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Iles britanniques

Lunar Caustic, Malcolm Lowry (par Patryck Froissart)

Ecrit par Patryck Froissart , le Jeudi, 22 Septembre 2022. , dans Iles britanniques, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Editions Maurice Nadeau

Lunar Caustic, Malcolm Lowry, Editions Maurice Nadeau, trad. de l'anglais Clarisse Francillon,Poche, mai 2022, 222 pages, 9,90 € Edition: Editions Maurice Nadeau

 

 

Cette réédition du texte de Lowry (longue nouvelle ou court roman ?) par la maison Maurice Nadeau, dans sa nouvelle Collection Poche, réunit, initiative fort appréciable, non seulement l’ultime version, la plus achevée, celle de 1963, intitulée Lunar Caustic, parue à titre posthume dans la Collection Les Lettres Nouvelles, mais aussi celle de 1956, ayant pour titre Le Caustique Lunaire, mais encore, en préface, ce qu’en écrivait Maurice Nadeau en 1977 dans Les Lettres Nouvelles, mais en outre, en postface, « Malcolm mon ami », un texte témoignage de Clarisse Francillon, laquelle, traductrice de chacune des versions françaises, a accueilli l’écrivain lors des séjours qu’il a effectués à Paris, a travaillé avec lui sur la traduction, et a été l’intime témoin de sa dépendance de tous les instants à l’alcool.

La Destruction libératrice, Herbert George Wells (par Gilles Banderier)

Ecrit par Gilles Banderier , le Mercredi, 21 Septembre 2022. , dans Iles britanniques, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Le Cherche-Midi

La Destruction libératrice, Herbert George Wells, Le Cherche Midi, avril 2022, trad. anglais, Patrick Delperdange, 334 pages, 19 € Edition: Le Cherche-Midi

 

Herbert George Wells a composé une œuvre immense en volume et publié des dizaines de livres – romans, essais, nouvelles – qui ont pour la plupart sombré dans l’oubli. Subsistent des ouvrages de « science-fiction » tels que La Guerre des mondes, La Machine à explorer le temps ou L’Île du docteur Moreau, dont l’intérêt est avant tout historique. Du fait de sa double allégeance, la science-fiction est un genre très délicat car, aux difficultés sur lesquelles risque d’achopper tout écrivain (composition, vraisemblance, psychologie des personnages, style, etc.) s’ajoutent les problèmes propres au développement scientifique. Même l’œuvre d’un auteur aussi éminent qu’Arthur C. Clarke a en partie été invalidée par la suite des événements (la conquête spatiale ne fut pas lancée par les Anglais depuis l’Australie). Dans le cas de Wells, l’idée d’une invasion extraterrestre venue de Mars a été pulvérisée depuis qu’on s’est avisé que la « planète rouge » n’hébergeait, dans le meilleur des cas, que des bactéries.

L’élève du philosophe, Iris Murdoch (par Marie-Pierre Fiorentino)

Ecrit par Marie-Pierre Fiorentino , le Mercredi, 14 Septembre 2022. , dans Iles britanniques, Les Livres, Les Chroniques, La Une CED, Roman, Gallimard

L’élève du philosophe, Iris Murdoch, Gallimard, 1985, trad. anglais, Alain Delahaye, 606 pages, 23,20 €

 

George et Stella McCaffrey rentrent sous une pluie battante, passablement ivres, d’un repas de famille. L’habitacle retentit de leur dispute lorsque l’accident se produit. Le véhicule dont George a pu s’extraire tombe dans le canal. Mais le mari a-t-il aidé l’engin à basculer dans les eaux troubles avec l’intention d’assassiner sa femme ? Le Père Bernard, témoin inattendu de la scène, en a peut-être une idée.

La question primordiale est pourtant celle-ci : pourquoi la colère de George est-elle devenue incontrôlable lorsque Stella a évoqué l’arrivée annoncée de Rozanov ? Et ce célèbre philosophe, ancien professeur de George installé aux Etats-Unis, revient-il dans sa ville natale pour écrire le livre de sa vie ou pour une raison plus obscure ? Ce qui est certain, c’est qu’il provoque l’émoi de toute la population de cette station thermale que le narrateur, parce qu’il tient à rester anonyme sous l’initiale de N., décide de nommer Ennistone. Ses habitants, des plus marginaux comme Diane, prostituée maîtresse de George, aux notables, se retrouvent hebdomadairement aux thermes. Ne pas paraître autour des piscines, bassins, cascades fait autant jaser qu’y paraître faussement serein ou mortellement contrarié. Rozanov s’y montrera-t-il ou préfèrera-t-il prendre les eaux dans l’une des chambres dont peuvent disposer les baigneurs désireux de discrétion ?

Nos derniers jours, Un temps à vivre, Kathryn Mannix (par Gilles Banderier)

Ecrit par Gilles Banderier , le Mercredi, 07 Septembre 2022. , dans Iles britanniques, Les Livres, Recensions, Essais, La Une Livres, Flammarion

Nos derniers jours, Un temps à vivre, Kathryn Mannix, Flammarion, mars 2022, trad. anglais, Marie-Anne de Béru, Clotilde Meyer, 318 pages, 22,90 € Edition: Flammarion

 

La mort est à la fois banale et exceptionnelle. Banale car, comme le rappelle Kathryn Mannix, « le taux de mortalité reste de cent pour cent » (p.16). Quoi qu’affirment les différentes religions, il n’est pas d’exemple d’être humain immortel. Même le Christ, le Fils de Dieu, a connu l’épreuve de l’humiliation, de l’angoisse, de la déréliction et, pour finir (ou pour commencer, selon le point de vue) de la mort. Auparavant, seul le prophète Élie avait échappé à la mort physique, mais le judaïsme s’est étrangement abstenu de bâtir une théologie entière sur cette exception, comme si elle était de peu de conséquence.

Exceptionnelle, car l’expérience des autres, si nombreux soient-ils, à avoir quitté ce monde avant nous (« Les morts sont plus nombreux que les vivants », écrivait Ionesco), ne nous est d’aucun secours et chacun doit « vivre sa mort » (étrange expression) individuellement, au contraire de la naissance, dont personne n’est conscient (sans doute est-ce mieux ainsi).

De Grandes Espérances, Charles Dickens (par Didier Smal)

Ecrit par Didier Smal , le Mercredi, 31 Août 2022. , dans Iles britanniques, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Tristram, Cette semaine

De Grandes Espérances, août 2022, trad. anglais, Jean-Jacques Greif, 626 pages, 29,40 € . Ecrivain(s): Charles Dickens Edition: Tristram

 

Prélude en forme de mea culpa : sur foi de quelques lignes lues à la dérobée dans une bibliothèque, la traduction de L’Île au trésor par Jean-Jacques Greif a été expédiée de façon lapidaire dans une chronique relative à la nouvelle traduction de 1984. Quelques lignes de dialogue ont suffi à faire émettre un avis relatif à la lisibilité de cette traduction pour des adolescents d’aujourd’hui, du moins ceux à qui est encore proposé ce classique à l’école. Mais depuis, cette traduction a été lue, in extenso et surtout avec joie, et elle a emporté tous les suffrages. D’une part, Greif a rendu la musique de Stevenson, en particulier pour une phrase d’ouverture dont les multiples traductions lues ont toujours laissé sur une faim de rythme ; d’autre part, ce qui avait choqué est en fait bonne part de la grâce de cette traduction : Greif a effectué un véritable travail sur la langue française pour rendre celles des différents personnages, en particulier celles des pirates et autres flibustiers.