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Poésie

Poèmes d’après suivi de La route de sel, Cécile A. Holdban

Ecrit par Marie-Josée Desvignes , le Jeudi, 19 Mai 2016. , dans Poésie, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Arfuyen

Poèmes d’après suivi de La route de sel, avril 2016, 160 pages, 14 € . Ecrivain(s): Cécile A Holdban Edition: Arfuyen

 

Creuser la matière amour, chercher dans la nuit du monde l’essence sauvage de nos vies, atteindre à ces eaux frémissantes, l’espoir chevillé au cœur plein de « peut-être », quand le mystère du temps absorbe toutes les déchirures :

« Combien de passages

encore sur cette terre

combien de mues

combien de peaux

entassées dans l’amas

des feuilles mortes ? »

Lisianthus Fragments, Sylvie Marot

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Mardi, 17 Mai 2016. , dans Poésie, Les Livres, Critiques, La Une Livres

Lisianthus Fragments, éd. La Crypte, coll. Les Voix de la Crypte, 2015, 70 pages, 12 € . Ecrivain(s): Sylvie Marot

 

Une poésie aux touches d’estampe et d’une tonalité nippone déploie ses hybridations au pays de ce Lisianthus, aux ramifications variées et d’auxiliaires tels des oiseaux, abeilles et papillons.

Le récit d’une perte – celui de l’être cher encore aimé, parti explorer d’autres rives, d’autres lèvres ? – court au long de cette écriture fragmentaire émaillée sur le fil d’appels tout en poésie, comme pour recharger le courant des sentiments, réamorcer l’ouverture des écluses pour le partage à retrouver d’un amour déserté par l’être aimé. Car, « Perdre cet amour, c’est ne plus avoir de lieu où aller. C’est se perdre en route. Les lendemains s’évanouissent. Les promesses expirent. Les enchantements s’éteignent ». Alors, pour parer au vide du canal, à « l’eau stagnante noire », la poésie gicle par bribes d’une reconquête que la narratrice sait d’avance perdue peut-être, mais la poésie gicle par jets intermittents, analogues à ces fleurs coupées dont les bouquets donnent au cœur et au creux d’instants éphémères parfumés, un lieu d’éternité et de liberté, pour ne pas sortir et ne pas s’enfermer dans « l’aporie » de soi-même.

Rouge assoiffée, Claudine Bertrand

Ecrit par France Burghelle Rey , le Mardi, 03 Mai 2016. , dans Poésie, Les Livres, Critiques, La Une Livres

Rouge assoiffée, Typo poésie, Éd. Typo, 2011, 400 pages, 15 € . Ecrivain(s): Claudine Bertrand

 

Par le titre de son anthologie, qui rassemble quinze recueils publiés de 1983 à 2009, Claudine Bertrand évoque au féminin amour et passion et l’ensemble des recueils le fait avec une poésie d’une richesse exigeante et dans un véritable hommage à la langue et aux mots.

Une étude exhaustive serait vaine ici. Il suffira de privilégier quelques aspects de l’œuvre pour rendre compte du génie de l’auteur.

Dans la première moitié du recueil la poète alterne l’expression en vers libres et celle en prose avec des textes qui, parfois brefs, vont jusqu’à se réduire en versets. C’est seulement à partir du Jardin des vertiges (2002) qu’elle trouve sa mise en page et choisit définitivement une disposition en vers libres, avec son rythme souple et musical et sa concision silencieuse. Ceux-ci présenteront, de plus en plus, pour affronter la vie et son destin, une maîtrise du vocabulaire ainsi que la simplicité d’un style souvent lapidaire et porté à la perfection, sans compromis, sans arbitraire comme dans Autour de l’obscur (2008) : « Profaner le fatum / Ce qui lui ressemble / Tirage au sort ».

La face nord de Juliau, treize à seize, Nicolas Pesquès

Ecrit par Matthieu Gosztola , le Vendredi, 29 Avril 2016. , dans Poésie, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Flammarion

La face nord de Juliau, treize à seize, 2016, 240 pages, 18 € . Ecrivain(s): Nicolas Pesquès Edition: Flammarion

 

« Il y a tout de suite de l’écart. Il y a tout de suite un instant qui s’en va ».

1.

 

1. 1. 1. « J’écris dans la bouche ».

1. 1. 2. « J’écris dans la bouche jusqu’à la jouissance des yeux ».

 

1. 2. 1. « [I]l n’y a pas de contradiction entre les mots et les choses, et […] la grammaire n’est pas un socle sûr et définitif, mais notre corps nécessairement étendu ».

1. 2. 2. « Ce que les phrases font est comparable à ce que la colline procure. Corps et paysage sont des composés l’un de l’autre, ils communiquent facilement ».

Brumes industrielles, Yann Dupont

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Mardi, 26 Avril 2016. , dans Poésie, Les Livres, Critiques, La Une Livres

Brumes industrielles, Hugues Facorat Edition, avril 2016, 62 pages, 10 € . Ecrivain(s): Yann Dupont

 

 

D’emblée on sent que ces Brumes industrielles sont investies par une écriture poétique. La photographie de la première de couverture, de Pierre Lenoir Vaquero, déjà interpelle, arrête le regard avant l’ouverture des ailes de la brume. Celle des espaces portuaires où l’humanité grouille de se rencontrer, entre âmes laborieuses, errantes nocturnes. Une ambiance, une atmosphère d’emblée se dégage.

Qui n’a jamais ressenti l’appel ambigu d’un port maritime, parcouru des affluents de la terre et de la mer, dans ces va-et-vient du large qui brassent le ciel peuplé des lumières de la ville, de ces autochtones laborieux et nostalgiques, de ces passagers voyageurs, touristes ou aventuriers. L’usine est l’un de ces personnages, mobile sur son assise fixe, qui embrume ces existences et dépose ses métastases industrielles sur le corps de la ville et de ses passants, depuis des années-portuaires.