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Iles britanniques

Nos espérances, Anna Hope (par Christelle Brocard)

, le Mardi, 13 Octobre 2020. , dans Iles britanniques, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Gallimard

Nos espérances, Anna Hope, mars 2020, trad. anglais, Élodie Leplat, 368 pages, 22 € Edition: Gallimard

 

Fortes de leur jeunesse et de l’horizon radieux qui s’ouvre devant elles, Hannah, Cate et Lissa cohabitent dans une jolie maison victorienne, située à l’orée du célèbre parc de London Fields, au cœur du quartier animé d’Hackney. Les deux pieds dans la vie active, mais l’esprit plutôt tourné vers les réjouissances citadines, les trois trentenaires dépensent leur énergie, sans compter, dans le tourbillon galvanisant de la capitale. Le narrateur ne mâche pas ses mots lorsqu’il souligne, avec une insistance assez vite suspecte, qu’elles ont vraiment tous les atouts pour être heureuses et tracer leur chemin sans encombre. Au moyen de flash-back récurrents, il revient sur les événements marquants, les curriculums universitaires et les circonstances particulières qui ont scellé une amitié tripartite, franche et sereine. Trois tempéraments distincts et trois trajectoires différentes se dessinent pour converger vers l’allégresse de l’incipit ; mais, déjà, dans ces trois personnalités écorchées bien que brillantes, dans ces trois itinéraires heurtés bien que fortunés, se devinent les difficultés à venir, les désillusions futures. Et c’est en effet le temps du désenchantement qui prend rapidement le pas sur l’optimisme initial.

À l’ombre du Baobab, Alexandra Fuller (par Laurent LD Bonnet)

Ecrit par Laurent LD Bonnet , le Lundi, 05 Octobre 2020. , dans Iles britanniques, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Jean-Claude Lattès

À l’ombre du Baobab, février 2020, trad. anglais, Anne Rabinovitch, 300 pages, 21,90 € . Ecrivain(s): Alexandra Fuller Edition: Jean-Claude Lattès

 

Alexandra Fuller, la vie, quoi d’autre ?

La société humaine a toujours eu besoin d’idoles ; le monde de la littérature française ne fait pas exception à cette règle. Ainsi voit-on, comme en cette rentrée littéraire, une partie de son paysage s’obscurcir des mêmes produits « tête de gondole et leurs clones », commentés à l’infini, prescrits plus que lus par une critique officielle qui devrait les ignorer, mais préfère en organiser un cirque médiatique, le plus souvent surjoué. Et l’on peut, à distance maintenant, se demander si l’apparition en février dernier dans le ciel littéraire de À l’ombre du Baobab, d’Alexandra Fuller, n’a pas établi l’aune d’un idéal vers lequel tendre en matière de récit, rendant aujourd’hui pitoyables de nombrilisme les imitations de la même quête qu’essaient de nous soumettre à travers leurs devoirs d’écoliers surdoués, les sieurs Carrère et Enthoven.

Le Complexe d’Eden Bellwether, Benjamin Wood (par Jean-Jacques Bretou)

Ecrit par Jean-Jacques Bretou , le Lundi, 05 Octobre 2020. , dans Iles britanniques, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Zulma

Le Complexe d’Eden Bellwether, juin 2020, trad. Renaud Morin, 522 pages, 9,95 € . Ecrivain(s): Benjamin Wood Edition: Zulma

 

Oscar Lowe est aide-soignant à la maison de retraite Cedarbrook à Cambridge. Un soir d’octobre 2002, il rentre chez lui, à pied, après une journée de travail. Il passe devant la chapelle de King’s College et son attention est retenue par la musique puissante de l’orgue s’échappant par les portes ouvertes de la chapelle. Il pénètre dans l’église pour écouter la fin de l’office et la musique. En sortant, il fait la connaissance d’Iris Bellwether et de son frère Eden. Ces derniers étudient à Cambridge et exceptionnellement sont autorisés à loger chez leurs parents, bienfaiteurs de l’université, qui résident dans la ville de la Cam et des colleges. Une conversation a lieu entre les trois personnages. Les deux étudiants sont heureux de rencontrer quelqu’un d’« ordinaire » travaillant à la maison des glycines et Oscar apprend qu’Eden était derrière l’orgue d’où s’échappait cette musique si remarquable. C’est le début d’une « Love story » à la façon d’Erich Segal et d’un terrible thriller.

Le Coût de la vie, Deborah Levy (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Mercredi, 30 Septembre 2020. , dans Iles britanniques, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman

Le Coût de la vie, Deborah Levy, Editions du sous-sol, août 2020, trad. anglais, Céline Leroy, 159 pages, 16,50 €

 

« Certaines nuits, les étoiles lointaines semblaient très proches quand j’écrivais sur mon minuscule balcon, emmitouflée dans un manteau. J’avais échangé le bureau tapissé de livres de mon ancienne vie contre une nuit d’hiver étoilée. Pour la première fois, j’appréciais l’hiver britannique ».

Le Coût de la vie pourrait aussi s’appeler Le Goût d’une solitude retrouvée ou encore Le Coût d’une liberté nouvelle. Ce livre est le récit finement composé comme un vitrail, de la vie d’une femme après le divorce, de la vie d’une anglaise en liberté. Deborah Levy raconte un épisode de sa vie sentimentale où elle s’éloigne de son mariage : « Quand l’amour commence à se fissurer, la nuit tombe ». Elle quitte la maison familiale avec ses filles, et s’installe dans un appartement du sixième étage d’un immeuble qui attend toujours sa réhabilitation, un immeuble aux murs sinistres des couloirs de l’amour. Installée sur son balcon, elle écrit, et elle lit, écrire et lire, cette passion fixe est au cœur de son récit inspiré et vibrant. Écrire, lire et aimer : « Vivre sans amour est une perte de temps. Je vivais dans la République de l’Écriture et des Enfants ». Deborah Levy se souvient d’un poème d’Emily Dickinson : La gloire est une abeille – Elle chante – Elle pique – Et hélas, elle s’envole ! Une autre phrase fait écho à ce qu’elle vit, à ce qui la traverse : « Je suis “mariée” j’en ai fini avec ça ».

Hérésies glorieuses, Lisa McInerney (par Jean-Jacques Bretou)

Ecrit par Jean-Jacques Bretou , le Lundi, 28 Septembre 2020. , dans Iles britanniques, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, La Table Ronde - La Petite Vermillon

Hérésies glorieuses, Lisa McInerney, mai 2020, trad. Catherine Richard-Mas, 544 pages, 9,80 € Edition: La Table Ronde - La Petite Vermillon

Cork est une ville charmante, la deuxième ville d’Irlande après Dublin. Depuis la guerre des Deux-Roses elle a la réputation d’une ville rebelle, de même que le Comté de Cork a le surnom de Comté rebelle, ce qui fait souvent dire à ses habitants qu’ils habitent la « véritable capitale de l’Irlande ». Il y a des quartiers chics et des quartiers beaucoup moins bien lotis. De toutes façons avec cent jours de brouillard par an en moyenne, les lumières deviennent vite des lueurs et l’architecture on la devine plus qu’on ne la voit, l’imagination fait le reste. Surtout si l’on abuse du Jameson ou de la bière, en avalant une portion de Fish and chips dégoulinante de graisse pour se réchauffer les mains et tenter de se remplir le ventre. Alors, peut-être on peut se retrouver, d’un coup comme dans une épiphanie face au soleil, Cork est aussi l’une des villes les plus ensoleillée d’Irlande, égaré longeant la Lee, puis en continuant atteindre certainement l’endroit où vit Maureen. Maureen dont le cerveau a tant patiné en voyant un blond long et mince pénétrer chez elle qu’elle s’est défendue de cet être avec la « sainte caillasse » jusqu’à ce qu’il tombe à ses pieds, dans son sang. C’est le début d’une histoire qui va secouer Cork tout entière. On ne plaisante pas avec la « sainte caillasse », ça c’est Jimmy le fils qui vous le dit. Jimmy, celui qui doit faire le « ménage » ou plutôt qui le donne à faire à son « ami » Cusack dont le fils Ryan, dealer plein de remords de conscience, est amoureux de la très chic Kelly.