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Iles britanniques

De l’Assassinat considéré comme un des Beaux-Arts, Thomas De Quincey (par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Mardi, 31 Janvier 2023. , dans Iles britanniques, Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres, Gallimard, En Vitrine

De l’Assassinat considéré comme un des Beaux-Arts (On Murder Considered as one of the Fine Arts, 1827), Thomas De Quincey, trad. anglais, Pierre Leyris, 193 p. 7,90 € Edition: Gallimard

 

De Thomas De Quincey (1785-1859), on connaît surtout ses célébrissimes Confessions d’un mangeur d’opium (Confessions of an English Opium-Eater, 1822), tant admirées par Baudelaire qui s’en inspira jusqu’au bord du plagiat dans ses Paradis artificiels. On y trouvait déjà un écrivain sulfureux, fasciné par le mal, imprégné du goût de la provocation – ses Confessions s’attardent bien plus sur le plaisir procuré par la drogue que sur les dangers qu’elle fait courir. Cette attitude provocatrice et ce goût prononcé pour l’humour noir n’est pas une exception dans la littérature de langue anglaise. On le trouve régulièrement dans les pièces de Shakespeare – scènes et propos scabreux, goût du meurtre sanglant – dans le très puissant Recherche philosophique sur l’origine du sublime et du beau d’Edmund Burke et – dans le cas qui nous occupe – surtout dans le génial Modeste proposition (A Modest Proposal, 1729) de Jonathan Swift.

L’Ami commun, Charles Dickens (par Didier Smal)

Ecrit par Didier Smal , le Mercredi, 18 Janvier 2023. , dans Iles britanniques, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Folio (Gallimard)

L’Ami commun, Charles Dickens, Folio, août 2022, trad. anglais, Lucien Carrive, Sylvère Monnod, 1328 pages, 15,50 € . Ecrivain(s): Charles Dickens

Publié entre mai 1864 et novembre 1865 en fascicules, et en volume fin 1865, L’Ami commun est le dernier roman terminé par Dickens, et l’un des sommets d’une œuvre qui ressemble à bien des égards à un Himalaya littéraire. Si la critique et le public de l’époque ne l’ont que peu goûté, le temps a fait son œuvre, et le découvrir en 2023, dans une traduction vigoureuse rendant à merveille tant la verve sociale que l’humour tendre de Dickens, c’est la garantie d’une grande joie de lecture. Et, contrairement à ce qu’affirmait Henry James en 1865, les personnages de ce roman, par leurs excentricités et non malgré elles, sont autant de morceaux d’humanité, qui mènent à une compréhension plus complexe, approfondie, de celle-ci.

Certes, l’intrigue semble touffue, puisque les lieux et les personnages sont, comme souvent chez Dickens, multiples : du bas au haut de l’échelle sociale, échelle à gravir ou à dégringoler, c’est l’Angleterre victorienne qui défile durant ces plus de mille pages, et les personnages avancent de surcroît, pour nombre d’entre eux, masqués – et que tombent ces masques, pour une magnifique célébration, à la fin du roman ! C’est tout le jeu de dupes de la société moderne que met en scène Dickens, et ce dès un second chapitre ironique dû à une répétition lexicale qu’ont choisi de respecter les traducteurs :

Au-dessous du volcan, Malcolm Lowry (par Patryck Froissart)

Ecrit par Patryck Froissart , le Mercredi, 30 Novembre 2022. , dans Iles britanniques, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Folio (Gallimard)

Au-dessous du volcan, Malcolm Lowry, 594 pages, 10,60 € Edition: Folio (Gallimard)

 

Il serait pour le moins présomptueux, et probablement ridicule, de prétendre apprendre quoi que ce soit aux « initiés » à l’occasion de la réédition en Poche chez Gallimard de cette œuvre monumentale, magistralement traduite de l’anglais par Stephen Spriel avec la collaboration de Clarisse Francillon et de l’auteur lui-même. Cette présentation ne s’adresse donc qu’aux lecteurs de notre magazine qui n’auraient pas eu encore l’inappréciable loisir de vivre l’expérience inoubliable que constitue cette journée à passer « au-dessous du volcan ».

L’exercice est d’ailleurs rendu particulièrement ingrat par le fait que le texte de la présente édition est encadré par une préface lumineuse de Maurice Nadeau et, en postface, par une analyse précise et érudite de Max-Pol Fouchet. Si on y ajoute cette autre préface rédigée en 1948 par Malcolm Lowry lui-même, il ne reste guère d’espace critique à un modeste rédacteur de chroniques littéraires, qui se trouvera contraint, au milieu de quelques modestes commentaires personnels, de reprendre entre guillemets convenus et convenables quelques particules élémentaires des décryptages brillamment opérés par Nadeau et Fouchet, et une phrase ou deux de la présentation de l’ouvrage par l’auteur.

De l’Assassinat considéré comme un des Beaux-Arts, Thomas de Quincey (par Catherine Dutigny)

Ecrit par Catherine Dutigny/Elsa , le Mercredi, 30 Novembre 2022. , dans Iles britanniques, Les Livres, Les Chroniques, La Une CED, Gallimard

De l’Assassinat considéré comme un des Beaux-Arts, Thomas de Quincey, Gallimard, Coll. L’Imaginaire, trad. anglais et préface, Pierre Leyris, 196 pages, 7,90 €

Cet essai de Thomas de Quincey fut écrit en trois fois sur des périodes différentes : une première partie publiée en 1827 dans le Blackwood’s Edimburgh Magazine, la seconde en 1839 et enfin le Post-Scriptum en 1854. Il faut sans doute situer l’époque où Thomas de Quincey écrivit ces trois articles avant d’aller plus avant. Avec un régime parlementaire le plus libéral d’Europe au XVIIIe siècle, la chrétienté anglaise a perdu de son pouvoir et a laissé une place vacante à l’art dans les occupations de la bourgeoisie britannique. Fin XVIIIe et début XIXe les ouvertures de galeries et les articles dans la presse se multiplient.

« L’art est devenu la forme suprême de l’activité humaine » déclare Tim Blanning dans son ouvrage The Romantic Revolution (Modern Library, 2011). Par ailleurs, depuis 1820 le romantisme dans la littérature anglaise a largement entamé son déclin. Pour ne citer qu’eux, Coleridge, l’un des proches de Thomas de Quincey a cessé d’écrire et Wordsworth, que l’auteur admire, est encore très connu et respecté, mais il ne produit plus de poésie ou très peu.

Mrs Dalloway, Virginia Woolf (par Didier Smal)

Ecrit par Didier Smal , le Lundi, 26 Septembre 2022. , dans Iles britanniques, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Folio (Gallimard)

Mrs Dalloway, Virginia Woolf, Folio Bilingue, mai 2022, trad. anglais, Marie-Claire Pasquier, 512 pages, 11,90 € . Ecrivain(s): Virginia Woolf Edition: Folio (Gallimard)

 

Cette journée de juin 1923 vécue par Clarissa Dalloway est bien connue, cette dichotomie ressentie entre Mrs Dalloway et Clarissa, entre les conventions à respecter et maintenir et les sentiments à faire taire voire effacer, entre les angoisses et le désir de plénitude, entre le passé et le présent, dans un Londres déambulatoire à la temporalité rythmée par Big Ben : tout l’art de Virginia Woolf y resplendit, dans un flux de conscience émouvant et perturbant. L’occasion est toujours belle de se baigner à nouveau dans ce flux, pour y ressentir des émotions contradictoires en apparence mais jamais univoques. Dont acte avec le présent volume, présentant l’avantage d’une mise en regard du texte original en anglais avec le texte traduit en français, traduction plus récente que celle lue il y a vingt ans environ chez Flammarion.