecrivain(s): Alain Hoareau Edition: L'Harmattan

 

« Il sera déjà trop tard pour les larmes/ en dedans/ lieu de ta présence ». C’est l’évènement de la perte qui va motiver Alain Hoareau à oser la publication de ce recueil de poèmes, Quatre saisons plus une, lui qui pose ses mots depuis si longtemps sur la page. Ce livre est un hommage au temps qui passe au fil des saisons où l’ordre chronologique est bousculé. La mort du père, qui est pour chaque homme un moment inaugural, va conduire le poète à déployer ses ailes pour nous offrir cet envol vers des pays disparus.

L’auteur va tisser, pour un auditoire d’inconnus, une toile ténue et resserrée de sensations et de sentiments pour tenter, du bout des doigts, du bout de sa lyre, de nous permettre d’approcher au plus près de l’émotion et ainsi atteindre le cœur des évènements les plus infimes, les plus anodins, les plus essentiels.

Dans un murmure fragile, dans une traversée risquée, le poète esquisse des moments éphémères dans un cheminement intérieur, qui se dévoile au fil de l’eau, au fil de sa marche en alerte, au fil de sa flânerie, au fil de son parcours intérieur, au fil de ses Rêveries d’un promeneur solitaire. Toute assurance délaissée, il s’acharne à traquer l’ineffable pour suivre la lumière et le vent, les forêts d’ombres, le parfum des saisons.