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Poésie

Le testament de Nicolas, Bessora

Ecrit par Theo Ananissoh , le Samedi, 07 Janvier 2017. , dans Poésie, Les Livres, Critiques, La Une Livres

Le testament de Nicolas, La Margouline, septembre 2016, 178 pages, 13 € . Ecrivain(s): Bessora

 

Le testament de Nicolas est un flux de conscience. C’est au présent, et, parce que même très intimes et silencieuses, nos pensées envisagent une oreille compréhensive et bienveillante, ça s’adresse à une petite sœur – à l’être proche et innocent.

« J’ai dix ans quand tu débarques dans le monde.

C’est drôle, depuis que je n’ai plus peur de mourir, les souvenirs me remontent sans arrêt. (…)

Une nuit, je te donne le biberon. C’est mignon. Tu me regardes avec des yeux angéliques. J’y lis que je suis ton héros ».

Nicolas, dix-sept ans, se raccroche à sa sœur Salomé, dix ans, tout le long du chemin inexorable et vertigineux qui le mène vers… vers quoi ?

Ballades et Stances, Germont

Ecrit par Didier Ayres , le Vendredi, 06 Janvier 2017. , dans Poésie, Les Livres, Critiques, La Une Livres

Ballades (éd. La Coopérative, 2016, 8,50 €), et Stances (éd. La Coopérative, 2016, 11€) . Ecrivain(s): Germont

 

Comme Germont, le poète que publient pour la troisième fois les éditions de La Coopérative, reste un inconnu, voire un mystère, il ne subsiste que l’œuvre pour vadémécum de sa présence, et c’est au bénéfice de la littérature. En Effet, Germont se colore d’intrigues et de secrets. Qui est-il, celui que garde Jean-Yves Masson depuis trente ans parfois dans ses tiroirs, pour le mettre à jour vivement et avec intelligence ? Or ces poèmes relatent un temps historique, celui des années quatre-vingt, dans une langue ouvragée et belle, un peu précieuse parfois, mais avec beaucoup de charme – que l’on rencontre chez Rilke, le Rilke des années de jeunesse. Et cela pose la question de l’œuvre ou de l’homme, quand ici, avec ces poèmes assonancés et très réguliers, il n’y a aucun rite social de l’auteur en jeu. Car certains, de nos lettres françaises, abusent et usent de la notion d’artiste/spectacle pour valoriser des recueils maigres et indigents. Ici, chez Germont, on ne connaît que ces trois recueils qui dessinent une présence un peu fantomatique et qui fait du bien.

9.3 blondes light, Jean-Luc Despax

Ecrit par France Burghelle Rey , le Vendredi, 16 Décembre 2016. , dans Poésie, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Le Temps des Cerises

9.3 blondes light, 150 pages, 12 € . Ecrivain(s): Jean-Luc Despax Edition: Le Temps des Cerises

 

9.3 blondes light : recueil, par définition, d’une poésie engagée. Pour défendre le peuple, il faut défiler la cigarette à la bouche, écrire, à l’aide d’une blonde, texte après texte, une diatribe inspirée. A chaque bouffée correspond alors une inspiration et une expiration pour 93 textes et un excipit sans tabac qui crache son venin contre ce siècle et celui qui le précède.

Juste à la suite de l’incipit Cigarette 2, Liberty est déjà l’annonce de ces paris-inventaires qui par leurs jeux de mots et de sons – rimes et assonances – instaurent la musique ironique nécessaire. Une poétique qui empêche le réalisme de transmuer la poésie en prosaïque, et laisse le lecteur interloqué par une culture foisonnante en prise avec le monde moderne où est entraînée façon Apollinaire, pour y danser, une certaine Mary Ann. Surréalisme, également, entaché de Villon, si on veut parler d’influences. Les contrastes de tons sont remarquables, l’humour contrarie le tragique et se fait grinçant : « Marie-Antoinette époque Weight Watchers ». Jean-Luc Despax est encore imprégné de ses 220 slams sur la voie de gauche, publiés en 2010.

Inévitables bifurcations, Lambert Schlechter

Ecrit par Jean-Paul Gavard-Perret , le Mardi, 13 Décembre 2016. , dans Poésie, Les Livres, Critiques, La Une Livres

Inévitables bifurcations (Le murmure du monde, tome 4), éd. Les doigts dans la prose, mai 2016, 161 pages, 20 € . Ecrivain(s): Lambert Schlechter

 

La horde sauvage

Lambert Schlechter ose les fantaisies sexuelles tout en se maintenant proche de son « dada », à savoir Dieu. Néanmoins, c’est plus la femme qui fait jouir le texte par la petite mort qu’elle accorde, face à la grande que l’auteur prend soin de retarder. Car si Dieu existe, sa rencontre est à retarder d’autant que l’auteur n’est pas forcément attendu au paradis.

Ce nouveau texte est donc le quatrième temps de l’histoire de ses folies en fragments poétiques. Il y chercha à travers sa culture une énergie par ses remises en scènes et ses réinterprétations en vue de défendre et illustrer ses obsessions. Il fait jouer le présent et le passé, le réel et le virtuel, dans une thématique de la présence la plus proche comme celle à distance au moment où la poésie devient un instrument d’extraction. Toute une appréhension se constitue dans les circuits reliant l’action et l’écriture (qui en est une autre forme) dans un dédoublement spéculaire.

Mémoires sans visages, suivi par De quel cri traversée et par Une petite anthologie, Colette Gibelin

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Lundi, 12 Décembre 2016. , dans Poésie, Les Livres, Critiques, La Une Livres

Mémoires sans visages, suivi par De quel cri traversée et par Une petite anthologie, éd. du Petit Véhicule, coll. La Galerie de l’or du temps, 2016, textes illustrés par Françoise Rohmer, 123 pages, 20 € . Ecrivain(s): Colette Gibelin

 

À la lecture de la poésie de Colette Gibelin nous sommes saisis par la profonde densité maîtrisée du texte. « Cela touche à l’infini de la mesure de la démesure », a écrit l’éditeur Luc Vidal dans Regain, regard-source et mémoires dans l’œuvre poétique de Colette Gibelin (en l’Après-Lire des Mémoires sans visages & autres textes, éditions du Petit Véhicule, 2016). Si l’effort du travail reste imperceptible pour le lecteur, ce dernier en reçoit sensiblement les chants fertiles dans l’écriture parce que « La poète ne triche pas. C’est si personnel, si singulier que cela touche le cœur de chacun » (Ibid). Colette Gibelin exprime elle-même cet aspect de son travail dans l’Avant-Lyre du même recueil :

« Relisant (…) les textes en vue de cet ouvrage, il m’a semblé que cet ensemble témoignait d’une évolution assez marquée dans mon parcours poétique (…) l’écriture me semble avoir considérablement évolué.