Petit jardin de poésie, Robert Louis Stevenson, illustrations Ilya Green
Petit jardin de poésie, Grasset-Jeunesse, août 2017, 32 pages, 19,90 €
Ecrivain(s): Robert Louis Stevenson Edition: Grasset
Petit jardin de poésie est un recueil de poèmes de Robert Louis Stevenson, écrivain célèbre pour son Ile au trésor, et l’Etrange cas du Dr Jekyll et M. Hyde. Les Editions Grasset-Jeunesse en proposent quelques extraits à l’attention du jeune lectorat. Un petit jardin de poésie à hauteur d’enfant, dans une collection puisant dans le patrimoine littéraire des textes adaptés aux jeunes lecteurs et qui fait dialoguer les textes d’hier avec les images d’aujourd’hui grâce à la participation d’illustrateurs contemporains.
Une merveilleuse idée que cette entrée en littérature pour les tout-petits par le biais de la poésie et d’un univers onirique et sensible. Celui-ci est une véritable ode au voyage par l’incursion dans le quotidien ordinaire de l’enfance. Toute en tendresse et délicatesse, une bien jolie collection.
L’album illustré par Ilya Green porte un très beau poème-dédicace titré « Pour Alison Cunningham, de la part de son garçon » :
« Pour les nuits où tu as veillé
A mon bien indigne chevet ;
Pour ta main qui savait guider
Mes pas dans la plaine escarpée ;
Pour les histoires racontées,
Pour mes souffrances apaisées ;
Pour ta pitié, ton réconfort,
Dans les jours tristes ou gais d’alors –
Ma seconde mère, ma première femme,
Toi qui fus l’ange de ma jeune âme –
L’enfant fragile a pris de l’âge
Et t’envoie, Nurse, cet ouvrage.
Que, grâce au ciel, tous mes lecteurs
Puissent connaître tel bonheur ;
Qu’un enfant écoutant ces rimes,
au chaud au pays des comptines,
Puisse entendre la douce voix
Qui me réjouissait autrefois ».
R.L.S
De la simplicité et de la fantaisie réunies pour rappeler les souvenirs des situations ordinaires, les jeux de l’enfance, les émotions sensorielles : « la part de tarte aux pommes », « les ombres », « la pluie qui tombe un peu partout », « la rivière mordorée » [qui] « ondule comme un miroir de ciel bleuté », le jardin, les rues passantes et les « jolies heures »…
Des mots simples, de la douceur, rêverie, voyage immobile ou aventure que la poésie sait conduire et la magie opère : « Je vois bien, lorsque je me couche/ l’oiseau se poser sur sa souche… » (Au lit en été).
« Je sillonne toute la nuit/ Mais quand soudain le jour se lève/ Je retrouve mon petit lit/ le bateau de mes rêves » (Mon lit est un bateau).
Le jardin, la rue, la chambre muette, le lit trop grand, tout l’univers d’un enfant n’est jamais aussi vaste que son imagination :
« J’appelai le puits océan/ Le vallon me semblait si grand/ Moi qui suis tout petit/ Je bâtis un bateau, une ville/ Des grottes j’en explorai mille,/ Et leur donnai des noms choisis […] Il n’y avait pas de mer plus profonde/ ni plaine plus vaste que dans mon monde… » (Mon royaume).
Ilya Green a illustré cet album de douces couleurs chaudes, bruns clairs, jaunes et orangés, et du vert ; le trait est fin, délicat, les visages aux joues et aux lèvres bien rouges sont paisibles et heureux, baignent dans un cadre dépouillé empli d’une douce lumière jusque dans les gestes et le détail : gouttes d’eau, fruits, étoiles, petits bateaux, regards paisibles des enfants rêveurs ou endormis.
« Le principe graphique : Un jeu et une contrainte sont proposés aux illustrateurs : un temps très court – une semaine seulement – pour poser leur regard sur ces textes, et réaliser des images avec une palette limitée de 3 à 4 couleurs. Cet exercice de rapidité permet une vivacité de réaction, oblige à trouver vite la bonne idée et l’image juste – à la manière des dessins de presse – et entraîne l’illustrateur à se surprendre lui-même ».
Marie-Josée Desvignes
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