Ne manque pas de saveur l’histoire de L’Origine du monde de Courbet, depuis sa brève possession par son commanditaire Khalil-Bey, de 1866 à 1868, jusqu’à son arrivée au musée d’Orsay en 1995.
« Les circonstances de la commande à un artiste célèbre et controversé, la personnalité du commanditaire, le sujet du tableau, ses étranges aventures, ses disparitions, tout concourt à construire une légende », remarque Sylvie Aubenas, directrice du département des estampes et de la photographie de la Bibliothèque nationale de France.
En 1864, Courbet peint un tableau refusé au Salon pour son sujet scabreux : Vénus poursuivant Psyché de sa jalousie (tableau dont on a perdu la trace lors de la Seconde Guerre mondiale). « Au début de l’été 1866, Khalil-Bey en entend parler par Sainte-Beuve dans le fameux salon de Mme de Tourbey. Sa curiosité est piquée, il désire le voir. Il s’aventure chez Courbet, 32, rue Hautefeuille, loin des quartiers élégants de la rive droite, et offre d’acquérir la toile. Courbet vient de la vendre à un amateur. “Faites m’en un pareil”, dit le prince. “Non, je vous ferai la suite” répondit Courbet ». Ces prémices sont rapportés par Jules Troubat, alors secrétaire de Sainte-Beuve. L’Origine du monde fait partie de la transaction conclue entre le peintre et le collectionneur. Et le tableau est réalisé par Courbet rapidement, durant le même été 1866.