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Poésie

Sortir, Benoît Conort

Ecrit par France Burghelle Rey , le Mercredi, 23 Août 2017. , dans Poésie, Les Livres, Critiques, La Une Livres

Sortir, Champ Vallon, mai 2017, 112 pages, 13,50 € . Ecrivain(s): Benoît Conort

 

Le prologue mis en place par Benoit Conort dans son dernier opus poétique a pour incipit l’infinitif « consentir » associé à un espace et à un langage qu’il faut à la fois apprivoiser et mieux connaître. La parole personnifiée, puisqu’elle est « nue », résiste et précipite le paradoxe entre deux thèmes signifiés par les adverbes-titres « Dedans » et « Dehors » qui encadreront le titre de la partie III, « Jardins ».

La partie I comprend trois volets dont le premier confirme par son titre « l’ombre et sa nuit » l’emploi du ton initial. Ses textes hésitent entre une brièveté qui arrive à louer le corps, une parole prolongée qui s’articule jusqu’au manque d’air : « il n’y a plus de vent » et une confidence douloureuse plus longue à travers le récit au rythme haché d’une guerre ou pire d’un génocide : « de la poussière s’élève / de la poussière danse / dans la lumière des machettes ».

Vingt-sept degrés d’amour, Chloé Landriot

Ecrit par Cathy Garcia , le Lundi, 21 Août 2017. , dans Poésie, Les Livres, Critiques, La Une Livres

Vingt-sept degrés d’amour, Éditions Le Citron Gare, mai 2017, illust. de l’auteur et de Joëlle Pardanaud, 85 pages, 10 € . Ecrivain(s): Chloé Landriot

 

L’un pour l’autre nous sommes

Merveille

Cette étrange présence

Qui ne s’habitue pas.

 

Sous le signe de l’arbre et de l’infinie richesse du symbole, arbre que l’on retrouve dans toutes les illustrations, réalisées ici à quatre mains par l’auteur et sa propre mère, le lien affectif se niche de façon limpide au cœur du livre tout comme il en tisse également la forme. Un livre porteur d’une parole de femme, d’une femme solaire ou qui aspire en tout cas à l’être. Amante généreuse, compagne et puis mère elle aussi. Un hymne à l’amour quand corps et nature ne font plus qu’un et que les mots s’en vont puiser à la source, cherchent la lumière comme le font aussi bien les jeunes pousses que les vieux arbres.

Rouge sang-dragon, Colette Prévost

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Lundi, 21 Août 2017. , dans Poésie, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Les Vanneaux

Rouge sang-dragon, avril 2017, 76 pages, 15 € Edition: Les Vanneaux

 

Le recueil de poèmes en prose de Victor Segalen, Stèles, et les tableaux du plasticien contemporain bordelais Max Mitau, constituent les moteurs d’écriture du recueil Rouge sang-dragon de Colette Prévost, qui vient de paraître en cet avril 2017 aux éditions des Vanneaux, dans la collection L’Ombellie. Prétextes à écriture de la même manière que Segalen « s’était servi de ce qu’il trouvait en Chine comme de matériau de construction, pour exprimer ce qu’il avait à dire. Le poète parle de moule dans lequel il a fondu son art », Pierre-Jean Rémy (http://www.steles.net/page).

Segalen explique dans son Avant-Propos de Stèles que celles-ci étaient sous les Han des montants destinés à faciliter la mise en terre des cercueils. Des commentaires y étaient inscrits en guise d’oraison funèbre. Les stèles devinrent par la suite des plaques de pierre montées sur un socle, dressées vers le ciel et portant inscription.

Ode maritime et autres poèmes, Fernando Pessoa, Alvaro de Campos

Ecrit par Philippe Leuckx , le Jeudi, 17 Août 2017. , dans Poésie, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Langue portugaise, Editions de la Différence

Ode maritime et autres poèmes, Fernando Pessoa, Alvaro de Campos, trad. portugais Dominique Touati, Michel Chandeigne, préface Claude Michel Cluny, 189 pages, 10 € . Ecrivain(s): Fernando Pessoa Edition: Editions de la Différence

 

 

De l’auteur multiple, 72 hétéronymes (selon Teresa Lopez, la spécialiste de la « manne » aux manuscrits, le coffre aux 21000 manuscrits, tapuscrits, dactylogrammes…), l’on retient les quatre grands coauteurs, créés de toute pièce par l’immense écrivain : Soares (Le livre de l’intranquillité), de Campos (Les grandes Odes), Caeiro et Reis, tous trois « apparus en 1915 », tous trois disposant d’un curriculum vitae, d’une vraie biographie.

Alvaro de Campos, né le 15 octobre 1890, à peine plus jeune que l’orthonyme Pessoa, ingénieur naval, tête de pont et premier à publier dans la Revue Orpheu, connaîtra « une évolution », « aspiré par l’échec » comme le découvre le fameux poème Tabacaria (Bureau de tabac) : « J’ai tout raté ».

De la vie - À propos de La Somnambule dans une Traînée de Soufre, Catherine Gil Alcala

Ecrit par Didier Ayres , le Mercredi, 16 Août 2017. , dans Poésie, Les Chroniques, La Une CED

La Somnambule dans une Traînée de Soufre, Catherine Gil Alcala, éd. La maison brûlée, juin 2017, 13 €

 

On commence à connaître la voix de Catherine Gil Alcala, surtout en relation avec son travail de dramaturge, mais un peu moins en regard de sa poésie. D’ailleurs, les deux exercices lui procurent une originalité qui ne dément pas de livre en livre. Ce recueil, La Somnambule dans une Traînée de Soufre, qui pourrait peut-être être sous-titré par : une élégie des animaux ou une érotique du vocabulaire, est surtout un texte hybride et complexe, à la fois matière vivante et organisation de signes.

Il faudrait pour une étude scientifique (dont ces lignes d’aujourd’hui ne sont pas l’objet) se pencher sur les occurrences des noms d’animaux, et souligner en cela le caractère matériel des métaphores de la poétesse. Car c’est bien ici le secret de cette poésie où sa valeur vitale dépasse l’écriture et lui fait un climax. Cependant, en réfléchissant avant d’écrire cette note, il est apparu impérieux de rapprocher ce recueil des belles pages de Jean à Patmos, et souligner l’écho de ce texte dans le background de C. Gil Alcala, avec les figures de l’Apocalypse. Figures sexuelles aussi, dynamisantes et vives.