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Poésie

Il n’y a pas d’écriture heureuse, Alain Marc

Ecrit par Patryck Froissart , le Mercredi, 22 Février 2017. , dans Poésie, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Revues

Il n’y a pas d’écriture heureuse, Le Petit Véhicule, Revue Chiendents n°109, septembre 2016, Cahier d’arts et de littératures, 5 € . Ecrivain(s): Alain Marc

 

Ce numéro de la précieuse revue Chiendents est consacré à Alain Marc, dont un ouvrage fondamental en deux parties, Chroniques pour une poésie publique, et Mais où est la poésie ? a fait l’objet il y a quelque temps d’une présentation dans La Cause Littéraire.

Alain Marc est pluriellement remarquable. Il possède un talent, une vertu, et un boisseau de capacités :

D’abord il est poète, naturellement, spontanément, foncièrement.

Ensuite il est militant, défenseur acharné d’une poésie qui serait, qui redeviendrait ce qu’elle n’aurait jamais dû cesser d’être : publique.

Enfin il est, simultanément ou successivement, critique, analyste, lecteur attentif, sourcilleux, exigeant, à l’affût de tout ce qui se fait, se dit, s’expose, se publie dans le domaine de la poésie, domaine qu’il appréhende et parcourt en long et en large en faisant montre d’une culture littéraire, théâtrale, événementielle quasiment encyclopédique.

Les Livres et la vie, Jacques Ancet

Ecrit par France Burghelle Rey , le Lundi, 20 Février 2017. , dans Poésie, Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres

Les Livres et la vie, éditions Centrifuges, 2015, 130 pages . Ecrivain(s): Jacques Ancet

 

« La poésie, c’est le bruit que fait le monde quand je parle » (1)

« Le poème n’existe pas, seule existe la trace qu’il en reste » (2)

Pour le lecteur, surtout s’il est lui-même écrivain, l’essai de Jacques Ancet est un livre complet, une bible dans laquelle, avec une mémoire chronologique parfaite de son travail, celui-ci évoque tout ce que l’on peut attendre comme expériences poétiques, comme influences orales et écrites ou comme aventures éditoriales. C’est l’ouvrage que chaque poète ne peut que souhaiter réaliser un jour.

Après le « flot verbal », de nouveaux écrits naissent qui, au-delà du ton baroquisant, sous l’influence sans doute des traductions espagnoles, vont plus loin. C’est le moment aussi, après les récits d’une grand-mère et la lecture de Giono, pour « d’autres lectures essentielles » : Jaccottet, Paz ou Nietzsche, et pour la découverte du fait que la poésie est à la fois « quête de racines » et plongée dans l’ici et le maintenant.

Jours obscurs, Jean-Claude Pirotte

Ecrit par Philippe Leuckx , le Samedi, 04 Février 2017. , dans Poésie, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Le Cherche-Midi

Jours obscurs, janvier 2017, 192 pages, 18 € . Ecrivain(s): Jean-Claude Pirotte Edition: Le Cherche-Midi

 

 

Le dernier volume de poésies de Pirotte est un livre copieux, rassemblant près de cent quatre-vingts poèmes, versifiés, souvent rimés, classiques par certains côtés, très libres d’inspiration. Huitains, dizains, douzains, dans une belle alternance, souvent en hommage ou en écho de poètes aimés (Perros, Follain, Supervielle, Venaille, Lubin…).

Écrits pour la plupart en 2011, à la période des déménagements (La Panne, Beurnevésin), ces poèmes s’immiscent dans les terroirs chers au poète : l’enfance, le village, la mère, les rues de bleds paumés, coupés du monde, les rites du soir, les livres chéris.

Certains, ouvertement, se rattachent à l’école de Follain et aux descriptions insolites de la quotidienneté :

Paris poème bleu, Rocío Durán-Barba

Ecrit par France Burghelle Rey , le Samedi, 04 Février 2017. , dans Poésie, Les Livres, Critiques, La Une Livres

Paris poème bleu, éditions La Porte . Ecrivain(s): Rocío Durán-Barba

 

Le recueil de Rocío Durán-Barba, dédié à sa mère et illustré par elle-même de belles encres parisiennes, mérite grandement une relecture régulière.

Dès les premières pages, énergie et enthousiasme que manifeste une accumulation de riches adjectifs et substantifs emportent l’adhésion du lecteur qui vibre déjà à cette première chute : « Je n’étais pas devant la Ville / J’étais dedans ».

Métaphore du destin, à la fois fixe et mobile, le lieu est à explorer : « J’inventai un domicile ». Le temps aussi dans les bruits du jour et de la nuit : « Je cherchais des réponses ».

Le récit poétique avance, ponctué par les passés-simples, marqué dans sa durée par les imparfaits. Avec une vivacité dont rend compte la liberté de la versification : strophes longues ou courtes, alexandrins ou vers brefs. L’amour de la vie s’y manifeste, toutes les formes d’art sont évoquées au moyen de nombreux verbes d’action et au milieu de « La Ville géante », des beautés de sa nature : « L’avis de l’oiseau du petit matin », de ses foules : « millions de souliers pressés ».

Trois poèmes préislamiques Le Cédrat, La Jument et La Goule

Ecrit par Didier Ayres , le Vendredi, 03 Février 2017. , dans Poésie, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Pays arabes, Sindbad, Actes Sud

Trois poèmes préislamiques Le Cédrat, La Jument et La Goule, présentés et traduits de l’arabe par Pierre Larcher, octobre 2016, 16 € Edition: Sindbad, Actes Sud

 

Mystère des temps

Ces trois poèmes préislamiques que présente ici Pierre Larcher, constituent une petite partie de ce livre que publient les éditions Sindbad Actes sud, sachant que l’ouvrage est doté d’un important appareil critique, très développé et savant. Au reste, on peut s’autoriser plusieurs lectures : celle de l’ensemble, texte et apparat critique, ou celle d’un mélange des deux lectures, la savante et la sienne propre, ou encore ne lire que les poèmes – ce qui n’est pas tout à fait impossible. Car il est net que quelle que soit la lecture choisie, nous sommes devant une poésie mystérieuse et profonde. Car comment aborder ce continent enfoui sous les siècles de l’Islam, créé avant l’Hégire, sinon comme une sorte d’objet archéologique, à l’instar des Hymnes Védiques ou des énigmes de la Kabbale ? Il faut surtout abandonner la raison raisonnante et se fier aux « couleurs » du texte, à ce rythme, comme le considère Nietzsche dans le Gai savoir, où le philosophe explique la naissance de la poésie par le rythme qui suivrait l’évolution de la civilisation, et qui en serait le témoin.